Procès des attentats de Bruxelles: Janet raconte "sa hantise de savoir ce qui était arrivé aux autres victimes et si elles étaient en vie"

Lors des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, Janet Winston et son mari Fred se trouvaient dans la file d'enregistrement pour la Delta Airlines à l'aéroport de Bruxelles lorsqu'une "boule de feu a déferlé" vers eux.

Belga

Reprenant leurs esprits quelques minutes plus tard, tous deux ont accompagné comme ils le pouvaient d'autres victimes. "Les jours qui ont suivi ont été terribles. Cette hantise de savoir ce qui leur était arrivé, à toutes ces personnes, savoir si elles étaient en vie", a témoigné mercredi Janet Winston devant la cour d'assises de Bruxelles.

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"J'ai beaucoup hésité à témoigner, comme tout le monde ici j'imagine. Je me demandais quel en serait l'utilité", a-t-elle déclaré face à la présidente de la cour, Laurence Massart. "Mais je me suis souvenue avoir un jour écrit dans mon journal : 'Dans le monde animal, il ne se trouve pas de tribunal pour rechercher la vérité et rendre justice'. J'ai vu de mes propres yeux le mal qui a été déployé et les terribles souffrances qui en ont découlé. Non seulement pour moi-même, mon mari, mes enfants, mes parents, ma famille, mais aussi d'autres personnes que j'ai rencontrées ce jour-là, dans des circonstances terribles".

Et c'est à ces personnes qu'a été consacrée la majeure partie de son très digne témoignage.

À cette personne contre qui elle a été propulsée par la déflagration, à cet homme africain "tellement brûlé qu'il en était blanchâtre", à cette jeune femme "à la hanche explosée", les entrailles à l'air, à celle qu'on pensait décédée mais dont elle a vu les pupilles bouger, à ces victimes qu'elle a pris dans ses bras "pour qu'elles ne se sentent pas seules".

"Les jours qui ont suivi ont été terribles. Cette hantise de savoir ce qui leur était arrivé, à toutes ces personnes, savoir si elles étaient en vie", a expliqué Janet Winston devant la cour.

"Les jours, les semaines, les mois, même les années sont passés", a-t-elle poursuivi. "Mon mari a subi cinq opérations, nous avons des problèmes d'ouïe, surtout moi, qui rendent notre vie vraiment compliquée au quotidien".

"Dans la vie de tous les jours, c'est vraiment difficile. Mais je suis reconnaissante pour la famille que j'ai, pour les enfants qui se sont occupés de nous - les rôles ont été renversés. Je suis reconnaissante pour toutes les autres victimes que nous avons appris à connaître (...), pour toutes les personnes que nous avons rencontrées dans l'administration, il y a aussi là-bas des personnes remarquables", a-t-elle dit, évoquant notamment une policière qui était allée chercher son sac à main parmi les corps ou encore un membre de l'administration qui les a régulièrement aidés pour "la paperasse". "L'association Life4Brussels nous a aussi énormément entourés."

"Je peux dire qu'on a pu avancer, c'est comme traverser une porte-fenêtre, ça laisse des cicatrices, mais je vais de l'avant et je suis reconnaissante, surtout que je sais aujourd'hui que, même dans notre monde cassé, la lumière existe", a-t-elle conclu.

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