Covid: le secteur des soins de santé divisé sur la suppression du masque buccal
L'obligation du port d'un masque buccal dans les établissements de soins constitue peu ou prou la dernière règle sanitaire "stricte" encore en vigueur.
Publié le 10-03-2023 à 12h25 - Mis à jour le 10-03-2023 à 14h55
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Au nord du pays, le secteur des soins de santé espère que cette obligation pourra bientôt être supprimée, rapportent vendredi les journaux du groupe Mediahuis. Du côté francophone, ce n'est pas le même son de cloche: le secteur plaide au contraire pour un maintien de l'obligation du port du masque buccal dans les hôpitaux.
Depuis le 4 mai 2020, le port d'un masque buccal est obligatoire dans les hôpitaux, quel que soit le service. Il semble que peu à peu, les hôpitaux du nord du pays opteraient davantage pour la suppression du masque buccal en leur sein.
Yves Van Laethem à propos du Covid : “Il ne faut plus faire d’autotest”"La logique fait défaut", explique Margot Cloet, de Zorgnet-Icuro, l'organisation faîtière flamande des hôpitaux généraux. "Lorsque vous rendez visite à votre grand-père dans une maison de repos, le masque buccal n'est pas nécessaire, mais si vous passez voir votre tante à l'hôpital, c'est obligatoire. Les visiteurs et patients s'y perdent".
"La mesure devient de plus en plus difficile à appliquer", confirme Frank Vermassen, médecin-chef à l'UZ Gent. "Les masques entravent la communication entre le médecin et le patient. Les expressions faciales sont aux abonnés absents et les explications importantes sont souvent incomprises". "Trois ans se sont écoulés depuis le premier confinement. Il est temps de lever les dernières mesures sanitaires", ajoute-t-il.
Yves Van Laethem, 3 ans après le premier confinement Covid en Belgique : “Une pandémie venant d’un autre virus est une éventualité non négligeable”Au sud du pays, le secteur des soins de santé est favorable à un système de gradation en fonction du niveau d'alerte assigné à la situation épidémiologique, explique Yves Smeets, directeur général de Santhéa, l'association professionnelle et patronale d'institutions de soins wallonnes et bruxelloises. Une situation qui, en l'état actuel des choses (hausse des nouvelles hospitalisations selon le dernier bilan hebdomadaire de Sciensano, NDLR), ne permet pas au secteur francophone de relayer la demande de son homologue néerlandophone, précise-t-il.
"On ne constate aucune demande en faveur de la suppression du port du masque au sein des hôpitaux", observe encore M. Smeets. Le secteur des soins de santé, du côté francophone, plaide pour le maintien du port du masque buccal, voire un rappel de cette obligation. Selon le directeur, la mesure tend en effet à s'estomper chez les patients.
Les Belges utilisent souvent les désinfectants de manière incorrecte
La majorité des Belges emploie les désinfectants de manière inadaptée, ce qui augmente les risques pour l'utilisateur ou l'environnement et réduit l'efficacité des produits, ressort-il d'une étude commandée par le département Biocides du SPF Santé publique publiée vendredi. En 2021, le Centre Antipoisons a enregistré près de 4.000 accidents liés aux produits de lutte contre les organismes indésirables (biocides).
L'enquête a été réalisée au printemps 2022 auprès de 2.025 personnes de tous genres et tous âges confondus, venant de partout en Belgique. Elle s'est penchée sur l'usage de trois types de produits biocides, à savoir les gels hydroalcooliques (PT01), les désinfectants pour surfaces qui ne sont pas en contact avec l'alimentation (PT02) et ceux pour désinfecter les surfaces en contact avec la nourriture (PT04). L'étude avait pour objectif de répertorier les habitudes d'utilisation, les comportements à risque, l'appréhension de la notice, les processus d'achat et l'influence de la pandémie.
Cette dernière a clairement eu un impact sur les fréquences de consommation, puisque le Centre Antipoisons a dénombré cinq fois plus d'accidents avec les gels hydroalcooliques en 2021 par rapport à 2019 (avant la crise sanitaire) et 1,5 fois plus de problèmes en lien avec les PT02 et les PT04.
Entre 2021 et 2022, 66% des répondants se sont servis de PT01, 67% de PT02 et 44% de PT04, un "usage de leur propre chef, par choix ou par habitude", notent les experts, tout en soulignant le rôle du Covid-19. L'épidémie est systématiquement dans le top 3 des justifications de l'emploi de ce type de produits.
Cependant, l'étude révèle que 53% des sondés se servant de PT01 "ne connaissent pas les consignes de date limite d'utilisation et le temps de contact nécessaire pour être efficace" et que 36% pensent à tort que ces mêmes biocides ont des propriétés nettoyantes, alors que 4% ont reconnu avoir déjà mélangé le désinfectant avec un autre, affectant son efficience.
Les PT02 et PT04 ont également été mal employés, puisque l'enquête signale "des comportements inadaptés, que ce soit en termes de connaissance et respect de la date limite d'utilisation, des consignes de dilution, des consignes de rinçage des surfaces après utilisation (PT04) ou encore de la gestion des déchets (emballages et résidus de produits)."
Les spécialistes expliquent ce "non-respect des consignes d'utilisation et de sécurité" par le fait que les personnes interrogées ne lisent pas les informations disponibles sur l'emballage. Parmi elles, 5 à 8% considèrent les informations peu claires, voire pas du tout.
Pour les auteurs de l'étude, les deux raisons principales sont des problèmes liés à la lisibilité (police trop petite, présence de trop d'informations, manque de contraste) et de vocabulaire, avec des termes jugés trop scientifiques et peu compréhensibles.