De moins en moins de distributeurs de billets: "Il faut passer à l’action", selon plusieurs partis
La réduction du nombre de distributeurs de billets inquiète sur les bancs de la Chambre. Plusieurs propositions de loi (Écolo-Groen, PTB, etc.) ont été déposées, alors qu’un accord avec les banques est toujours en cours de négociation.
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Publié le 21-02-2023 à 07h00 - Mis à jour le 21-02-2023 à 08h35
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La dernière proposition en date a été déposée par Écolo-Groen, vendredi à la Chambre et vise "à garantir la présence de distributeurs de billets sur l’ensemble du territoire".
Actuellement, le gouvernement fédéral est en négociation avec le secteur bancaire sur un protocole d’accord garantissant un accès "satisfaisant" aux distributeurs de billets. Pour rappel, le projet Batopin lancé en 2020 – qui réunit les 4 grandes banques du pays (Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC), consiste à créer un nouveau réseau de distributeurs neutres de billets et "une meilleure répartition de ceux-ci" – suscite de nombreuses craintes.
C’est que le projet – dont le but est de supprimer les distributeurs dans les agences pour les remplacer par 2240 points cash d’ici fin 2024 – mène à une forte réduction du nombre de guichets.
Une étude de l’Iweps, publiée fin 2022, indique ainsi qu’entre fin 2020 et fin 2021, le nombre d’ATM a baissé de 14% en Belgique et que d’ici 2025, la Belgique en perdra encore 2 000. En moyenne, il y aurait 1 ATM pour 2 903 habitants en 2025, contre 1 pour 1942 aujourd’hui.
À noter qu’un autre consortium bancaire Jofico (Axa, Crelan, bpost, Argenta, vdk bank) a été créé lui aussi dans le but d’une gestion commune de leurs distributeurs.
Face aux inquiétudes, le ministre de l’Économie, Pierre-Yves Dermagne (PS), tente d’améliorer le projet avec les banques. L’objectif est d’atterrir sur un accord fin mars.
"Un service capital"
En attendant, la réduction du réseau de distribution – 27% des points cash Batopin sont déjà en service -, inquiète à la Chambre: les propositions de loi se multiplient sur le sujet.
Histoire de "maintenir la pression, alors que l’on sent que les discussions patinent. Plus on attend, plus des distributeurs ferment. Il est temps de passer à l’action", dit-on chez Écolo.
"On fait face à une désertification bancaire organisée, note Nicolas Parent, député fédéral à la base de la proposition Écolo-Groen déposée vendredi dernier. La rentabilité par machine a été analysée. Résultat: chaque semaine, dans des zones rurales ou en périphérie des villes, des agences ferment et des distributeurs sont retirés. Or, avoir accès au cash est un service capital. Ici, cela exclut les plus âgés, ceux qui souffrent de la fracture numérique, etc."
Or selon une récente enquête de la Banque centrale européenne, 27% des Belges disent avoir des difficultés à se procurer du cash. Et c’est en Belgique que le plus de plaintes ont été recensées.
Fonds de compensation
Le député propose de mettre en place un Fonds de compensation financé par les banques en fonction de leur "importance économique" et de leur contribution au réseau de distributeurs. Un Fonds qui serait géré par un organisme public (émanant de la BNB), utilisé pour assurer l’accès de 95% de la population à un distributeur dans les 2,5 km par la route ; 98% dans les 5 km par la route ; un seuil de 1500 habitants par distributeur ; la gratuité des retraits…
Et ce n’est pas "irréaliste", assure Nicolas Parent: "selon l’Iweps, si on avait gelé le projet Batopin fin 2021, avec 83 ATM en plus en Wallonie, on arrivait à un taux de couverture de 95% de la population à moins de 5 km !" Et d’ajouter: "Les banques ont fait des bénéfices records en 2022. Ce n’est pas comme si on coupait un bras à un secteur en crise ! Aujourd’hui, on utilise bpost (argent public) pour pallier le manquement des banques. Le contrat de gestion oblige en effet bpost à installer un distributeur dans les communes qui n’en ont plus."
Sur l’idée d’un organisme public, le ministre Dermagne a déjà réagi: "cela nécessiterait des moyens humains et matériels substantiels" . " C’est une question de priorité", répond Nicolas Parent pour qui la "charte" négociée par le ministre, "qui ne serait pas contraignante, est trop tardive. Il faut passer par la case loi, fixer des obligations et pénalités".
"Stopper l’hémorragie"
Le PTB a déposé une proposition dans le même sens début février: "Si le ministre Dermagne se positionne correctement fin mars – entendez rejoignant Test-Achats et Financité (voir ci-contre) - , on soutiendra et on laissera tomber la proposition", dit Roberto D’Amico (PTB).
Le cas échéant, le parti souhaite la création d’un organisme financé par les banques, chargé d’installer les machines nécessaires pour en avoir une par commune. "Rixensart, qui a vu ses 8 distributeurs disparaître, doit se résoudre à en installer un elle-même ! Il faut stopper l’hémorragie. C’est tout un tissu économique local qui est mis en péril."
Fin janvier, PS et Vooruit déposaient aussi un texte pour "garantir une dispersion minimale des distributeurs".
Au cabinet Dermagne, on indique que les discussions se poursuivent et que le but est bien d’atterrir en mars. Si ce n’était pas le cas, le ministre a déjà brandi la menace législative. Du côté de Febelfin, on ne commente pas plus: "le dialogue est constructif. On essaie de voir comment mieux optimiser l’accès au cash ", nous dit-on.