Plusieurs syndicats menacent de claquer la porte du Pacte d’excellence : un avant-projet “inacceptable”
Les syndicats socialistes et libéraux de l’enseignement menacent de quitter les travaux d’accompagnement du Pacte pour un enseignement d’excellence si le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne modifie pas son avant-projet de décret sur l’évaluation des enseignants actuellement sur la table.
Publié le 06-02-2023 à 10h51 - Mis à jour le 06-02-2023 à 11h04
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Dans un communiqué commun, la CGSP-Enseignement, le Setca-SEL, le SLFP-Enseignement, de la CGSLB-APPEL exigent lundi que la possibilité de licenciement d’un enseignant en cas d’évaluation finale négative soit retirée du texte.
”Nous avons, depuis plus de deux ans, répété que la liaison entre le développement des compétences professionnelles – dont nous sommes fermement persuadés de la nécessité – et un mécanisme d’évaluation pouvant mener au licenciement pur et simple est, pour nous, inacceptable”, écrivent les syndicats.
”Au terme des négociations officielles, qui ont débuté ce jeudi 2 février, si le volet du texte relatif à une évaluation pouvant déboucher sur un licenciement du membre du personnel n’est pas retiré de l’avant-projet de décret, il conviendra de considérer que les objectifs du Pacte pour un enseignement d’excellence ne pourront pas être atteints. Nous en tirerons alors les conclusions et nous quitterons le comité de concertation”, avertissent-ils en chœur.
Nous avons, depuis plus de deux ans, répété que la liaison entre le développement des compétences professionnelles - dont nous sommes fermement persuadés de la nécessité - et un mécanisme d'évaluation pouvant mener au licenciement pur et simple est, pour nous, inacceptable
Lancé sous la précédente législature, le Pacte pour un enseignement d’excellence vise à améliorer, au travers d’une série de réformes, la qualité de l’enseignement francophone, jusqu’ici l’un des moins performants des pays développés.
Ces réformes et leur implémentation sont discutées au sein d’un comité de concertation qui se réunit régulièrement. Il est composé de représentants du cabinet de la ministre de l’enseignement, de l’administration, des syndicats des enseignants et des pouvoirs organisateurs notamment.
”Nous sommes désormais persuadés que le comité de concertation du Pacte, où l’avant-projet de décret dont il est question ci-dessus n’a d’ailleurs jamais été discuté, sert de prétexte au gouvernement, à Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) et aux fédérations de pouvoirs organisateurs pour cautionner une prétendue adhésion de tous les acteurs de l’enseignement et enfermer ceux-ci dans une prétendue démarche de co-construction”, fustige le communiqué conjoint, auquel ne s’est toutefois pas ralliée la CSC-Enseignement.
Le front commun syndical rencontrera Paul Magnette ce mardi
Après quatre grandes manifestations communautaires organisées l’an dernier, les syndicats des enseignants mèneront cette semaine une série d’actions régionales, notamment à Charleroi où une rencontre avec le président du PS, Paul Magnette, est prévue.
Le front commun syndical entend d’ailleurs rencontrer prochainement les autres présidents de partis au pouvoir en Fédération Wallonie-Bruxelles, à savoir le MR et Ecolo.
Depuis un an maintenant, les syndicats des enseignants ont engagé un mouvement de protestation. Ils réclament des avancées sur la taille des classes (le nombre maximal d’élèves face aux enseignants) et rejettent le projet de réforme de l’évaluation des profs et directions.
Ils attendent aussi plus de clarté sur l’avenir de l’enseignement qualifiant, appelé à être réformé à la suite de l’introduction du tronc commun, et dénoncent la charge de travail en lien avec les plans de pilotage des écoles.
Au cours de l’année écoulée, les syndicats ont organisé quatre grandes manifestations à Bruxelles, Mons, Liège et Namur, lesquelles ont rallié à chaque fois quelque 10.000 manifestants, mais sans concession satisfaisante du gouvernement, selon eux.
À un peu plus d’un an des prochaines élections, ils mettent à présent en garde les différents partis politiques sur le potentiel impact électoral de ce dialogue de sourds.
”Près de 30 ans séparent 1996 (époque des dernières grandes grèves dans l’enseignement, ndlr) de 2023, mais les enseignants sont toujours en colère. Les personnels de l’enseignement pourraient encore se détourner des partis qui ne veulent pas entendre leurs revendications”, avertissent-ils dans un communiqué commun lundi.