Nouvelle manifestation d'enseignants à Bruxelles pour exprimer le malaise face aux réformes

"Désir, donne-nous envie". Plusieurs milliers d'enseignants - 6.000 selon les syndicats, 4.700 pour la police - ont défilé jeudi 27 avril 2023 dans le centre de Bruxelles pour exprimer, une cinquième fois en un peu plus d'un an, le malaise du monde l'école, soumis à une série de réformes.

Belga

En raison de divergences de vues entre organisations syndicales, l'action du jour a connu deux points départ, l'un à la gare du Midi pour les affiliés socialistes et libéraux, et l'autre près de la gare Centrale pour la CSC-Enseignement, qui s'est fondue au reste du cortège à mi-parcours seulement.

Drapeaux et calicots au vent, sifflets à la bouche, les profs entendaient bruyamment dénoncer la surcharge de travail administratif, les incertitudes qui pèsent sur l'enseignement qualifiant, le non-respect du nombre maximal d'élèves dans certaines classes ainsi que le manque de soutien aux centres psycho-médico-sociaux (PMS).

Des mesures pour lutter contre les classes surpeuplées dans les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles

"Ça va beaucoup trop loin: on nous tue administrativement", a souligné Stella Sfiniadakis, enseignante dans une école primaire d'Écaussinnes. À 51 ans, elle fait grève pour la première fois. "On tue l'enseignement spécialisé en mettant ces enfants dans les classes traditionnelles", avec pour "pansement" une aide auxiliaire de deux heures par semaine. "C'est du camouflage", a-t-elle dénoncé.

Un peu plus loin, une demi-douzaine d'enseignantes ont chacune enfilé une bouée de sauvetage ou des brassards gonflables. "On est proche de la noyade en raison de tout ce que l'on veut nous faire faire en plus, alors qu'on manque de collègues, qu'on est en pénurie", justifie l'une d'elles. Jeune institutrice primaire en région bruxelloise depuis cinq ans à peine, celle-ci se désole de "ne plus pouvoir faire le métier pour lequel j'ai été formé à cause de tout le temps nécessaire à l'élaboration du projet d'école, à la concertation...".

Également présents dans la foule rouge et bleue, plusieurs militants de la CSC-Enseignement ne cachaient pas leur tristesse mais aussi leur incompréhension face aux divisions qui sont apparues dernièrement entre les syndicats socialistes et libéraux d'un côté et le syndicat chrétien de l'autre au sujet du projet de décret sur l'évaluation des enseignants.

"Notre force, c'est notre unité", a confié toute désolée cette enseignante liégeoise affiliée à la CSC.

Revêtus de leurs chasubles vertes bien visibles, plusieurs dizaines de militants du syndicat chrétien avaient d'ailleurs décidé jeudi matin de se joindre directement au cortège socialiste et libéral parti de la gare du Midi, plutôt que de rallier la place de l'Albertine, comme les y avait invités leur état-major.

"On est là pour dire que la base (de la CSC) a du mal avec la division du front commun", a justifié un délégué syndical liégeois. "La base se retrouve pleinement dans les revendications des autres syndicats. Nous, on ne comprend pas cette stratégie de division", a-t-il ajouté avec dépit.

Après Bruxelles, Mons, Liège et Namur l'an dernier, cette nouvelle manifestation du corps enseignant dans la capitale ce jeudi était la cinquième en un peu plus de 14 mois de mobilisation, mais sans réel changement de cap du gouvernement, selon les syndicats.

Dans des discours prononcés en début de cortège à la gare du Midi, plusieurs de leurs dirigeants, tant libéraux que socialistes, ont d'ailleurs ouvertement appelé leurs affiliés à sanctionner les partis de la majorité lors des élections prévues l'an prochain. "On s'en souviendra en 2024", a ainsi scandé Adrien Rosman, du Setca-SEL.

La manifestation s'est disloquée dans le calme peu après 13h00 place Surlet de Chokier, siège du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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