Démission de Sarah Schlitz: pourquoi elle n’avait plus le choix !
Acculée par les polémiques, la secrétaire d’État a pris sa décision en pleine nuit et s’est invitée – in extremis – dans "Matin Première". Décryptage d’un choix qui était devenu … inévitable
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- Publié le 26-04-2023 à 22h33
- Mis à jour le 27-04-2023 à 06h52
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Certaines nuits sont propices à la réflexion. Dans les annales politiques belges, on retiendra que c’est durant celle du 25 au 26 avril 2023 que Sarah Schlitz a décidé de jeter l’éponge. Seule, nous assure-t-on.
Acculée par une polémique lancée par la N-VA sur l’utilisation d’un logo personnel dans les communications d’organisations subsidiées, elle aurait théoriquement dû s’expliquer ce mercredi en commission face à de nouvelles accusations de mensonges au Parlement.
Et répondre à un feu nourri de questions de Sander Loones, député N-VA, qui estime qu’elle n’a pas raconté la vérité en indiquant, en commission des Dépenses électorales, qu’elle n’avait jamais demandé expressément que l’on utilise ce logo personnel.
"Elle a pris sa décision dans la nuit. Des dispositions ont alors été prises pour qu’elle puisse l’annoncer à la radio", nous confirme un proche de l’ex-secrétaire d’État. Dans les faits, Sarah Schlitz s’est en quelque sorte invitée dans Matin Première, où il a fallu bousculer la conduite de la célèbre matinale radio de la RTBF.
La fatigue, l’émotion… et un style très direct
Visiblement émue et affichant des marques de fatigues apparentes, Sarah Schlitz prend la parole. Il est 7 h 40 et, dans un style très personnel, choisit de ne pas tourner longtemps autour du pot.
"En sortant de ce studio, j’irai présenter ma démission au Premier ministre", lance Sarah Schlitz au micro de Thomas Gadisseux. "J’ai commis une erreur pour laquelle je me suis excusée, mais aujourd’hui la polémique a pris une ampleur délétère pour le climat politique. Elle occupe toute la scène politique et médiatique, et cela devient irrespirable. Je ne me suis pas engagée en politique pour cela. Je me suis engagée en politique pour des valeurs, pour la justice sociale, pour une société qui protège les femmes et les enfants, pour une société plus égalitaire et plus juste. Aujourd’hui, je souhaite m’effacer pour permettre à ce combat d’avancer et à tous les projets qui sont en cours de continuer leur chemin."
Démission de Sarah Schlitz : le piège des narratifs trop simplesD’aucuns remarqueront que Sarah Schlitz a choisi de réserver l’annonce de sa démission à un média. D’autres qu’elle a choisi d’en parler à la RTBF avant de se rendre chez le Premier ministre. Toujours est-il que l’ensemble des journalistes ont été invités à venir la rencontrer à son cabinet, où elle "répondrait aux questions en toute transparence".
Hélas, il a fallu se contenter d’un bilan personnel. L’ex-secrétaire d’État a notamment cité la loi "stop féminicide", la réforme de la législation anti-discrimination ou encore la poursuite du développement des Centres de prise en charge des violences sexuelles avec l’ouverture prévue de celui d’Arlon en juin prochain.
"La gouvernance fait partie de l’ADN d’Écolo. On est plus durs avec nous qu’avec les autres, et c’est normal", a-t-elle conclu avant de quitter les journalistes et de ne répondre à aucune question sur ses éventuels mensonges à la Chambre…
Lâchée par les autres formations
Dans la décision de Sarah Schlitz, les autres partis de la majorité ont joué un rôle déterminant.
Jeudi dernier, ils avaient choisi de laisser une semaine de sursis à Sarah Schlitz pour qu’elle s’explique sur les accusations de mensonges.
Conner Rousseau, le président de Vooruit, avait notamment estimé dans De Zevende Dag que "l’on n’utilise pas l’argent des contribuables pour son propre logo et sa propre promotion. Mentir en plus, c’est un gros problème".
Une attitude des socialistes que certains estiment liée aux tractations avec la N-VA en vue du scrutin 2024. En Wallonie, le MR n’a pas non plus épargné Sarah Schlitz. Certains y voyant une manière de faire payer l’attitude intransigeante d’Écolo dans les affaires qui ont poussé Jacqueline Galant à la démission en 2015-2016. L’affaire de l’amalgame réalisé par une collaboratrice de Sarah Schlitz entre Sander Loones et le régime nazi a achevé tout espoir de sortie de crise.
Jeudi, la Chambre devait se prononcer en séance plénière sur la motion de la N-VA demandant sa démission. Vu la situation, le soutien de toute la majorité n’était plus du tout acquis…