Entre Di Rupo et le PTB, c’est la "guerre" des multinationales
Qui, des députés marxistes ou du gouvernement wallon, finance le plus les multinationales ? Pour le PTB, c’est une évidence: la Région ne donne qu’aux riches. Elio Di Rupo n’attendait que ça, semble-t-il, pour balancer ses chiffres à lui. Sur le PTB.
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- Publié le 31-05-2023 à 18h39
- Mis à jour le 31-05-2023 à 18h40
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" C’était calme jusqu’à 15 h 20", constate, avec une pointe de regret, le président du Parlement wallon André Frédéric. Mais après le discours sur l’état de la Wallonie, mercredi en séance plénière, et un premier long tour de table, opposition comprise, le ministre-président Elio Di Rupo remonte à la tribune.
L’ambiance a incontestablement monté d’un cran.
"Vous faites semblant de rien mais vous utilisez l’argent public"
Di Rupo reprend la parole notamment pour répondre au PTB, qui dénonce la déconnexion du gouvernement par rapport aux citoyens, des salaires démesurés et des cadeaux aux multinationales. "Évidemment, quand on vit avec 11 000 euros par mois comme ministre ou 7 000 euros comme député, on n’est pas pressé de prendre des mesures pour les citoyens", siffle le député PTB Julien Liradelfo.
Devant les députés wallons, Elio Di Rupo se retourne vers le perchoir pour s’adresser à André Frédéric: "Monsieur le président, dites-moi si je me trompe: à ma connaissance, les députés et députées PTB gagnent bien la même chose que tous les autres députés. C’est bien ça, oui. Non, parce qu’ils font croire à la population que, eux, ils gagnent moins. En réalité, vous donnez vos sous au parti marxiste", lance-t-il à son tour au PTB.
Il continue. Chapitre "les multinationales": "Et ça, c’est incroyable ! Le PTB depuis 2019 a utilisé 600 000 euros sur les réseaux sociaux, dont Facebook. Le PVDA, l’alter ego néerlandophone du PTB, (a dépensé) 1,2 million d’euros. Raoul Hedebouw: 220 000 euros. Peter Mertens (NDLR: député fédéral et ex-président du PTB): 500 000 euros." Dans l’assemblée, à chaque montant énoncé par Elio Di Rupo, la majorité ajoute des "Ouuuuuh…"
"Et Elio Di Rupo ?" s’auto-interroge le ministre-président socialiste, qui boit du petit lait. "50 euros depuis que je suis ministre-président pour deux communications sur l’énergie. Vous enrichissez les multinationales et vous avez l’audace d’accuser le gouvernement d’accorder des moyens financiers aux multinationales ?" s’agace enfin le Premier wallon.
"Vous faites semblant de rien, poursuit-il. Vous dites: “on est un parti qui doit se défendre”. Mais vous utilisez l’argent public accordé par le Parlement pour enrichir les multinationales, dont Facebook, qui fait l’objet de sanctions de la Commission européenne."
"Qui a privatisé VOO ?"
Germain Mugemangango remonte lui aussi à la tribune. Et comme dans un vieux couple aigri, on n’hésite pas balancer que l’autre radote sévèrement. "Facebook et les rémunérations du PTB ? Vous avez sorti la même fiche que l’année dernière", lance-t-il ironiquement au ministre-président. "Ce n’est pas le PTB qui privatise les autoroutes de l’information en Belgique. C’est vous, qui en privatisant VOO, avez contribué à le faire. C’est vous qui rendez l’univers numérique moins démocratique. Oui, on vit avec le salaire d’un travailleur (NDLR: le reste étant reversé au PTB). Et ça vous permet d’éviter de parler de la manière dont on va diminuer votre salaire par deux."
"Et oui, on utilise l’argent public pour que notre parti fonctionne. Mais tout l’argent public que vous percevez comme parti, les sommes les plus importantes d’Europe, vous ne parlez pas de les diviser par deux. Si vous êtes prêts à discuter de ça, on sera avec vous pour diviser par deux les salaires et tout l’argent qui va au parti."
Fin des échanges. Jusqu’à la prochaine fois.