Financement des partis politiques: le panel citoyen "We need to talk" va formuler 34 propositions concrètes
Dans le dossier sensible du financement de la vie politique belge, le panel citoyen regroupé autour de la coupole "We need to talk" va formuler 34 propositions concrètes autour de sept axes
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Publié le 16-05-2023 à 19h30 - Mis à jour le 17-05-2023 à 07h00
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S’il est un dossier ultrasensible, c’est bien celui qui concerne la réforme du financement public des partis.
Alors qu’à la Chambre, la commission "Constitution et renouveau politique" est censée travailler sur ce sujet qui figure dans l’accord de gouvernement, un panel de citoyens mis en place par la plateforme "We Need to talk" va émettre 34 recommandations. Elles seront présentées à la Chambre ce mercredi.
Au total, ce sont 60 citoyens tirés au sort qui ont participé à l’élaboration de ces recommandations. Ils ont auditionné des experts universitaires, mais aussi des représentants des partis.
"We need to talk est un projet de débat citoyen qui a été lancé par six organisations indépendantes, explique Ben Eersels, coordinateur du G1000, l’une des six associations derrière "We need to talk". Pour élaborer ce panel citoyen, nous avons envoyé 16 200 lettres à des personnes tirées au sort. De ces lettres, nous avons reçu approximativement 400 réponses positives. Nous avons alors organisé un second tirage au sort en ajoutant certains critères qui permettaient de faire en sorte que le panel soit strictement représentatif de la société, que ce soit au niveau de l’âge, du genre ou encore du niveau d’éducation des personnes."
Ce mardi, quatre porte-paroles ont résumé les 34 recommandations autour de sept axes.
1. Les dépenses doivent être réglementées
Le panel citoyen "We need to talk" estime que les dépenses consacrées aux sections locales et à la communication des partis doivent être plafonnées. Et pour que les partis consacrent suffisamment de budget à leurs missions, une partie du financement devrait être réservée aux études.
2. Communication: des règles plus strictes
Aujourd’hui, les dépenses en frais de communications sur les réseaux sociaux sont importantes. Celles-ci seraient limitées. Par ailleurs, les règles actuelles sur la communication pendant la période préélectorale seraient étendues aux réseaux sociaux. Le panel propose aussi la mise en place d’un comité d’éthique pour superviser le contenu des communications.
3. Le financement public privilégié
Les partis doivent continuer à être largement financés par des fonds publics, et les sources de revenu privées doivent être fortement réglementées.
Le panel considère toutefois que le montant des cotisations ne doit pas dépasser le montant maximum des dons.
4. Quelle dotation fédérale pour les partis ?
La question de la hauteur de la dotation fédérale a fait l’objet de nombreux débats. Une majorité des participants (57%) s’est prononcée en faveur d’une diminution de la dotation, 32% ont plaidé pour le statu quo et 10% ont souhaité une augmentation.
5. Limites à l’épargne et aux investissements.
Le panel estime que les partis peuvent épargner des montants limités et que ceux-ci doivent être utilisés dans un délai raisonnable et sans dépasser un certain plafond. Par ailleurs, ils ne pourraient investir que principalement dans des produits sans risque ou des investissements éthiques belges.
6. Plus de transparence et de contrôle externe.
Les citoyens proposent qu’on puisse consulter et comparer facilement les recettes et les dépenses des partis sur une plateforme en ligne. Ils réclament aussi un contrôle des comptes plus indépendant. Enfin, ils estiment que les partis devraient bénéficier d’un statut juridique distinct.
7. Un financement pour les nouveaux partis.
Si un nouveau parti recueille plus de 50 000 signatures, le panel propose qu’il puisse bénéficier d’un "don de départ". Si un parti recueille 50 000 voix mais pas de siège, il devrait également recevoir un montant pour construire et défendre sa vision en vue des futures élections.
Kevin Damien, de Bouillon, a participé activement aux débats

Coordinateur de la Maison des jeunes de Bouillon, Kevin Damien a déjà quelque part un certain sens de la citoyenneté. Mais quand il a reçu une invitation dans sa boîte aux lettres, il a été plutôt étonné.
«Quand j’ai reçu le courrier, je me suis dit “Qu’est-ce que c’est que cette arnaque?” Mais après des vérifications en ligne, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une initiative sérieuse, nous explique Kevin Damien. J’en ai parlé à des collègues et aux jeunes, et ils estimaient que c’était génial. Cela m’a poussé à renvoyer ma candidature».
Au final, Kevin Damien fera partie du panel de 60 personnes.
«Quand nous avons auditionné les experts, nous avons été loin dans les détails. Mais nous avons été aidés dans notre travail par des facilitateurs. Nous avons formé six groupes de dix personnes pour travailler sur les thématiques. Vu que dans plusieurs groupes, j’ai aidé à formuler les recommandations, on m’a proposé d’être l’un des quatre porte-paroles.»
Mercredi prochain, Kevin Damien se rendra à la Chambre. Cette fois, il sera assis dans les bancs du public. Mais il espère que l’initiative poussera le monde politique à avancer dans ce dossier sensible. «Vu que la nouvelle législature se profile, il est temps d’avancer...».