Marc Tarabella dans l’œil du cyclone: « Si lui n’est pas innocent, alors qui l’est encore ? »
Ceux qui connaissent bien Marc Tarabella ont beaucoup de mal à l’imaginer réceptionnant des enveloppes bourrées de biftons. Est-ce le temps des illusions perdues ?
Publié le 18-01-2023 à 21h00 - Mis à jour le 19-01-2023 à 08h42
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"J’en ai vu au PS. Je ne me fais pas d’illusion. Mais le luxe, les Mercedes, les BMW, les montres… Ce n’est pas lui. Marc, c’est la vie simple." Celui qui résume ainsi sa vision de Marc Tarabella est un copain de plus de 30 ans. "Un gros nounours" qui bossait bien, soucieux de bien faire, pas chiche dans son engagement.
Il a vu ses débuts en politique. Le cabinet du ministre-président wallon Guy Coëme en 1988, puis de Bernard Anselme, sa première campagne acharnée pour les communales à Anthisnes… Son terrain. Le scrutin est un échec, cette année-là. Mais il n’abandonne pas. Six ans plus tard, il décroche le mayorat, "dans une Commune où quand on est bourgmestre, on l’est pour longtemps". Le temps lui donnera raison. Il en est à son 5e mandat.
Tarabella exclu du PS et de son groupe au Parlement européen le temps de l'enquête« Les affaires dans l’air »
Anthisnes, justement, où on tente, un peu éberlué, de gérer l’intérêt soudain des médias.
Au conseil communal, Blaise Agnello, est un élu du mouvement citoyen CIM (opposition). Il gardera pour lui ce qu’il pense de l’affaire en cours. "On espère juste que la Justice fera son boulot jusqu’au bout. La méfiance des gens envers le monde politique est déjà énorme. Mais en tout cas, nous, on ne fera pas de récupération politique avec cette affaire ", tient-il à souligner.
Le bourgmestre socialiste, il le voit tous les mois. Et le conseiller communal confirme: "Si notre vision politique est totalement différente, on a de bonnes relations. L’homme est simple et respectueux. Mais que voulez-vous ? Moi, je ne sais pas ce qui se passe dans les hautes sphères de l’Europe. On sent quand même que les affaires, la corruption, c’est dans l’air. Et je ne dis pas ça pour Marc ", précise Blaise Agnello.
Il a tout de même été intrigué par son revirement sur le Qatar, à contre-courant de la ligne du PS. "Vous êtes parlementaire européen et vous vous mettez en porte-à-faux par rapport à la position de votre parti ? Ça m’interpelle sur le plan démocratique."
« Ça n’avait pas l’air feint »
Marc Tarabella n’est pas une rock star de la politique. "Par contre, il a été confronté à de sacrées personnages dans sa fédération (NDLR: Huy-Waremme), rappelle un de ses proches. Coëme, Collignon, Lizin… Il s’est fait une place au milieu des coqs et des stars. Il a un rôle apaisant, dit-il. Alors, peut-être a-t-il trouvé plus malin, plus constructif, de discuter avec les Qataris. C’est une hypothèse. Mais de là à accepter une enveloppe, il y a quelque chose qui ne colle pas, pour moi… C’est un passionné de politique. Il amenait même une sorte de fraîcheur dans ce milieu. Je l’ai vu souvent rendre service sans attendre quelque chose en retour. Si lui n’est pas innocent, alors qui l’est ?" lance un homme du sérail
"Qu’il se soit laissé convaincre par des arguments, c’est possible. On peut boire un verre avec quelqu’un, débattre et finalement rejoindre l’avis de l’autre. Mais je ne le vois pas recevoir tout cet argent", confie un député PS.
Au Parlement européen comme sur le terrain communal, "Tara" est réputé pour être proche des gens. "Il salue tout le monde. Non seulement il connaît l’huissier mais il sait aussi que la femme du huissier est malade. Parce qu’il lui a dit la semaine dernière et qu’il n’a pas oublié. Marc vient du terrain. Il sait encore ce qu’est un travailleur, ce que ça veut dire avoir des revenus modestes. Tout ça n’avait pas l’air feint. Et si c’était le cas, alors là… Je commence seulement à douter ", soupire un camarade.