Guerre en Ukraine: à Munich, De Croo tente de convaincre la Chine et le Sud de l'importance du soutien à Kiev (vidéo)
Le Premier ministre belge Alexander De Croo participe à la Conférence sur la sécurité à Munich. Il y tente de convaincre des dirigeants de soutenir l'Ukraine. A l'heure actuelle, 60% de la population mondiale n'est pas de cet avis.
Publié le 19-02-2023 à 14h28
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Le Premier ministre, Alexander De Croo, s'est employé durant le week-end à Munich, durant la Conférence sur la sécurité, à convaincre certains dirigeants de l'importance du soutien à l'Ukraine. Il s'est notamment entretenu avec des représentants de pays du Sud mais aussi avec le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi.
Si les pays occidentaux ont rallié la cause ukrainienne, ce soutien ne va pas de soi à l'échelle du monde. Environ 60% de la population mondiale, ou du moins les régimes qui la gouvernent, soit appuient la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine, soit s'abstiennent, à l'instar de la Chine.
Samedi, Wang Yi, directeur du Bureau central des Affaires étrangères du Parti communiste chinois, a annoncé à Munich que son pays prendrait prochainement une initiative de paix pour tenter de résoudre la crise ukrainienne. Il se rendra à Moscou après la Conférence de Munich. A l'occasion d'un entretien bilatéral, le Premier ministre belge lui a demandé d'user de son influence pour convaincre la Russie de retirer ses troupes d'Ukraine, a-t-on appris au cabinet de M. De Croo.
Un déjeuner était par ailleurs consacré à la façon d'envisager la crise ukrainienne de manière globale, en y intégrant les pays du Sud. Y participaient, entre autres, des ministres en exercice du Brésil, de Colombie et du Togo ainsi que l'ancien président colombien Juan Manuel Santos, l'ancien président de Mongolie et membre de la Commission contre la peine de mort, Tsakhiagiin Elbegdorj, et le prince jordanien Zeid bin Ra'ad bin Zeid al-Hussein, ex-Haut commissaire aux droits de l'homme.
La menace russe n'est pas vue de la même manière en Europe que dans le reste du monde, et de nombreux pays ne voient pas l'intérêt de soutenir l'Ukraine, constate la diplomatie belge. Il y a certes la force du "narratif" russe mais, aux yeux de la Belgique, il convient aussi de voir plus loin: au cours des décennies écoulées, un ressentiment anti-occidental s'est développé qui, par exemple, en Afrique, a pris la forme d'un ressentiment anti-colonial.
Au cours du déjeuner, M. De Croo a exposé à ses interlocuteurs les efforts entrepris par la Belgique pour solder son passé colonial, notamment par l'expression de regrets prononcés par le Roi en juin dernier à Kinshasa et la mise en place d'une politique de restitution d'objets spoliés ou d'une commission parlementaire qui s'est penchée sur cette page de l'histoire (sans toutefois parvenir à s'accorder sur des conclusions, ndlr).
Selon le chef de gouvernement belge, les pays européens veillent aujourd'hui à s'affranchir de ce passé colonial et impérialiste, là où d'autres s'engagent dans cette voie en Afrique et profitent à leur tour de ses ressources. "Je n'appelle pas cela un partenariat, j'appelle cela de l'impérialisme", a-t-il dit.
Aucun pays n'est cité mais la mainmise chinoise sur certains États fragiles a régulièrement été dénoncée ces dernières années de même que, plus récemment, l'immixtion russe par le biais de groupes militaires privés, comme le tristement célèbre Wagner.