Les dirigeants de l’arbitrage belge répondent aux critiques : “Plus de sérénité… et plus d’argent svp”

Les deux directeurs du département arbitrage belge veulent montrer plus de transparence et aimeraient avoir plus d’arbitres professionnels à disposition.

TUBIZE, BELGIUM - APRIL 30 : Referees Kevin Van Damme, Ken Vermeiren and operator Dieter Van Esch analysing matches in the new VAR operation room during the Jupiler Pro League Champions' Play-Off match on April 30, 2022 in Tubize, Belgium, 30/04/2022 ( Photo by Vincent Kalut / Photonews
Kevin Van Damme et son équipe du VAR en action à Tubize (archives). ©VKA

Il a été beaucoup question d’arbitrage et de VAR ces derniers temps dans le football belge. Un peu plus encore au nord du pays, depuis l’importantissime Bruges-Gand où le coup de coude de Buchanan est passé sous le radar de l’arbitrage vidéo de Kevin Van Damme. Les mots très durs d’Hein Vanhaezebrouck qui n’a pas hésité à jouer l’homme pour faire diversion sur la nouvelle défaite de son équipe ont eu un écho retentissant. Au sein du département arbitrage aussi. Raison pour laquelle les deux dirigeants, le Français Bertrand Layec, directeur technique, et l’Allemand Herbert Fandel, responsable des arbitres, ont parlé aux médias. “On sait qu’on doit progresser dans certains aspects.” Mais ils ont aussi fait passer quelques messages.

Bertrand Layec et Herbert Fandel.
Bertrand Layec (avant-plan) et Herbert Fandel (à gauche) ont défendu leurs arbitres et annoncé que certains changements pourraient arriver. ©Bruno Fahy

1. “Ne tuez pas les arbitres”

”Les arbitres sont trop dans les médias. Il est démesuré de faire peser une telle pression sur un seul homme”, lance Herbert Fandel, en pensant à la façon dont Kevin Van Damme a été épinglé. “C’est comme un attaquant qui rate une occasion devant un but vide. C’est une erreur mais ça arrive et cela ne veut pas dire qu’on doit le tuer comme cela a été fait. Je dis ça pour les entraîneurs aussi, évidemment. S’ils peuvent s'enlever un peu de pression des épaules en pointant l’arbitre, ils le font. Je peux comprendre qu’on réagisse à chaud, mais après, il faut remettre la tête en marche et se calmer.” Et éviter les communications incendiaires les jours suivants. Peut-être faudra-t-il en revenir à des sanctions lorsque les propos dépassent la limite.

Le malaise guetterait-il le corps arbitral belge ? “On n’est en pas là”, répond l’Allemand. “Mais on sait ce qui peut se passer quand il y a trop de pression et on connaît les capacités des arbitres à la subir. C’est une chose pour les plus expérimentés et c’en est une autre pour les plus jeunes.”

2. Communication, micro, écran : du changement à venir

Le manque de clarté voire de transparence du département arbitrage est régulièrement pointé du doigt. Et les deux dirigeants admettent volontiers qu’il y a moyen de progresser : “Notre communication telle qu’elle était faite actuellement le lundi (NDLR : Frank De Bleeckere expliquait les décisions litigieuses du week-end en vidéo) va être modifiée d’ici peu. Peut-être l’arbitre lui-même pourra-t-il expliquer ce qui s’est passé, mais pas à chaud”, explique Bertrand Layec.

La comparaison avec d’autres sports où la discussion entre l’arbitre principal et son homologue du VAR est diffusée à l’antenne est souvent faite. “Ce n’est pas autorisé par l’IFAB (NdlR: l’organe qui fixe les règles), pour le moment”, rappelle Bertrand Layec. “Des tests vont être entrepris par la FIFA et nous pourrions en être. C’est un projet dont nous discutons avec la Pro League et pour lequel on attend l’accord de l’IFAB. Mais attention, l’arbitre n’est pas la star. Je ne souhaite pas que toutes ses discussions soient diffusées, plutôt le moment de la décision finale et la façon dont on reprend le jeu.”

En attendant, un changement concret pourrait arriver dans les prochains mois : l’affichage à l’écran non plus de la mention “VAR check” mais de la nature précise du problème qui est étudié : “faute de main”, “hors jeu”, “carton rouge”, etc.

Micro et écran géant pour clarifier les choses?

3. L’argent est clé : “Il est temps d’investir plus”

Il y a actuellement seize arbitres dans le groupe d’élite 1A, dont douze seulement sont semi-professionnels. Il est parfois compliqué de gérer un si petit “noyau” pour un championnat qui demande à chaque journée neuf arbitres centraux et neuf de premier plan dans le VAR à Tubize, qui enchaînent parfois deux matchs d'ailleurs. “Pour nous améliorer encore, il faudrait pouvoir passer plus de temps à Tubize avec nos arbitres”, poursuit Layec. “Et, idéalement, avoir deux ou trois arbitres professionnels en plus.”

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Les clubs évolueraient-ils avec des joueurs qui ne sont pas professionnels?

Un appel du pied pour plus de moyens ? “Bien sûr que le budget est également une question qui compte. C’est une partie de la solution. Avoir plus de professionnels qui seraient davantage à Tubize serait une bonne chose.” La Pro League et ses membres seront-ils de cet avis, eux qui estiment déjà régulièrement qu’ils déboursent beaucoup ? “Est-ce vraiment cher payé pour un arbitrage de qualité ?”, poursuit Layec. “On ne doit pas oublier qu’on parle de gens qui ne sont pas des temps plein. Imaginez que les clubs évoluent avec des joueurs qui ne seraient pas professionnels. On doit y aller étape par étape, mais c’est probablement un bon moment pour discuter ouvertement de ce point.” À bon entendeur…

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