Lutte contre le trafic de Drogue : voici comment le gouvernement De Croo va serrer la vis
Création d’un commissaire national aux drogues, renforcement policier dans le port d’Anvers, amendes plus lourdes pour les consommateurs… Le Conseil national de sécurité s’est réuni ce jeudi matin autour du Premier ministre Alexander De Croo. En matière de lutte contre le trafic de drogue, le gouvernement veut frapper fort en mettant en place sept mesures phares.
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- Publié le 16-02-2023 à 17h30
Ce jeudi, à l’issue d’un conseil national de sécurité, Alexander De Croo a détaillé avec les ministres de la Justice, de l’Intérieur et des Finances, la nouvelle approche répressive de la Belgique.
1. Un commissaire national aux drogues
Le gouvernement va désigner un Commissaire national aux drogues. “Il se passe des choses graves à Anvers”, a lancé le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD). “Ce nouveau commissariat, composé de dix personnes, va coordonner la lutte contre le trafic de drogue. Le Commissaire sera un magistrat, afin de garantir son indépendance, et il sera nommé ce vendredi après concertation avec le Collège des procureurs généraux”. Selon le gouvernement, ce commissaire travaillera en étroite collaboration avec l’ensemble des instances fédérales, régionales et locales. Il sera nommé pour une période de cinq ans et le budget du nouveau commissariat sera réparti entre les quatre départements concernés.
2. Consommateurs : des amendes plus lourdes
“Les amendes qui visent les consommateurs de drogue pourront désormais s’élever à 1000 €”, a lancé Vincent Van Quickenborne. Concrètement, le principe existant de transaction immédiate pour la possession de drogues ne sera plus appliqué qu’aux festivals de musique mais sera généralisé. Pour la détention de cannabis, l’amende restera de 75 € pour une quantité inférieure ou égale à 10 grammes et de 150 € pour une quantité inférieure ou égale à 20 grammes. Pour les personnes prises en possession de cocaïne, l’amende pourra atteindre 1000 euros.
3. Les travailleurs des ports screenés
Les 16000 personnes qui occupent des fonctions au sein des ports belges seront désormais contrôlées par les services de sécurité et de renseignement. “Cela ne concerne pas qu’Anvers, mais bien tous les ports du pays comme Liège, a précisé Vincent Van Quickenborne. On va croiser toutes les données, mais aussi leurs contacts et leurs avoirs financiers. Il est clair que les trafiquants tentent de corrompre le personnel portuaire. Ce sera un screening systématique. On va identifier les pommes pourries.”
4. Un renforcement de la sécurité du port d’Anvers
De 116 agents, la police portuaire d’Anvers va passer à 312 hommes d’ici la fin de la législature. À très court terme, une centaine de policiers supplémentaires seront envoyés sur le terrain grâce au soutien de la réserve de la police fédérale. En outre, un nouveau corps de sécurité pour le port d’Anvers sera créé avec 86 agents, a détaillé la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (cd&v).
5. Tous les conteneurs à risques scannés
108 nouveaux douaniers sont en phase de recrutement dans le port d’Anvers. Le gouvernement est aussi occupé à l’achat d’équipements de scanning modernes et mobiles pour garantir la poursuite du déploiement du projet “100 % scanning” des containers à risques dans le port d’Anvers.
6. Une coopération policière internationale
Le gouvernement souhaite augmenter la coopération internationale. Une rencontre avec les autorités néerlandaises est prévue ce vendredi avant un sommet en avril avec les Pays-Bas, mais aussi l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la France.
Toutefois, comme l’ont signalé les autorités, tout ne fonctionne pas parfaitement. Selon Vincent Van Quickenborne, on observe parfois “un manque de volonté d’exécuter les traités” : “Nous avons une liste de “targets” que l’on voudrait pouvoir extrader, mais tous les ministres de la Justice en Europe font parfois face à un manque de volonté de la Turquie, du Maroc, mais aussi des Émirats arabes unis. ”
7. Un renforcement du pouvoir des autorités locales
En septembre 2022, après une rencontre avec les bourgmestres des quatorze grandes villes, le gouvernement avait annoncé l’arrivée d’une loi sur l’approche administrative. Avec celle-ci, le gouvernement souhaite conférer aux autorités locales un nouveau cadre juridique clair et offrir davantage de pouvoirs aux bourgmestres.
Ce dispositif devrait permettre aux pouvoirs locaux de fermer les commerces liés au blanchiment d’argent provenant de la drogue. Cet avant-projet de loi a été approuvé en deuxième lecture et le texte sera soumis au vote du Parlement.
Pour Georges Dallemagne (Les Engagés), il s’agit “d’un coup de com”
Ce jeudi après-midi, à la Chambre des représentants, le député Georges Dallemagne (Les Engagés) a fait part de ses impressions sur le plan du gouvernement en interrogeant le Premier ministre et le ministre de la Justice : “On a l’impression d’avoir un peu de resucées dans vos annonces. Qu’il s’agit d’un coup de com”, a lancé Georges Dallemagne depuis les bancs de l’opposition. “Il y a un mois, vous aviez déjà annoncé la création de ce commissariat aux stupéfiants.”
Pour Les Engagés, il faut que le gouvernement joigne le geste à la parole. “Le narcotrafic est un cancer pour la société. Il corrompt les institutions”, a ajouté Georges Dallemagne après avoir entendu les explications. “Ce qui manque sans doute, ce sont des moyens supplémentaires, c’est une ligne du temps… Et qu’on passe enfin du déclaratif à la mise en œuvre.”