Georges Gilkinet sur la réforme fiscale : «Voici notre contre-proposition pour cibler davantage les bas et moyens salaires»
Dans le cadre des discussions autour de la réforme fiscale, le vice-premier ministre Écolo Georges Gilkinet va proposer à nouveau la mise en place d’un crédit d’impôt progressif. Il nous l’explique.
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Publié le 12-05-2023 à 04h00
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Georges Gilkinet, ce vendredi le comité ministériel restreint se penchera à nouveau sur le projet de réforme fiscale. Comment Écolo se positionne-t-ilpar rapport aux propositions de Vincent Van Peteghem?
Le ministre des Finances a déposé une proposition qui comporte des éléments intéressants. Mais Écolo veut davantage défendre les bas et les moyens salaires. Ce vendredi, nous allons déposer sur la table du kern notre proposition.
Votre scénario est-il vraiment différent?
Dans son scénario, Vincent Van Peteghem propose d’augmenter la quotité exemptée d’impôts. Elle permettrait d’accroître, par exemple de 116 €, les revenus de chacun. Donc aussi les salaires des Belges qui gagnent plus de 10000 € bruts par mois.
Le système que nous proposons est basé sur un crédit d’impôt dégressif, davantage ciblé sur les bas et moyens revenus. Nous «donnerions» davantage aux travailleurs débutants, aux femmes qui bénéficient toujours et malheureusement de salaires plus bas, aux travailleurs du secteur non-marchand. Des personnes pour lesquelles une augmentation nette du revenu mensuel ferait toute la différence.
Dans notre modèle, les plus bas salaires (1950 € bruts par mois) percevraient, par exemple, 350 € de plus. Ce crédit d’impôt serait dégressif et s’arrêterait autour du salaire médian. Selon nos projections, les personnes qui percevraient plus de 4150 € ne bénéficieraient, elles, d’aucun gain. Et on ne toucherait pas à l’indexation automatique des salaires.
Réforme fiscale : la Vivaldi face à une équation très compliquéeQuel est l’avantage d’un tel scénario?
C’est le scénario du bon sens. Il est davantage ciblé vers ceux qui en ont besoin. Et il coûte moins cher. Il n’y aurait pas d’impact sur les finances des Régions. Et il contribuerait à soutenir l’économie, parce que les travailleurs concernés ne vont pas thésauriser cet argent mais bien l’investir directement dans leurs besoins de base.
Ce scénario reste-t-il budgétairement neutre?
Dans une réforme fiscale, il y a en effet la question du financement. Une des difficultés du scénario de Vincent Van Peteghem est qu’il faut trouver six milliards d’euros. Avec notre formule, il ne faudra pas augmenter certains taux de TVA. Et nous pourrions la financer par une augmentation de la tax+ sur les comptes titres et d’autres mesures visant à faire contribuer les épaules les plus larges. Cela représenterait un «shift» de trois milliards d’euros.
Pour les Verts, les hausses envisagées des taux de TVA pour certains biens posent-elles problème?
Il serait paradoxal de faire payer une réforme qui vise à pousser les gens à travailler en taxant les non-actifs comme les retraités. Mais nous avons une demande très claire : une suppression totale de la TVA sur trois catégories de biens : les transports en commun, les fruits et légumes et tout ce qui a attrait aux livres.
Vooruit propose d’activer davantage les chômeurs longue durée...
Nous ne ferons pas de danses de la séduction devant la N-VA. Nous voulons une réforme de bon sens. Le gouvernement a déjà relevé les allocations minimums. Notre priorité, c’est vraiment d’augmenter les plus bas salaires et de pousser les personnes vers le travail. Nous sommes des adeptes de la main tendue, pas du coup de poing.
Après plusieurs semaines de discussions, on a l’impression qu’il sera difficile de faire une synthèse entre les positions des sept partis...
Non, le consensus n’est pas si éloigné. J’ai la faiblesse de croire que notre scénario peut rassembler l’ensemble du gouvernement. Car notre priorité à tous est d’augmenter le taux d’emploi.
«Une privatisation de bpost conduirait à une baisse de la qualité du service»
Bpost est au cœur de la tempête. À la suite d’un audit, des irrégularités dans l’octroi de la concession pour la distribution des journaux ont été mises en évidence. Et il est apparu que des problèmes pouvaient également se poser dans d’autres contrats avec le gouvernement. De plus, le cabinet de la ministre des Entreprises publiques, Petra De Sutter (Groen), comptait deux collaborateurs détachés de bpost.
Face à la polémique, Georges Gilkinet estime toutefois que l’État doit aux commandes. «Il faut maintenir bpost dans le giron public et lui donner des missions de service public dans le cadre d’un contrat», lance Georges Gilkinet. «Pour Écolo, il ne faut pas de fuite en avant vers une privatisation qui conduirait à une baisse de la qualité du service et à une diminution de la qualité de l’emploi».
Georges Gilkinet plaide aussi pour «qu’un organe administratif assure un contrôle permanent de bpost» : «Il faut tirer toutes les conclusions de la séquence actuelle et doter le service postal d’un cadre similaire au rail. Quand un ministre arrive en fonction, il pourrait demander à son administration quel est l’état de la situation et voir si les règles sont respectées et si les objectifs sont atteints. Il faut une vraie transparence structurelle. Il faut poser des réformes pour avoir une gouvernance plus efficace des services postaux. »