Yves Van Laethem, 3 ans après le premier confinement Covid en Belgique : “Une pandémie venant d’un autre virus est une éventualité non négligeable”
Covid : quel bilan dresser de cet hiver ? Que nous réservent le printemps et l’été ? Pourrons-nous partir en vacances l’esprit tranquille ? Une nouvelle pandémie est-elle à craindre ? Trois ans après le premier confinement, Yves Van Laethem fait le point sur la situation sanitaire actuelle et à venir en Belgique.
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Publié le 08-03-2023 à 13h48 - Mis à jour le 08-03-2023 à 15h20
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C’était le 13 mars 2020. La Première ministre Sophie Wilmès annonce le tout premier confinement belge. À partir du 18 mars, la Belgique est en total lockdown. Une première pour notre pays.
L'an dernier, Yves Van Laethem revenait pour nous sur les deux premières années de pandémie dans notre pays. Un ans plus tard, où en est-on avec le coronavirus ? La pandémie est-elle maintenant derrière nous ? Que nous réserve l’avenir ? On fait le point avec le porte-parole interfédéral Covid.
Un petit mot sur la situation actuelle. Est-elle toujours favorable ?
Chiffres du Covid en Belgique ce vendredi 3 mars: la plupart des indicateurs encore en hausseOui. On est toujours dans une situation où ces vaguelettes consécutives nous font tourner autour des 1.000 personnes hospitalisées, devenues la nouvelle ligne de base du Covid chez nous. On connaît maintenant des petites montées suivies par des petites descentes. Tout cela reste peu significatif au niveau de la santé publique. Même s’il y a toujours des personnes qui souffrent et qui meurent quotidiennement, cette situation actuelle n’a pas d’impact sur le fonctionnement des hôpitaux et de la société.
La situation actuelle n'a pas d'impact sur le fonctionnement des hôpitaux et de la société
Les variants d’Omicron sont-ils toujours dominants ?
La famille Omicron domine toujours la Belgique, avec actuellement des descendants des sous-variants BA.2 et BA.5. Omicron est dominant chez nous depuis janvier 2022. Ça fait un peu plus d’un an maintenant, ce qui veut dire qu’il y a une certaine immunité croisée dans la population. Malheureusement, il y a toujours de nouveaux sous-variants qui apparaissent et qui viennent se croiser à des sous-variants plus anciens. Cette variation chez Omicron est suffisante pour que l’on puisse toujours être infecté par le virus, même après avoir déjà contracté du Omicron.
Regarder les indicateurs n’a plus vraiment de sens. Quels sont ceux à tenir à l’œil, maintenant ?
Les hospitalisations et les admissions en soins intensifs. Ce sont eux qui donnent une idée réelle de la situation. Les nouveaux cas, eux, ne veulent plus rien dire, dans la mesure où on ne pratique plus la même politique de dépistage qu’auparavant. De nombreuses infections passent sous les radars.
La mortalité ne bouge pratiquement plus
La mortalité, quant à elle, ne bouge pratiquement plus. On tourne autour des 4 à10 morts, en moyenne.
Quel bilan dresser de cet hiver ?
La situation était bien meilleure que l’hiver précédent. Celui-ci était marqué par le variant Delta et l’apparition du premier Omicron (BA.1), qui avaient fait ensemble plus de cas. Les hospitalisations et les admissions en soins intensifs étaient significatives. Cette année, les entrées à l’hôpital étaient beaucoup plus modérées, lié au fait qu’Omicron est dominant et qu’il est moins agressif que Delta. Les précédentes infections et la vaccination ont également joué un rôle important en limitant au maximum les formes sévères de la maladie.
Cet hiver a été marqué par la collision entre des vaguelettes de Covid et le retour d'une vraie épidémie de grippe
Cet hiver a surtout été marqué par la collision entre des vaguelettes de Covid et le retour d’une vraie épidémie de grippe assez sévère, arrivée un mois et demi plus tôt. C’est d’ailleurs elle qui est responsable de la surmortalité de fin décembre.
Quel scénario pour le printemps et l’été ?
Le printemps et l’été devraient rouler. Il ne devrait pas y avoir de problème, sous réserve d’un nouveau variant dangereux. Je pense qu’il n’y aura aucune restriction particulière. D’ailleurs, on peut dire qu’on a déjà retrouvé la société d’avant, à la différence qu’il y a plus de télétravail et d’achats sur internet.
On a déjà retrouvé la société d'avant
En trois ans, on a appris à vivre avec de nouvelles habitudes, comme le port du masque ou la distanciation sociale, mais je ne suis pas certain que la société va les garder sur le long terme. Ce serait bien que les gens se souviennent de protéger les autres lorsqu’ils sont malades, par exemple. À la longue, toutes les habitudes prises depuis le Covid vont disparaître. Elles sont déjà de moins en moins pratiquées. C’est dommage. On aurait pu garder de cette pandémie une certaine “culture”, à l’instar de ce que qui se faisait déjà en Asie.
À la longue, toutes les habitudes prises depuis le Covid vont disparaître
Pas de souci à se faire pour les vacances ?
Les pays voisins ont les mêmes genres de variants que nous et on ne voit rien de nouveau se pointer à l’horizon, rien de dangereux apparaître. La situation actuelle est calme et devrait le rester. On pourra donc voyager librement. Il n’y a actuellement aucune raison pour qu’il y ait des restrictions durant l’été.
Le Covid peut-il encore faire un retour en force ?
Je pense que ça va rester une musique de fond. On ne peut évidemment jamais prédire l’avenir. Le risque d’un variant plus problématique reste toujours possible.
Une pandémie résultant d'un autre virus est aussi une éventualité. Si H5N1 acquiert la possibilité de se transmette à l’homme, il aurait tout pour nous emmerder
Une pandémie résultant d’un autre virus est aussi une éventualité pour les années à venir. H5N1 (NDLR : virus grippal), par exemple, a tout ce qu’il faut pour cela. S’il y a un candidat qu’il faut surveiller, c’est lui. S’il acquiert la possibilité de se transmettre à l’homme, il aurait tout pour nous emmerder. Pourquoi ? Il est beaucoup plus diffusé chez les oiseaux à travers le monde qu’auparavant. Des transmissions auprès de mammifères sont de plus en plus rapportées.
Est-ce qu’il arrivera un jour à toucher l’homme ? C’est une éventualité non négligeable. Il faut anticiper l’hypothèse qu’il s’attaque à nos récepteurs afin de ne plus connaître ce qu’on a vécu avec le Covid. Évidemment, il faut surveiller sans paniquer. C’est quelque chose de potentiellement problématique.
NOTRE DOSSIER | Tout sur le coronavirus (Covid-19)Trois ans de Covid pour Yves Van Laethem : “Maintenant, j’ai la paix”
Le Covid a presque disparu des médias et, avec lui, ses “experts”. Qu’est devenu Yves Van Laethem ? On lui a posé la question :
Je me suis recyclé dans d’autres infections auprès des médias. Depuis le Covid, ils me connaissent pour mes conseils sur les maladies infectieuses et transmissibles. Je continue de leur donner mes avis et conseils.
Plus personnellement, je garde une fonction au niveau de la vaccination. Je suis également appelé à avoir d’autres fonctions, notamment au sein du Conseil Supérieur de la Santé.
Être l'interface entre les experts/les autorités et le public, un exercice difficile ?
Non, c’était une fonction très prenante par le volume de communication et la relation avec les journalistes. Ça prenait beaucoup de temps mais ce n’était pas un exercice difficile en soi. Par contre, je tournais en “monoculture”. C’était un moment enrichissant, mais je n’avais presque plus que ça dans la vie. Le peu de temps que j’avais, je le consacrais à m’informer sur le sujet afin de pouvoir répondre aux questions des journalistes.
En quoi votre quotidien a changé par rapport à il y a 3 ans ?
Maintenant, j’ai la paix ! Je n’ai plus de coups de téléphone à 7h du matin ou des plateaux télévisés à 19h30 qui m’obligeaient à rouler à travers la Belgique comme je ne l’avais jamais fait.
Ce qui change surtout, c’est que je peux revenir à un intérêt plus global pour certaines choses. Je ne suis plus focalisé que sur le Covid. Je fête mes 70 ans ce 9 mars, donc voilà, il est aussi temps de me consacrer aux autres choses que j’aime faire.
En 2022, à l'occasion des deux ans de la pandémie, nous avions posé six questions à Yves Van Laethem. À (re)découvrir ci-dessous: