Pas de restructuration en vue chez bpost
Aucune restructuration n'est prévue au sein de bpost dans les deux années à venir, a assuré le responsable Jos Donvil.
Publié le 16-05-2023 à 17h44 - Mis à jour le 16-05-2023 à 19h35
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Le CEO de bpost Belgique et d'autres responsables de l'entreprise postale sont venus s'expliquer, mardi en Commission des Entreprises publiques de la Chambre, sur les irrégularités récemment constatées au sein de bpost.
Alors que plusieurs députés s'interrogeaient sur un éventuel licenciement collectif, M. Donvil a été très clair. "Ce n'est pas correct. Nous nous sommes entendus avec les partenaires sociaux autour d'une convention collective (CCT) pour les deux prochaines années et l'entreprise s'engage à ne pas lancer de plan social durant cette période", a-t-il ajouté.
Le responsable des activités belges de bpost a toutefois reconnu que la poste était confrontée à un défi de taille. La baisse constante ces dernières années du volume de courrier classique n'est désormais plus compensée par la légère augmentation de l'activité colis. "Il faut donc s'adapter à la réalité et trouver des nouvelles activités pour assurer l'emploi à long terme", concède M. Donvil.
La mobilité interne et externe des travailleurs est déjà examinée. "Des facteurs sont invités à voir s'ils ne peuvent pas devenir chauffeurs", donne en guise d'exemple Jon Donvil.
Bon nombre de députés s'étonnaient également de ne toujours pas avoir reçu les résultats de l'audit interne mené chez bpost autour des irrégularités constatées. La présidente du conseil d'administration, Audrey Hanard, a assuré aux parlementaires qu'ils recevraient les conclusions d'ici la fin de la semaine "à titre confidentiel", les noms de personnes ayant été interrogées dans cette enquête ne pouvant être dévoilés.
La hiérarchie actuelle se veut transparente, les députés restent sur leur faim
Au-delà des irrégularités mises au jour ces derniers mois chez bpost, les députés de la Commission Entreprises publiques ont interrogé mardi les responsables de l'entreprise postale sur de nombreux autres aspects de la société, allant du bien-être des travailleurs à son statut semi-public. La présidente du conseil d'administration de bpost, Audrey Hanard, a rappelé la volonté de l'entreprise, qui traverse "l'une des plus graves crises de son histoire", de faire toute la transparence sur les pratiques passées et de construire un futur sur des bases solides.
Dans un résumé très détaillé et quelque peu touffu, ont estimé certains députés, Sonja Rottiers, présidente du comité d'audit de bpost, est revenue sur toutes les étapes ayant précédé l'enquête interne au sein de la société postale, entre avril 2021 et juillet 2022. Cette enquête a pointé des irrégularités autour de l'appel d'offres pour la distribution de journaux. Depuis, d'autres lacunes ont fait surface, comme la surfacturation de contrats à l'État. "On pensait avoir touché le fond, mais on se rend compte que l'on descend encore", a relevé Emmanuel Burton (MR).
Plusieurs députés se sont étonnés de ne toujours pas avoir obtenu l'audit interne mené chez bpost pour faire la lumière sur les coulisses de ces irrégularités. La présidente du CA leur a assuré que les conclusions de cet audit seraient transmises aux parlementaires d'ici la fin de la semaine. Un exemplaire a déjà été remis aux ministres Petra De Sutter (Entreprises publiques) et Pierre-Yves Dermagne (Economie).
Les membres de la Commission Entreprises publiques se sont aussi inquiétés d'un plan éventuel de restructuration qui concernerait jusqu'à 6.500 postes. L'actuel CEO de bpost Belgique, Jos Donvil, a clairement indiqué que rien de tel n'était à l'ordre du jour et qu'aucun plan social n'était prévu dans les deux prochaines années.
Bpost est le deuxième employeur du pays après la Défense et alors que les députés pointaient un taux d'absentéisme alarmant au sein de l'entreprise postale, Jos Donvil a précisé que ce taux était de 9,34% en avril dernier, légèrement supérieur aux estimations de certains secrétariats sociaux.
Concernant le détachement de certains membres du personnel auprès de cabinets ministériels, la présidente du conseil d'administration a reconnu qu'il s'agissait d'une "pratique d'un autre temps" et que ce type de convention allait prendre fin.
Alors que divers chiffres circulent sur l'impact financier des irrégularités, le CEO ad interim du groupe, Philippe Dartienne, a rappelé que la hiérarchie disposait à ce stade "de peu de visibilité".
Mme Hanard a par ailleurs affirmé avoir rencontré le président du PS Paul Magnette pour évoquer l'état des lieux de l'entreprise et pas les soucis liés au marché de la distribution des journaux. "Cela s'est fait en toute transparence et au su du conseil d'administration. Des contacts ont aussi été pris avec tous les cabinets des vice-Premiers", ajoute la présidente qui juge ces entretiens "souhaitables et normaux" lorsqu'il s'agit d'évoquer la trajectoire actuelle et future d'une entreprise publique.
Mme Hanard a conclu sa réponse aux députés par un message à l'adresse du personnel de bpost. "Nous sommes conscients de l'impact qu'une telle affaire peut avoir sur la réputation de l'entreprise. C'est une période extrêmement difficile pour nos milliers de travailleurs, mais nous n'avons pas le choix. Nous sommes déterminés à boucler nos enquêtes et à construire un avenir sur des bases saines et solides. Nos efforts opérationnels portent leurs fruits et l'entreprise est financièrement saine", a-t-elle exposé.
Plusieurs formations politiques sont restées sur leur faim après les explications des responsables de bpost en tête desquelles la N-VA qui a d'ailleurs fait savoir mardi, plus tôt dans la journée, qu'elle allait s'adresser au parquet de Bruxelles pour de possibles faits délictueux au sein de bpost. En Commission, Michael Freilich était loin d'être rassuré, pointant "tout un faisceau de partialité" dans le choix des avocats pour effectuer l'audit, avocats qui auraient des liens familiaux avec des membres du personnel de l'entreprise postale, selon le parlementaire N-VA. Il a demandé, dans sa réplique, à ce que la présidente du CA fasse temporairement un pas de côté.
D'autres partis comme Les Engagés et le PVDA ont plaidé pour une meilleure prise en considération des entreprises publiques par le politique, Maria Vindevoghel (PVDA) demandant à ce que bpost soit reprise complètement par l'Etat qui en détient actuellement 51,04%.