Conflit social chez Delhaize : “Les travailleurs méritent une réelle concertation sociale”, lance Pierre-Yves Dermagne

Deux semaines après l’annonce par la direction de Delhaize d’une volonté de franchiser les 128 supermarchés intégrés du groupe, syndicats et direction se sont retrouvés pour un conseil d’entreprise extraordinaire. Une réunion sous haute tension et sans véritable dialogue social. Des agents de sécurité attendaient notamment les organisations syndicales. Pour le ministre de l’Economie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS), “les comportements de la direction de Delhaize ne sont pas de nature à favoriser le dialogue social.”

La décision prise par Delhaize de revendre l’ensemble de ses magasins intégrés à des franchisés n’en finit pas de faire couler de l’encre et d’alimenter les débats politiques.

Ce mardi, en commission Économie à la Chambre, Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier ministre PS en charge de l’Économie et du Travail, était à nouveau sous le feu des questions des parlementaires.

Il est notamment revenu sur la concertation sociale chez Delhaize et le conseil d’entreprise extraordinaire “tendu” de ce mardi matin, où les représentants des organisations syndicales ont été froidement “accueillis” par des agents de sécurité.

Pour le vice-Premier ministre en charge de l’Économie, Pierre-Yves Dermagne (PS), ces comportements de la direction «ne sont pas de nature à favoriser le dialogue social» : «Je pense que la direction doit s’engager dans une réelle concertation sociale en respectant les organisations syndicales», a rappelé Pierre-Yves Dermagne devant les députés de la Commission des Affaires sociales ce mardi. «Il n’est pas question de fouiller les délégués syndicaux.»

Pierre-Yves Dermagne s’est également étonné que Delhaize, qui n’avait pas hésité à se baptiser «Bel-haize» dans une campagne publicitaire pour souligner son identité belge, ait «perdu de vue que la concertation sociale faisait partie intégrante du modèle social belge» : «Cela a de la valeur et cela doit être respecté».

Des mesures devraient arriver

Selon la direction de Delhaize, la CCT32bis va protéger les conditions des travailleurs transférés vers un franchisé.

Pour Pierre-Yves Dermagne, la direction doit aller plus loin : «La CCT32Bis permet effectivement de protéger les travailleurs durant un certain temps, au moment du transfert conventionnel d’entreprise. Mais elle laisse ouvertes les questions quant à l’avenir. Il faut aller plus loin.»

Enfin, rappelons que 170 licenciements sont prévus au siège du groupe. Ils seront espacés dans le temps, ce qui permet d’éviter l’application de la loi Renault relative aux licenciements collectifs.

«Il faudra faire respecter la loi, l’esprit de la loi et la nécessaire concertation sociale», a conclu Pierre-Yves Dermagne. «Je soumettrai prochainement au gouvernement une série de pistes et de propositions concrètes afin que les entreprises respectent leurs obligations sociales.»

Depuis les rangs de l’opposition, Défi et Les Engagés demandent qu’un conciliateur social soit désigné pour déminer la situation. Mais selon Pierre-Yves Dermagne, «un ministre n'a pas à imposer la présence d’un conciliateur pour faire en sorte que la concertation puisse démarrer.»

Une analyse que ne partage pas Catherine Fonck : «Je rappelle que l’arrêté royal de 1979 permet largement au ministre de prendre l’initiative», a-t-elle lancé.

Enfin, depuis les bancs d’Écolo, la députée Cécile Cornet estime que si la franchise n’est pas un licenciement collectif, les conditions de travail sont lourdement impactées et mériteraient donc une concertation correcte, telle que prévue dans la procédure Renault.

«Le groupe Écolo a un texte pour retravailler la loi Renault», a-t-elle précisé. «Et les partenaires sociaux doivent se pencher sur la CCT32 bis.»

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