Réforme fiscale : la Vivaldi face à une équation très compliquée
Les sept partis ne sont d’accord que sur un point : une réforme fiscale est nécessaire. Mais sur la manière d’y arriver, les avis divergent… Décodage
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Publié le 11-05-2023 à 21h12 - Mis à jour le 16-05-2023 à 15h20
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Ce vendredi, le conseil des ministres restreint (le kern) va, une nouvelle fois, se pencher sur le projet de réforme fiscale.
Pour rappel, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), a présenté au gouvernement en mars dernier les grands principes retenus.
Pour faire simple, le ministre propose d’augmenter la quotité exemptée d’impôts et d’élargir la tranche d’imposition de 45 %. Cela engendrerait un gain net pour les travailleurs qui serait financé grâce à une réforme de la TVA, de nouvelles taxations visant les “épaules les plus larges” et la suppression de certaines niches fiscales.
Hélas, force est de constater qu’il ne sera pas aisé pour le gouvernement De Croo, composé de sept partis, d’accorder ses violons. Car depuis plusieurs semaines, les avis sur l’orientation définitive que doit prendre cette réforme divergent.
On retiendra notamment que le 1er mai, Paul Magnette a rappelé qu’il n’était pas question pour le PS de discuter d’une proposition des socialistes flamands de Vooruit visant à davantage activer les chômeurs de longue durée en supprimant les allocations de ceux qui n’accepteraient pas un emploi de base après deux ans. Une proposition qu’Alexander De Croo voulait remettre sur la table dans le cadre des discussions sur la réforme fiscale.
Dimanche dernier, c’est Vincent Van Quickenborne, vice-Premier ministre Open VLD, qui a fixé une ligne rouge. À son sens, il serait inacceptable de réduire les impôts des demandeurs d’emploi et des personnes ayant droit au revenu d’intégration sociale (RIS).
Et ce vendredi, Georges Gilkinet annonce qu’il va remettre sur la table des négociations une proposition de crédit d’impôt de solidarité.
Objectif : une réforme pour le 21 juillet
Interrogé à la Chambre ce jeudi, le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD), a refait le point sur cette épineuse question.
“À mes yeux, une série d’éléments doit baliser le cadre de la réforme”, a lancé Alexander De Croo. “D’abord, cette réforme doit veiller à rendre le travail plus attractif. La différence entre travail et non-travail doit devenir plus importante. Ensuite, nous devons également veiller à créer de l’emploi dans notre pays. Enfin, ce gouvernement a déjà mis en place une série de jalons importants pour pouvoir remettre le budget sur la bonne voie. Il faut sortir de la zone de danger… Et cette réforme fiscale ne doit donc pas alourdir le budget”.
Pour le Premier ministre, il est “logique” que les partis avancent des principes différents : “Je le comprends parfaitement et c’est probablement normal. Dans les semaines qui viennent, je demande que l’on s’écoute et que nous travaillions ensemble sur une réforme qui répondra à ce qui est, selon moi, logique. À savoir que les gens qui travaillent gagnent davantage, que les entrepreneurs soient stimulés et que chacun apporte sa contribution équitable. J’ai l’intention d’obtenir un accord avant le 21 juillet.”
La N-VA sceptique face aux déclarations d’Alexander De Croo
Après les explications du Premier ministre, la N-VA a fustigé le fait qu’il n’y ait pas encore de communication claire sur les propositions, ni sur le coût que cette réforme pourrait engendrer sur les finances des entités fédérées suite au relèvement envisagé de la quotité exemptée d’impôts.
“Monsieur le Premier ministre, d’ici peu, il y aura un congrès de votre parti”, a lancé le chef de groupe N-VA Peter De Roover. “Je pense qu’il sera difficile d’expliquer à vos électeurs qu’ils ont voté 25 ans pour un parti qui a fait qu’aujourd’hui, l’impôt en Belgique est le plus élevé de toute l’Europe. C’est vrai que cela peut paraître peu libéral…”
L’arrivée tardive de la réforme des pensions risque de coûter cher

Dans les dossiers compliqués de la Vivaldi, on retrouve aussi la réforme des pensions. Or, l’absence d’une réforme financièrement soutenable empêche la Belgique de pouvoir demander à l’Europe le paiement de la première tranche du plan de relance.
“À cause de l’inaction du gouvernement, la Belgique continue de porter haut les couleurs du surréalisme politique”, a lancé à la Chambre le président de Défi, François De Smet. “Nous devons emprunter 408 millions sur les marchés pour pouvoir financer notre propre plan de relance européen. On pourrait se dire que ce n’est qu’un contretemps, si les taux étaient bas. Malheureusement, ce n’est pas le cas.”
Mais face à une question sur le coût de cet emprunt, Alexander De Croo a botté en touche en estimant que l’impact était limité : “Techniquement, nous avons estimé que nous avions besoin d’un peu plus de temps”, a répondu le Premier ministre en rappelant que ces emprunts ne concernaient “qu’une période réduite” et en précisant que certains de ces projets “connaissaient des retards d’implémentation.”