Polluants et substances chimiques: ce qu’on retrouve dans l’urine des petits Wallons
Les résultats du 2e biomonitoring humain sont disponibles. Ils concernent les enfants de 3 à 11 ans: métaux lourds, bisphénol, pesticides actuels ou passés… D’autres analyses suivront.
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Publié le 24-05-2023 à 12h22 - Mis à jour le 25-05-2023 à 08h59
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"J e m’inscris en faux contre cette proposition du Premier ministre. Mettre la santé de nos enfants sur pause, ce n’est pas une option !" Comme toute la famille Écolo, Céline Tellier semble ne pas en revenir: alors comme ça, Alexander De Croo veut faire une petite " pause " dans les mesures environnementales ?
La ministre wallonne a justement sous les yeux l’intégralité des résultats du deuxième biomonitoring humain réalisé en Wallonie: focus sur les pesticides et polluants détectés dans l’urine des 602 enfants de 3 à 11 ans. "On ne va pas attendre la fin de la séquence électorale pour avancer", prévient-elle.
Ils sont donc si mauvais, ces résultats ? Pas pires qu’ailleurs (sauf pour un produit). Mais on note que notre alimentation, nos modes de consommation et notre environnement n’épargnent certainement pas les plus jeunes.
Le cas "cadmium"
Un premier biomonitoring consacré aux nouveau-nés, aux adolescents de 12 à 19 ans et aux adultes de 20 à 39 ans avait déjà révélé, il y a 18 mois, la persistance dans le sang et l’urine de polluants interdits depuis 40 ans.
Cette fois, le consortium scientifique (*) boucle un deuxième round, avec l’analyse d’urine d’enfants de 3 à 5 ans (300 échantillons) et de 6 à 11 ans (302 échantillons). Autant de filles que de garçons.
Chez presque tous les enfants (99%), on retrouve par exemple des insecticides pyréthrinoïdes et organophosphorés, utilisés entre autres dans les produits anti-tiques ou anti-poux.
Le glyphosate, star des herbicides, est interdit depuis 2017 pour les particuliers. Mais pas dans l’agriculture. C’est dans les aliments qu’il fait son chemin: il est détecté dans l’urine d’un enfant sur trois.
On l’a dit, si la moyenne des échantillons ne révèle pas de concentration dépassant les normes (quand il y en a) ou le niveau mesuré dans d’autres pays européens, une substance se distingue malgré tout: le cadmium. Il est repéré dans 95% des échantillons et et 0,5% des enfants présentent un taux supérieur à la valeur de référence disponible. Or, tout dépassement implique un danger potentiel. Dans ce cas-ci principalement pour les os et les reins. "Les concentrations sont aussi 2 à 3 fois supérieures aux concentrations rencontrées chez les enfants belges en 2011-2012." Le tabagisme, les fruits de mer et les abats en sont des réservoirs importants.
Arsenic et bisphénol
L’arsenic (dans le riz ou les algues "hijiki") et le plomb (tabac, canalisations d’eau, plats émaillés) sont aussi détectés chez 99% des enfants testés, avec toutefois des concentrations "normales".
Parmi les métaux lourds, le mercure est présent chez moins d’un enfant sur dix.
Et le fameux bisphénol A, un perturbateur endocrinien qu’on retrouvait abondamment dans les biberons ? Interdit pour les tétines de biberon et les contenants eux-mêmes depuis 10 ans, il se planque pourtant encore dans les urines de 88% des petits. Le niveau est en baisse, néanmoins. " Ce qui prouve que les restrictions et les interdictions, ça marche ", notent la ministre et l’Issep. Même si les produits persistent dans les organismes. Par ailleurs, il reste du bisphénol dans les conserves, les bouteilles en plastique, certains accessoires pour bébés, les tickets de caisse, etc.
Et maintenant ? Cette phase 2 bouclée, le consortium scientifique vient d’entamer la phase 3: le prochain biomonitoring va cibler les 40-59 ans.
(*) Issep (Institut scientifique de service public), Sciensano, CHU de Liège, UCLouvain, cliniques universitaires Saint-Luc