Sécheresse hivernale : faut-il s’inquiéter du peu de pluie en Belgique ?
Le mois de février 2023 est l’un des mois de février les plus secs jamais enregistrés. Un plan est-il déjà à prévoir pour la Wallonie et Bruxelles ?
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Publié le 21-02-2023 à 20h33 - Mis à jour le 21-02-2023 à 21h09
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Cela fait un mois qu’il n’est pas tombé une goutte de pluie en France, du jamais vu en cette saison. Peu d’eau en hiver, cela signifie peu de réserves pour l’été. La situation préoccupe nos voisins, mais qu’en est-il en Belgique ? Le 27 janvier déjà, un sourcier de Wellin annonçait une sécheresse dès le 15 mai. Faut-il s’inquiéter de cet hiver trop sec ? Pascal Mormal, météorologue à l’IRM, nous apporte des éléments de réponse.
Comme en France, les 30 derniers jours ont été très secs en Belgique. “Depuis le 21 janvier dernier, seulement 12,8 mm d’eau sont tombés à Uccle, contre 68,2 mm pour la normale sur la même période”, démontre Pascal Mormal. Pourtant, ces données n’inquiètent pas particulièrement le météorologue. “Contrairement à la France, nous avons connu un début de mois de janvier très pluvieux” précise-t-il. Souvenez-vous, des inondations étaient même attendues dans certaines provinces. Ces fortes précipitations du début du mois de janvier contribuent notamment à équilibrer les niveaux actuels des nappes phréatiques. Bref, rien d’inquiétant à ce stade.
Par contre, la situation pourrait devenir problématique si les tendances se maintiennent. “On peut déjà prédire que le mois de février sera fortement déficitaire. La normale pour un mois de février se situe à 65,1 mm de précipitations alors que nous en sommes seulement à 8,3 mm en 21 jours” analyse Pascal Mormal. Et de continuer : “On attend des précipitations dans les prochains jours mais ça ne suffira certainement pas.”
Pour ne rien arranger, on annonce déjà un printemps plutôt sec avec peu de précipitations aux mois de mars, avril et mai, même si les modèles saisonniers sont à prendre avec des pincettes. “Les meilleures pluies pour les sols sont les pluies d’automne et d’hiver qui percolent progressivement. Il faut donc espérer qu’on n’ait pas un printemps aussi sec que prévu, si non on pourra s’inquiéter plus”, prévient le météorologue.
Wellin: Gabriel Bihain annonce la sécheresse dès le 15 maiComposer avec le manque de neige
Une des tendances qui inquiète particulièrement nos voisins, c’est le manque de neige observé cet hiver. Cette neige qui fond au printemps représente un apport considérable pour les sols et les nappes phréatiques françaises, qui devront s’en passer cet été. “Une bonne neige en hiver, c’est la garantie d’avoir un apport bénéficiaire pour les sols au printemps. On observe la période la plus sèche en France depuis 1959 et l’hiver le moins enneigé depuis 1963, c’est assez préoccupant.”
Le centre de crise en vigilance
Stéphanie Ernoux, porte-parole du Centre régional de crise, tient à rassurer pour la Wallonie et Bruxelles. “Nous assurons un suivi régulier auprès de tous les services de l’administration concernés. Un monitoring des précipitations est réalisé sur les cours d’eau, les barrages et les nappes phréatiques, plusieurs fois au cours de l’hiver et beaucoup plus fréquemment dès le printemps.” Autrement dit, le Centre de crise tient le niveau d’eau à l’œil. Mais un plan régional est-il déjà prévu au vu des maigres précipitations hivernales ?
La porte-parole rejoint les conclusions de Pascal Mormal. “Les précipitations du mois de janvier ont permis de faire remonter le niveau des barrages, ce qui nous rassure pour l’instant” dit-elle. Pourtant, la vigilance est de mise. Concernant les nappes phréatiques, il est trop tôt pour dresser les constats. Ces nappes souterraines réagissent toujours avec une certaine latence, le temps que l’eau percole à travers les sols. “La situation n’est pas anormale à ce stade mais il est encore trop tôt pour prédire la recharge complète de ces nappes plus profondes qui réagissent plus tard.” Le bilan estival ne pourra pas être dressé avant la fin du mois d’avril. Patience donc, et vigilance.