Client protégé conjoncturel: le tarif social wallon est-il "sous-consommé" ?
Le tarif social wallon ne bénéficierait qu’à 0,02% des ménages wallons, selon le PTB. Au cabinet Henry, on n’hésite pas à parler de malhonnêteté intellectuelle.
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Publié le 24-02-2023 à 18h30
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Quand il s’agit d’aider les moins nantis des Wallons à payer leur facture d’énergie, le gouvernement wallon n’en touche pas une. C’est en tout cas la thèse du PTB. Selon le chef de groupe au Parlement wallon germain Mugemangango, " le tarif social wallon n’a bénéficié qu’à 0,02% des ménages de Wallonie. Le gouvernement PS, MR, Écolo d’Elio Di Rupo est complètement déconnecté de la réalité". Pour le PTB, la seule option pour la Région, c’est de virer les charges wallonnes de la facture d’énergie. Et bloquer les prix au fédéral.
Au cabinet de l’Écolo Philippe Henry, ministre wallon de l’Énergie, on fait un peu plus que tempérer.
"Trop court"
Ce taux de 0,02%, Germain Mugemangango l’a établi sur base d’une réponse écrite du ministre à une question posée en janvier dernier par le député Antoine Hermant (PTB). Celui-ci demandait notamment combien de ménages wallons avaient bénéficié du statut de client protégé conjoncturel entre septembre et décembre 2022. Réponse: 318 pour l’électricité et 123 pour le gaz, selon les données des gestionnaires de réseau transmises au cabinet Henry.
Les données n’étaient pas encore accessibles pour les ménages ayant reçu la protection conjoncturelle pour les deux charges cumulées, gaz et électricité.
"Se concentrer sur une période de trois mois pour juger de l’efficacité d’un mécanisme est d’une malhonnêteté intellectuelle sans nom, réagit-on chez Philippe Henry. Par exemple, rien qu’en janvier, il y a eu 240 nouveaux clients protégés en électricité et 200 en gaz."
La Région, simple renfort
Pour rappel, le statut de client protégé conjoncturel a été créé en Région wallonne pendant la crise sanitaire. Il s’agissait de soutenir les consommateurs en détresse face à leur facture. L’octroi de ce statut ouvre l’accès au tarif social pendant un an. Les crises succédant aux crises, en septembre 2022, le statut a été prolongé d’un an (jusqu’au 31 août 2023), entre autres mesures.
Cette protection conjoncturelle, rappelle-t-on chez Philippe Henry, reste "subsidiaire aux mesures adoptées par le fédéral (réduction de la TVA, aides directes sur la facture)".
"Derrière les chiffres"
Néanmoins, l’intervention wallonne reste trop peu sollicitée. Le client doit introduire une demande auprès de son gestionnaire de réseau avec, selon les cas de figure, un document du CPAS attestant de ses difficultés financières, ou le courrier du fournisseur indiquant le défaut de paiement, en plus d’une attestation prouvant un chômage, le statut BIM, etc. Ce qui explique peut-être en partie ce non-recours au droit pour ceux qui pourraient en bénéficier.
"En fonction des derniers chiffres, au total, depuis le début de l’existence de ce statut, on est à 6 300 clients protégés en électricité et 3 880 en gaz, souligne néanmoins le cabinet du ministre. Ce n’est peut-être pas beaucoup en chiffre absolu. Mais derrière, il y a chaque fois une famille, des personnes qui ont été effectivement aidées parce qu’elles ont activé leur droit."
Selon la Fondation Roi Baudouin ( baromètre de juin 2022), des trois Régions, c’est la Wallonie qui enregistre le taux le plus élevé de précarité énergétique, avec près de 30% des ménages touchés (26,5% à Bruxelles et 15,9% en Flandre).