Réactions à l’interview de Frédéric Janssens: "On apprend au moins qu’une menace de mort peut être “une conversation d’homme à homme”"
Le greffier du Parlement wallon est donc sorti de son silence, à l’occasion d’une interview sur le plateau de LN24. Harcèlement moral, soupçons sur les marchés publics, menace de mort ou voyage à Dubaï, sur chaque dossier, l’homme se dit innocent et sûr de son droit. "C’est du Janssens", soupire-t-on du côté des agents du greffe. "Aucune remise en question."
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Publié le 24-03-2023 à 19h05 - Mis à jour le 24-03-2023 à 20h10
L’interview sur LN24 du greffier du Parlement wallon, actuellement suspendu, a évidemment provoqué des réactions au sein des services du greffe. "Où le climat est très mauvais", témoigne un des agents.
" Les dégâts sont ancrés très profondément. Il faudra encore du temps. Il ne faut pas oublier l’origine du mal ", dit-il." Et l’entendre dire qu’il est prêt à revenir pour justifier son salaire, ce n’est pas gai."
Menace de mort: "Balayée du revers de la main"
"Je ne suis pas étonné d’entendre ses réponses. Énervé, ça oui. Mais pas étonné: c’est du Janssens. Il se proclame innocent et l’histoire des menaces de mort est balayée du revers de la main", réagit un membre du personnel du greffe.
"J ‘aurai au moins appris ça: une menace de mort n’est pas une menace de mort mais une discussion entre hommes…", raille un collègue, écœuré.
Frédéric Janssens l’assure en effet: il n’a jamais menacé personne de mort et n’a jamais souhaité la mort de personne. C’était, dit-il, une "conversation beaucoup plus longue, dans un cadre très délicat, d’homme à homme ".
"Sauf que, avec lui, une discussion d’homme à homme, c’est lui qui parle et l’autre qui dit oui, ajoute un autre employé. Et dans ce cas-ci, ça se passe entre un supérieur hiérarchique et son subalterne, qui a des problèmes de santé en plus. Ce n’est de toute façon pas une discussion d’égal à égal. On ressent à nouveau, dans l’interview, son côté suffisant et orgueilleux."
Harcèlement moral: "C’est notre faute…"
Sur les 13 plaintes pour harcèlement moral déposées devant l’auditorat du travail de Namur, Frédéric Janssens ne s’exprime pas. Il expédie: "Attendons déjà de les voir…" Il dit cependant regretter que son comportement ait pu être mal interprété.
"Ben oui, ironise un employé du greffe, c’est notre faute, on a mal interprété… C’est une erreur d’appréciation des agents. On a fait l’erreur de considérer que son comportement était toxique. Dans le ton, dans la froideur, pas de doute: c’est bien le Janssens qu’on connaît. "
"Aucun management n’est parfait", souligne le greffier. Qui nie avoir jamais crié sur son personnel. Dans les services du greffe, et même au-delà, certains grincent des dents: "Moi, je cherche un jour où il n’aurait pas crié sur quelqu’un…"
Les Bureaux successifs et les services pointés du doigt
Frédéric Janssens charge l’instance au nom de laquelle il exerçait son autorité à la tête des services administratifs du Parlement. À savoir le Bureau de l’assemblée, constitué de quelques députés et du président du Parlement.
Sur les coûts de la maison des parlementaires et de la jonction piétonne, notamment. Il affirme que son employeur (le Bureau, donc) était prévenu de tout. "Tout était expliqué et partagé ", dit-il.
"Il charge le Bureau, c’est clair. Si on suit son raisonnement jusqu’au bout, s’il a donné toutes les infos au Bureau et que celui-ci a donné son feu vert, alors il y a une vraie responsabilité du Bureau. Je n’y crois pas. Mais si c’est ça, le politique a sa part de responsabilité", commente un agent.
Les marché publics, notamment sur le remplacement d’un logiciel important ? "Aucun favoritisme ! Et il y a un service pour ça au Parlement ", glisse le greffier.
Réaction dans les services: "Il met l’intégralité de la responsabilité des marchés publics sur les services du greffe", note un fonctionnaire, atterré. Mais il rejoint Frédéric Janssens sur un point: "La vérité judiciaire apparaîtra, pour les marchés publics comme pour le harcèlement."