Delhaize : la direction convaincue de trouver des repreneurs pour tous les magasins

Ces 128 magasins emploient actuellement 9.000 personnes.

Delhaize n’a pas fixé de deadline pour le passage sous franchise. La phase d’information et de consultation va débuter mardi prochain. La direction s’engage à répondre à toutes les questions des représentants syndicaux, selon M. Piesvaux. Il se dit convaincu que tous les magasins trouveront preneur. “Nous avons un modèle performant de magasin franchisé. Plus de 80 % de nos magasins sont gérés de la sorte. Ces magasins performent et gagnent des parts de marché, c’est une bonne garantie d’avenir pour les éventuels repreneurs.”

Il pense notamment à des gérants indépendants qui souhaiteraient étendre leur réseau ou à des managers des magasins intégrés qui voudraient tenter l’aventure.

"Nous sommes convaincus que c'est le bon modèle pour Delhaize", enchaîne le responsable des ressources humaines, llya Van den Borre. "Les franchisés ont vu leur part de marché augmenter de façon constante ces dernières années."

La hiérarchie ne disposait encore que de peu d'informations concrètes sur le sort des travailleurs du siège social. La transition progressive des supermarchés affiliés à un modèle de franchise va entraîner une réduction du nombre de postes au siège. Delhaize souhaite limiter "autant que possible" les départs. Un nombre précis ne sera connu qu'à l'issue de la procédure d'information et de consultation avec les représentants du personnel.

Selon la direction, tous les travailleurs concernés vont conserver leur poste, leur salaire et leurs conditions de travail, conformément à la CCT 32bis qui régit le transfert du personnel en cas de reprise. Toutes ces conditions sont transférées vers le magasin franchisé.

M. Van den Borre relève trois piliers sur lesquels va se construire la croissance future: la force de la marque Delhaize, les atouts d'une franchise "avec un ancrage local, l'entrepreneuriat et la flexibilité commerciale", et les effectifs bien formés et expérimentés du groupe.

Trouver des franchisés sera "un défi"

Trouver des entrepreneurs pour tous les magasins que le groupe Delhaize veut franchiser "sera un défi", considère la professeure de marketing à la KU Leuven, Els Breugelmans. Il estime que ce ne sera pas aussi simple parce que le marché est aujourd'hui "très concurrentiel" et que le contexte "n'est pas favorable non plus" pour reprendre un magasin. La Belgique compte en moyenne 3,4 magasins pour 10.000 habitants, contre 1,79 aux Pays-Bas par exemple. "La Belgique ne bénéficie pas d'un paysage facile sur le plan de la concurrence, il y a trop de magasins aujourd'hui", explique la professeure. "Et il y a aussi beaucoup d'achats frontaliers."

Elle souligne aussi le contexte économique avec les coûts élevés de l'énergie, des marges réduites et la forte inflation. "En termes de coûts, c'est un mauvais timing", poursuit-elle.

La spécialiste du commerce de détail suppose que la décision de franchiser les magasins a également été motivée par la pression de la société mère aux Pays-Bas. "C'est l'histoire du petit frère Delhaize qui coûte cher mais qui ne va pas très bien", résume-t-elle.

Els Breugelmans confirme d'ailleurs que les magasins indépendants permettront à Delhaize de baisser ses coûts et de gagner en flexibilité. "Les coûts salariaux de ces magasins ne pèseront plus sur sa propre masse salariale. Les magasins franchisés peuvent aussi travailler davantage avec des étudiants et alors rester ouverts plus longtemps ou ouvrir le dimanche. Et les entrepreneurs locaux peuvent réagir plus rapidement aux besoins du consommateur."