Procès des attentats de Bruxelles: Mohamed Abrini assistera au témoignage des victimes des attentats
Mohamed Abrini a annoncé ce vendredi qu'il assistera au témoignage des victimes des attentats de Bruxelles.
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Publié le 03-03-2023 à 15h44
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Mohamed Abrini assistera au témoignage des victimes devant la cour d'assises de Bruxelles chargée de juger les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. C'est ce qu'il a annoncé vendredi lors d'une audience devant la cour d'appel de Bruxelles, saisie par l'État belge, qui souhaite réformer la décision du juge des référés de fin décembre ayant interdit les fouilles à nu avec génuflexion des accusés à ce procès.
Si ces fouilles continuent à être appliquées tel qu'actuellement, Mohamed Abrini refusera de comparaître, comme il le fait déjà depuis plusieurs semaines en quittant quotidiennement le box des accusés pour retourner en cellule, a-t-il prévenu. Il souhaite l'application des mêmes mesures de sécurité que celles qui avaient été appliquées lors du procès des attentats du 13 novembre 2015 devant la cour d'assises de Paris.
"Je ne comparaitrai pas sauf les quelques jours où les victimes viendront déposer à la barre", a-t-il cependant ajouté. "On ne va pas se faire passer pour des victimes et contrairement à l'État (belge), nous avons du respect pour elles", a-t-il lancé.
"Nous ne cherchons pas à instrumentaliser le procès et on ne veut pas se faire passer pour des victimes", a affirmé celui qu'on surnomme aussi "l'homme au chapeau" et qui aurait dû se faire exploser à l'aéroport de Zaventem le 22 mars 2016.
Face à "l'humiliation totale" dont il affirme être victime avec ses co-accusés détenus, dénonçant les violences dont ils sont parfois l'objet lors de ces fouilles, l'intéressé préfère "rester tranquillement en cellule", "et tant pis pour le procès".
À ses yeux, c'est "le jour et la nuit" entre les conditions de transfert à Paris et celles en vigueur à Bruxelles. Dans la capitale française, Mohamed Abrini était fouillé quotidiennement mais jamais à nu, ni avec des génuflexions.
"On m'y a donné une ceinture avec des menottes, mais pas de masque occultant sur les yeux, pas de musique satanique, pas de gilet pare-balles, et pendant dix mois, cela n'a posé aucun problème", s'est-il souvenu. "Ici, j'ai un gilet pare-balle qui pèse des tonnes alors que j'ai des problèmes de dos, un masque sur les yeux, avant il y avait de la musique.. Ils (les policiers, NLDR) veulent qu'on soit désorientés alors qu'on doit répondre à des questions. J'arrive ici et j'ai la haine! J'ai été humilié et je sens son souffle chaud (celui du policier encagoulé se trouvant derrière l'accusé dans le box des détenus, NDLR) derrière moi. Je ne peux pas m'exprimer comme ça."
Lors de sa plaidoirie devant la cour d'appel vendredi matin, l'avocate de Mohamed Abrini avait auparavant dit ne plus reconnaître son client. "Il n'a plus le même regard, plus le même comportement" qu'il y a quelques mois et que lors du procès à Paris, a ainsi constaté Me Laura Pinilla, se disant impuissante, avec son confrère Me Stanislas Eskenazi, face à ce phénomène.
"Si cette mascarade continue, il ne sera pas là pour répondre aux questions et pour entendre les victimes", avait-elle prévenu avant que son client ne s'exprime.
"On a tout fait à Paris pour que ça se passe bien. Pas de masque occultant, pas d'énorme gilet pare-balle. Mohamed Abrini était traité avec dignité et le rendait bien. Cela a permis de merveilleux moments d'humanité, avec plusieurs victimes qui se sont approchées de M. Abrini car il avait répondu à leurs questions", s'est souvenue Me Pinilla. "C'est dramatique ce qui est en train de se passer", a-t-elle alerté.
L'État belge fera tout pour contrecarrer votre décision, a-t-elle encore mis en garde, à l'attention des juges de la cour d'appel. "Je vous demande de ne pas leur laisser cette opportunité une seconde fois et de rappeler au ministre de la Justice qu'un État démocratique n'est pas un menu à la carte. Alors peut-être aura-t-on un procès digne de ce nom", a conclu l'avocate.