Le prix de location des terres labourées a augmenté de 83 % en 25 ans en Belgique : voici les régions agricoles les plus chères et les moins chères

D’après des chiffres publiés ce mardi 16 mai 2023 par Statbel, l’office belge de la statistique, le prix des fermages (soit le montant que le locataire verse annuellement au propriétaire pour l’utilisation de ses terres à des fins agricoles) des terres labourées a ainsi grimpé de 83 % en 25 ans.

Dans un pays où l’accès au foncier devient un problème de plus en plus important pour les cultivateurs, ces derniers ont vu le prix des locations s’envoler depuis 2013, année où ils ne déboursaient encore “que” 257 €/ha. Et la situation est à peine meilleure pour les autres champs agricoles. Et pour cause…

Même les prairies permanentes, pourtant un peu plus accessibles, subissent ainsi une énorme hausse de leur prix à la location. Entre 1998, où un hectare se négociait 166 €/ha, et 2022, où les éleveurs doivent débourser 287 €/ha, ces pâturages se louent désormais 73 % plus cher en moyenne à l’année.

”Et en 10 ans, le prix des fermages de terres labourées a augmenté de 32,7 % et celui des prairies de 20,1 %”, précise encore Statbel.

”Que les prix des fermages grimpent ne nous surprend pas vraiment”, estime Nicolas Nelis, le secrétaire général de la Fédération wallonne de l’Agriculture. “Le contexte est ce qu’il est, et les cultivateurs belges en font les frais. Les chiffres publiés par Statbel prouvent juste une fois encore que l’accès à la terre, que ce soit à la location ou à l’achat, est de plus en plus compliqué pour les exploitants. La réalité économique déconnecte chaque jour un peu plus les exploitants de leur principal outil de travail.”

Bien qu’ils soient un peu mieux lotis que leurs confrères flamands, où les terres labourées, moins nombreuses, se louent près de 425 €/ha à l’année en raison notamment d’une pression agricole plus forte, les agriculteurs wallons doivent malgré tout faire face à une augmentation importante du prix des fermages. Et ce, bien qu’un coefficient de fermage, “dont le but est de limiter à 5 % les hausses (et les baisses) de prix”, soit d’application depuis 2016.

En 2022, il fallait ainsi compter 252 euros en moyenne (+2 euros par rapport à 2021) pour un hectare de terres labourées wallonnes et 234 euros (+4 euros par rapport à 2021) pour la même superficie dans une prairie permanente. Mais là encore, certaines disparités géographiques existent…

Plus localement, en Wallonie, où l’on a vu 16.000 fermes disparaître en 30 ans, deux provinces parviennent ainsi à proposer des prix plus abordables que les autres : Luxembourg et Namur.

Dans la verte province, les terres labourées (196 €/ha) sont même les moins chères du pays. La Famenne et la région jurassique (Arlon et ses environs) étant également les deux types de sol les plus accessibles, à l’inverse du Condroz, où les terrains sont les plus coûteux de Wallonie.

”Outre le revenu cadastral, d’autres facteurs influent sur le prix”, note la FWA. “La valeur de la terre est notamment fonction de la structure du sol, la qualité de la terre, son emplacement ou encore la pression exercée au niveau de l’artificialisation.”

À l’instar des polders (Flandre occidentale) dont le prix des fermages des terres labourées s’approche peu à peu des 500 euros, louer des terrains agricoles va-t-il encore coûter plus cher dans les années à venir ? “C’est toute la question”, reconnaît Nicolas Nelis.

”Je ne pense pas que les prix vont baisser prochainement”, regrette le secrétaire général de la Fédération wallonne de l’Agriculture. “Au contraire, je crois que les prix à la location vont continuer d’augmenter. Ce qui est très inquiétant, surtout pour les jeunes générations qui veulent se lancer dans le métier mais qui risquent de se retrouver confrontés à des coûts de production exorbitants.”