”Comme au FBI ou à la CIA, j’étais un agent qui n’avait pas le droit de divulguer des infos”, dit Salah Abdeslam au procès des attentats de Bruxelles
Ce jeudi 27 avril 2023, Salah Abdeslam, l’un des accusés au procès des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, a expliqué pourquoi personne n’avait rien vu sur la radicalisation de plusieurs des terroristes. “À ce moment-là, on avait une double vie”, a-t-il indiqué, devant la cour d’assises.
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Publié le 27-04-2023 à 14h23 - Mis à jour le 27-04-2023 à 14h42
Son témoignage l’a "inspiré". Après avoir entendu le récit de Youssef El Ajmi (37 ans), évoquant “la vie en parallèle” de son ami d’enfance, le logisticien et kamikaze Ibrahim El Bakraoui, Salah Abdeslam, l’un des accusés au procès du 22 mars 2016, a souhaité prendre la parole. Lors de son témoignage, Youssef, qui avait bénéficié d’une suspension du prononcé lors du procès 'Paris bis' relatif au volet belge des attentats à Paris, a affirmé, entre autres, qu'Ibrahim El Bakraoui avait tout caché à tout le monde.
”Si je vous dis que j’ai été chercher des personnes, je ne vous apprends rien”, déclare Salah Abdeslam devant la cour d’assises de Bruxelles, chargée de juger les attentats djihadistes perpétrés à l’aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek le 22 mars 2016. “J’ai été chercher des personnes qui ont participé aux attentats du 13 novembre (Ndlr : l’attentat de Paris). À cette époque-là, j’avais ma vie sociale, familiale et j’avais surtout des instructions. Je n’avais pas le droit de parler de ça à qui que ce soit. Déjà pour protéger les gens. Je me rends compte aujourd’hui que ça a porté préjudice à des personnes. Quand on ne veut pas donner une information, c’est dans le but de protéger. Mais ça s’est passé différemment par après, je m’en rends compte aujourd’hui. Par exemple, je pouvais me rendre au casino avec un de mes amis d’enfance, je restais là-bas pendant une heure ou deux, et je prenais ensuite le chemin sans rien dire pour accomplir ma mission. […] C’était comme le FBI ou la CIA : un agent qui n’a pas le droit de divulguer des infos… C’était dans ce style-là.”
”Facile de se procurer des armes de guerre à Bruxelles” : 1.000 euros pour une kalachnikov, selon un ancien co-détenu d’un kamikaze des attentatsSalah Abdeslam poursuit : “Alors, quand il (Ndlr : Youssef) dit qu’il n’a rien vu venir, je comprends très bien cela. On avait, en fait, une double vie à ce moment-là. […]”
Quand on fait partie d’une organisation de cette ampleur, il y a des instructions qu’il faut respecter.
Abdeslam a également indiqué qu'il ne connaissait même pas les prénoms des personnes avec lesquelles il vivait. "Je suis allé chercher Sofien Ayari moi-même et nous vivions ensemble dans les appartements. Mais quand on m'a pris et qu'on m'a demandé qui était encore avec moi, j'ai dit Abu Hamza. Je ne connaissais même pas son prénom", a-t-il expliqué. "Même dans cette intimité-là, il y avait des précautions."
Des précautions qui étaient également de mise quand Abdeslam est allé chercher des gens après leur séjour en Syrie. "Même dans la voiture, lors du trajet, c’était le silence radio. Je pense que c’était important pour vous, Madame la présidente, les jurés, de comprendre que quand on fait partie d’une organisation de cette ampleur, il y a des instructions qu’il faut respecter.”