”Le risque d’évasion d’Abdeslam très clair” : le rapport de police justifiant la fouille anale est sans équivoque (vidéo)
Oui, le rapport de l’analyse de risques de Salah Abdeslam, l’un des accusés au procès du 22 mars 2016, justifie, selon la police fédérale, des mesures drastiques : fouille anale, vue cachée pendant le transfert… Le risque de tentative d’évasion d’Abdeslam, avec ou sans aide de l’extérieur, “paraît très clair”.
Publié le 05-01-2023 à 12h22 - Mis à jour le 05-01-2023 à 12h44
L’analyse de risques individuelle et quotidienne de Salah Abdeslam, l’un des accusés détenus au procès du 22 mars 2016, pour justifier les mesures de sécurité prises lors du transfert des accusés de leur prison au palais Justitia, ordonnant aussi la fin des fouilles à nu avec génuflexion de manière “systématique”, est sans équivoque. Oui, Salah Abdeslam représente clairement un danger de fuite, selon le rapport de la police fédérale.
L’interprète chargé de traduire le document en français (qui est la langue de la procédure) fait état d’un incident survenu le 7 décembre 2022. Lors de son transfert, Abdeslam “s’est adressé à l’un des suspects en langue arabe, disant que celui-ci voudrait causer des problèmes et qu’il était sur le point d’exploser”. Abdeslam a répondu que ce n’était pas encore le bon moment et qu’il fallait attendre jusqu’à la fin de la lecture de l’acte d’accusation, selon le rapport de police.
Un policier craint pour sa propre sécurité
Pendant ce même transfert, les policiers ont assisté à une conversation en langue arabe, indiquant que l’accusé souhaitait “causer du tumult pendant les débats” et se battre. “Pendant les fouilles à nu du 8 décembre 2022, la personne concernée a perdu les pédales. Il était particulièrement agressif envers le policier en question, a commencé à gesticuler avec les bras, s’est approché de très près du policier concerné. Il a dit qu’il ne montrerait pas ses organes intimes pendant 9 mois et que le fonctionnaire de police n’avait qu’à le plaquer par terre, le frapper jusqu’à ce que la police obtienne ce qu’elle veut. Le fonctionnaire de police concerné déclare à sa hiérarchie concernant cet incident que c’était la première fois en quinze ans d’expérience de ce type de mission qu’il craignait pour sa propre sécurité en raison de la crise de colère de M. Abdeslam.”
Il semble, selon la police, que Salah Abdeslam “présente un danger très élevé et qu’il est violent”. “Sur base de ses condamnations, il semble qu’il ne témoigne d’aucun respect pour la vie humaine. Cela semble aussi émaner des informations obtenues sur les lieux de sa détention.”
"Il y a nécessité d’appliquer des mesures de sécurité très graves et poussées visant à protéger le personnel de police, la magistrature et les tiers."
- Rapport de la police
Vu la condamnation de la personne concernée notamment devant le tribunal de Bruxelles en 2018, notamment pour tentative de meurtre sur plusieurs officiers de police, “il est nécessaire d’être particulièrement vigilant pour le danger que signifie la personne concernée pour la police”. L’accusé est connu comme un terroriste. “Il semble qu’il possède un réseau de terroristes assez vaste et qu’il adhère à l’État islamique.”
La police ajoute que “le risque de tentative d’évasion avec ou sans aide de l’extérieur paraît très clair sur base des informations”.
“La conclusion s’impose d’adopter une vigilance très élevée et constante dans le chef des services de police. Il y a nécessité d’appliquer des mesures de sécurité très graves et poussées visant à protéger le personnel de police, la magistrature et les tiers.”
Histoire belge au procès des attentats de Bruxelles : les documents sont en néerlandais et pas dans la langue de la procédureCompte tenu du danger de Salah Abdeslam, l’accusé doit donc se soumettre à des fouilles à nu en deux phases, être muni d’une ceinture avec menottes, d’un gilet pare-balles, d’une limitation visible durant le transfert (lunettes obscurcissantes ). Son transfert est par ailleurs opéré avec un véhicule de police blindé.
“Son manque de respect manifeste pour la vie humaine et sa haine envers les services d’ordre imposent de telles” mesures.
”Un danger extrême émane de la personne concernée”, peut-on encore lire dans le document transmis aux parties dans la nuit de mercredi à jeudi. “Son manque de respect manifeste pour la vie humaine et sa haine envers les services d’ordre imposent de telles” mesures.
En ce moment, “il n’y a pas d’indication que les risques existants diminuent”. “Pour garantir la sécurité du personnel de police, de la magistrature, des tiers et de la personne concernée elle-même, les mesures” édictées “sont nécessaires et pas disproportionnées”. La fouille à nu est donc nécessaire en raison de l’analyse de risques, selon la police. Car l’accusé “pourrait camoufler certains objets, certaines choses”.
Il manque les documents du 3 janvier 2023
Jeudi, les avocats ont affirmé que la police fédérale n’a pas produit la notification des fouilles à nu effectuées sur leurs clients mardi, le 3 janvier. Or, la police est désormais contrainte de motiver chaque décision de fouille à nu et de la notifier à l’accusé détenu concerné. Pour les 4 et 5 janvier, les notifications de ces fouilles ont bien été envoyées aux avocats, jeudi à l’aube, mais celles-ci sont en néerlandais. Or, le procès se déroule en langue française. Ces pièces sont donc actuellement traduites par un interprète à l’audience.