Un nombre de décès particulièrement élevé en décembre 2022: pourquoi ?
Le mois de décembre 2022 est caractérisé par une surmortalité importante. Pourquoi ?
Publié le 21-01-2023 à 04h00
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11 869 décès en décembre 2022. C’est 19,9% de plus que la moyenne 2017-2019 pour un mois de décembre (sans Covid), 4,6% par rapport à décembre 2021. La moyenne journalière (382 décès) dépasse celle des autres mois de l’année (312 décès), avec un pic à 460 décès le 23 décembre. Les +85 ans sont les plus touchés par cette hausse de décès.

Or, la courbe des décès liés au Covid n’augmente que légèrement en décembre (315 décès). Le Covid n’est donc pas la (seule) cause de cette surmortalité. "On fait face à une surmortalité étonnante depuis mi-décembre, selon Yves Coppieters. Décembre dépasse certains pics faibles de 2020 !"
Les experts émettent plusieurs hypothèses. "Il y a la triple circulation Covid-grippe-VRS", pointe Aurore Gérard, vice-présidente de la Société scientifique de médecine générale. Et une grippe plus précoce. "D’habitude on assiste à une montée de l’épidémie à la mi-janvier. Ici, elle a un mois et demi d’avance", dit Yves Coppieters qui peine à expliquer cette précocité. Si le pic de grippe aurait déjà été atteint, "cela n’empêche pas un 2e pic à venir", prévient Aurore Gérard.
"Ce qui m’étonne, c’est que ça se traduise par une telle mortalité", indique Yves Coppieters. Aurore Gérard évoque alors le "sous-dépistage des pathologies chroniques" ces dernières années en raison du Covid: "les patients arrivent avec des stades plus avancés et sont donc plus fragiles. Et la grippe entraîne des complications qui peuvent être graves chez les plus faibles."
Sciensano cible aussi "la météo glaciale début décembre et la présence de beaucoup de poussières fines dans l’air. À la fin du mois, l a plupart des autres pays d’Europe occidentale connaissaient également une surmortalité".
Aurore Gérard pointe en plus une hausse de la pauvreté ( "des gens se chauffent moins") et la santé mentale "au plus bas". Yves Coppieters parle d’une "immunité moins stimulée" ces dernières années en raison d’épidémies de grippe "effacées" (masque,…). "Il est possible que la mémoire immunitaire ait été touchée, confirme Aurore Gérard, mais je ne pense que cela impacte directement la mortalité. Cela a surtout des conséquences pour les plus jeunes, protégés de la grippe ces dernières années. Or ceux-ci transmettent à beaucoup de gens. S’il y a plus de transmetteurs, la grippe circule plus."
Vaccination grippe
Les deux experts se demandent enfin si la vaccination grippe "n’a pas été un peu tardive" face à une épidémie précoce. "La campagne commence à la mi-octobre. Si les gens se sont vaccinés comme d’habitude, on a peut-être été un peu juste niveau timing. En novembre, la grippe était déjà bien là. Et il faut 1 à 2 semaines pour que le vaccin soit efficace, dit la médecin. Par ailleurs, des patients disent en avoir assez du nombre de vaccins et certains les postposent".
Début décembre, le nombre de vaccins délivrés était "trop peu" élevé à Bruxelles, selon la Cocom. En Wallonie, 500 000 vaccins ont déjà été distribués par les pharmacies, "ce qui concorde avec les années précédentes". "Mais il y a parfois un délai entre aller chercher son vaccin et se le faire administrer…", dit Aurore Gérard.