Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral : “Beaucoup de femmes ont négocié avec l’Iran pour libérer Olivier Vandecasteele, c’est un beau clin d’œil”
Le procureur Frédéric Van Leeuw a évoqué la libération d’Olivier Vandecasteele, le procès des attentats de Bruxelles, la mafia, le port d’Anvers ou encore le Qatargate, ce mardi matin sur le plateau de LN24.
- Publié le 30-05-2023 à 12h02
Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral, était l’invité de Martin Buxant dans la matinale de LN24 et LN Radio.
Il a tout d’abord évoqué la libération d’Olivier Vandecasteele, qui a atterri en Belgique ce vendredi après quinze mois de détention arbitraire en Iran.
Frédéric Van Leeuw ne voulait pas dévoiler tous les dessous de l’opération visant à faire revenir Olivier Vandecasteele en Belgique : “Ce sont surtout les Affaires étrangères et la sûreté de l’État qui ont fait un travail extraordinaire. Beaucoup de femmes ont négocié avec l’Iran, je trouve aussi que c’est un beau clin d’œil. C’est une situation qui dure depuis longtemps. Même déjà avant l’enlèvement de Monsieur Vandecasteele. Il y avait déjà eu des contacts avec l’Iran par rapport Assadollah Assadi (ndlr : terroriste voulant commettre un attentat en France). Ce que nous avions mis comme conditions au niveau de la justice, c’était un procès en bonne et due forme et une condamnation de Monsieur Assadi. C’est ce qu’il s’est passé. On peut en être fiers car peu de pays européens ont condamné un Iranien de ce niveau-là”.
Pour faire revenir Olivier Vandecasteele en Belgique, les autorités n’ont pas eu recours à un traité de transfèrement mais à l’article 167 de la constitution. “Les traités de transfèrement datent d’avant l’affaire Olivier Vandecasteele. Ce sont des traités intéressants qui permettent de rapatrier des Belges qui sont en prison à l’étranger. Il y a eu un débat devant la Cour constitutionnelle. L’article 167 donne au gouvernement la possibilité d’avoir des négociations internationales. Pour Monsieur Assadi, ce n’est pas un transfèrement qui a été fait. Il ne purge pas sa peine en Iran mais s’il a la mauvaise idée de revenir en Europe ou en Belgique, il revole en prison puisqu’il n’a pas été gracié”, confie le procureur fédéral.
En réussissant à rapatrier Olivier Vandecasteele, la Belgique a envoyé un message fort en ne laissant pas tomber ses concitoyens innocents. “Ce gouvernement est dans la lignée de ce qui avait été fait en Syrie quand on avait rapatrié les enfants avec leurs mamans. C’est une lignée très humaine. Le droit est fait pour l’homme et pas l’homme pour la loi”, commente Frédéric Van Leeuw.
Actuellement, plusieurs centaines de Belges sont incarcérés à l’étranger. Les affaires étrangères suivent certains dossiers plus problématiques avec une médiatisation tout autre que pour Olivier Vandecasteele. “Ce que nous suivons au parquet général, ce sont les Belges qui sont victimes de faits très graves à l’étranger. Quand un Belge est assassiné ou enlevé, cela donne lieu à l’ouverture systématique d’un dossier. On contrôle alors que les autorités locales font bien leur boulot. Nos magistrats fédéraux suivent alors ces différentes affaires”, relate notre invité.
Frédéric Van Leeuw a également évoqué le début des plaidoiries du parquet fédéral au procès des attentats de Bruxelles, qui ont lieu ce mardi matin. “Le réquisitoire va durer 3 ou 4 jours. On va faire la synthèse de ce qui a été dit pendant le procès. Il y a eu beaucoup de témoignages et des accusés qui ont gardé le silence. […] C’est un moment important pour les victimes, pour qui ce procès a été très important. Le procès n’a pas été un long fleuve tranquille. La charge émotionnelle est très très importante”.
Les délibérations du procès des attentats de Bruxelles sont attendues pour début juillet mais Frédéric Van Leeuw ne sait pas si on saura tenir cette deadline. “La justice, ce n’est pas un tweet. Il faut se donner le temps. Le grand apport d’un procès comme celui-ci est de laisser le temps pour laisser les victimes prendre la parole”.
Le procureur fédéral a également évoqué la présence de la mafia en Belgique ainsi que la lutte contre le milieu de la drogue à Anvers et le Qatargate.
Revivez toute l’interview en intégralité ci-dessus.