Geneviève Lhermitte est morte euthanasiée: retour sur le quintuple infanticide de Nivelles en 6 points
Le 28 février 2007, Geneviève Lhermitte tuait ses cinq enfants dans la maison familiale à Nivelles. Condamnée à la perpétuité pour ce quintuple infanticide, elle avait été libérée en 2019, avant de mourir par euthanasie 16 ans après les faits jour pour jour. Retour sur cette affaire en six points.
Publié le 02-03-2023 à 10h05
1. LES FAITS

Le 28 février 2007. Cette date restera graver dans les mémoires. Ce jour-là, la mère de famille Geneviève Lhermitte avait commis un quintuple infanticide dans sa maison à Nivelles.
Elle avait assommé puis égorgé ses cinq enfants. Le plus petit, Mehdi, avait 3 ans. La plus âgée, Yasmine, avait 14 ans. Son mari, Bouchaïb Moqadem, était quant à lui parti en voyage à l’étranger.
La mère de famille avait ensuite tenté de mettre fin à ses jours, avant de finalement prévenir les secours.
Hospitalisée dans un premier temps, elle a ensuite été placée sous mandat d’arrêt et inculpée pour le quintuple infanticide.
Elle a été transférée à la prison de Berkendael à Bruxelles, dans la section psychiatrique de la prison.
2. L’ÉMOTION

Bouchaïb Moqadem, rentré de voyage, était évidemment effondré, en apprenant la nouvelle dès son arrivée à l’aéroport de Zaventem. Il était sur le chemin du retour quand l’infanticide a eu lieu. Ni lui, ni personne d’autre ne pouvait expliquer les raisons de ce crime.
Le meurtre odieux de la mère de famille avait aussi secoué tout le pays entier. Diverses cérémonies d’adieu et d’hommage avaient été organisées en Belgique, et notamment à la Grande Mosquée de Bruxelles.
À la demande du père, les corps des cinq jeunes victimes ont finalement été rapatriés au Maroc, une semaine après le multiple meurtre. Ils ont été inhumés dans la tradition musulmane à Agadir.
3. LE PROCÈS
Le 8 décembre 2008 débute le procès de la mère de famille à la cour d’assises du Brabant wallon. Pleins de questions restent en suspens mais une seule est centrale: pourquoi une mère de famille a-t-elle fini par commettre un crime aussi odieux? De nature psychologique fragile, Geneviève Lhermitte avait déjà éprouvé des idées suicidaires. Malgré cela, les psychologues et autres experts de la santé qui ont analysé le comportement de la mère de famille ont imposé leur verdict: elle était bien responsable de ses actes.

Après 15 jours de débat acharné, la peine est tombée: la prison à perpétuité. Une peine sévère mais logique, dès lors que l’accusée était reconnue coupable de ses actes. Aucune circonstance atténuante n’a été retenue pour adoucir sa peine. Le jury a voulu marquer le coup avec une sanction symbolique dure. Ni la solitude, ni la fragilité mentale, ni la personnalité de l’accusée ne pouvaient expliquer la gravité du geste. Geneviève Lhermitte a encaissé le coup sans broncher, comme à son habitude.
«Ma peine, je m’en fous complètement», avait-elle déclaré à l’issue de ce procès. «J’aurai toujours le mal de me sentir vivante».
Son récit des faits
4. UNE PREMIÈRE DEMANDE DE LIBÉRATION
Après dix de prison à Berkendael à Forest, Geneviève Lhermitte introduit une première demande de libération conditionnelle en 2017. Il s’agissait en réalité d’une demande de détention limitée. Une telle requête lui aurait permis de sortir de prison le jour, et d’y revenir la nuit. Si elle était dans les conditions légales pour la solliciter, le tribunal d’application des peines a finalement rejeté sa demande.
Bouchaïd Moqadem, son ex-mari, avait expliqué il y a plusieurs mois au micro de RTL que ce serait un choc si cette dernière sortait. Il s’opposait à cette libération. «Ça va bouleverser ma vie» avait-il confié.
5. LIBÉRÉE (FINALEMENT) SOUS CONDITIONS
En 2018, Geneviève Lhermitte avait déjà pu bénéficier de deux sorties durant l’été. Pour obtenir une sortie, elle devait présenter un plan de réinsertion, avec un travail ou une formation couplé à un suivi extérieur.
En février 2019, elle avait à nouveau introduit une demande de libération. Son avocat, Me Cohen, avait déclaré sa volonté d’intégrer un centre psychiatrique fermé pour poursuivre le travail thérapeutique déjà effectué. Sa demande a finalement été acceptée, mais sous d’imposantes conditions. Un suivi psychiatrique strict en centre fermé était notamment prévu. En décembre 2020, elle avait changé de lieu de vie pour un lieu d’accueil plus ouvert, venant en aide aux adultes en difficulté psychique.
6. EUTHANASIÉE 16 ANS APRÈS LES FAITS
Après une tentative de suicide en septembre 2021, elle est finalement décédée le 28 février 2023 à l'âge de 56 ans. Elle a été euthanasiée à sa demande, pour raisons médicales (souffrance psychologique sans espoir).
Une telle affaire a marqué l'histoire judiciaire belge. Un livre et même un film ont raconté l'affaire tristement célèbre de Geneviève Lhermitte.
(Cet article est une mise à jour d'une 1er version publiée en avril 2019)