Orpea, un an après: du neuf dans nos maisons de repos wallonnes ?
L’hygiène, l’alimentation, la transparence et le personnel: 4 axes à renforcer dans les maisons de repos wallonnes, un an après le choc Orpea.
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Publié le 27-01-2023 à 06h00
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Il y a un an tout juste, le 27 janvier 2022, les inspecteurs de l’Aviq entamaient une série de contrôles dans la quinzaine d’établissements gérés par le groupe Orpea en Wallonie. Il fallait faire vite. Les établissements ne devaient pas avoir le temps de cacher les poussières sous le tapis.
En réalité, chez Orpea, c’était déjà le branle-bas de combat depuis quelques jours et les "descentes" de l’agence wallonne n’ont surpris personne. Sorti la veille en France, le livre-enquête Les Fossoyeurs faisait l’effet d’une bombe au sein du groupe. Son auteur Victor Castanet y dénonçait la maltraitance à l’encontre des résidents dans les Ehpad gérés par le mastodonte français, guidé par le profit.
Y avait-il des "fossoyeurs" en Wallonie ?
Deux avertissements
En Wallonie, le groupe a la main sur 18 établissements: 15 maisons de repos et de soins et 3 résidences-services.
Première vague d’inspections "inopinées" du 27 janvier au 2 février, suivie d’une seconde salve du 8 février au 11 mars. Le personnel et les résidents interrogés s’accordent au moins sur un point, résume l’Aviq: les maisons manquent de bras, la charge de travail est trop lourde et tant les travailleurs que les seniors en subissent les conséquences en termes de bien-être.
Les inspecteurs wallons insistent tout particulièrement sur deux établissements où la multiplication des fautes constatées entraîne un "avertissement", "première étape de la procédure de retrait du titre de fonctionnement", rappelle l’Aviq. Qui lance des plans d’action pour chaque établissement visité.
Bref, des faiblesses et des manquements sont enregistrés. Mais rien de suffisamment grave pour en référer aux autorités judiciaires, contrairement à la situation en France.
Collations et formations
Douze mois plus tard, le groupe cherche des repreneurs pour tout ou partie de ses maisons en Belgique.
Et de son côté, le cabinet de la ministre de la Santé Christie Morreale (PS) annonce une série d’ajustements des normes, fondés sur les constats issus des contrôles.
Parmi ces nouvelles mesures, qui devraient toutes se concrétiser avant l’été 2023, l’alimentation est une priorité. Par souci d’économies dans ses Ehpad, Orpea mettait ses résidents à la diète: rationnement des portions et dénutrition.
Chez nous, les normes en vigueur imposent déjà trois repas par jour (dont un complet et chaud) et une série de points précis pour assurer la diversité des menus et leur qualité. On va y ajouter des collations en soirée (sans surcoût), des formations complémentaires en nutrition pour le personnel, le recours à un diététicien, un suivi précis de l’état nutritionnel des résidents, des renforts en cuisine, etc.
On ne lésine pas sur l’hygiène
L’hygiène est un autre point hyper sensible. Des résidents incontinents et/ou peu autonomes restent parfois sans soins, avec des protections absorbantes remplacées trop peu souvent, sur une literie souillée, etc.
L’Aviq n’a pas relevé de situations extrêmes, mais au-delà des normes déjà existantes en ce qui concerne l’hygiène, les toilettes, le traitement du linge sale et la literie, Christie Morreale veut instaurer une évaluation de la continence des résidents, un enregistrement des données dans le dossier de soins, du matériel de protection en suffisance et des formations permanentes.
Publier les rapports
Pour répondre aux besoins en personnel, toujours d’actualité (voir l’arrêt de travail le 20 janvier dernier des employés de la Résidence Belle Alliance à Lasne, l’un des établissements wallons d’Orpea), Christie Morreale propose d’ouvrir les recrutements dans les maisons de repos à des métiers qui viendraient soulager le personnel de soins. Les fonctions d’éducateurs A2 et d’aide logistique seraient ainsi intégrées aux règles de financement.
Enfin, si les rapports d’inspection de l’Aviq restent confidentiels en ce qui concerne les données personnelles, il est prévu de publier une version anonymisée, permettant de connaître en toute transparence l’évaluation des établissements. Le Parlement wallon devrait se pencher sur ce dossier au mois de février.