Le mot du nouveau président du Parlement wallon au personnel du greffe: « Nous avons tardé à réagir »

Le nouveau Bureau du Parlement wallon est désormais en place. L’affaire a pris 10 minutes ce mercredi matin. " Au travail, maintenant ! " a lâché le président André Frédéric, qui remplace donc Jean-Claude Marcourt au perchoir de l’assemblée. Il se dit conscient que " des plaies sont encore ouvertes et qu’il faudra du temps pour les soigner ". En attendant, il a déjà agité le marteau pour réclamer le silence…

 Le nouveau président André Frédéric (PS) n’a pas trop perdu de temps avec son discours initial. Il y a un budget 2023 à débattre et à voter. Premier intervenant: Germain Mugemangano (PTB) venu à la tribune avec sa feuille de paie. BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Le nouveau président André Frédéric (PS) n’a pas trop perdu de temps avec son discours initial. Il y a un budget 2023 à débattre et à voter. Premier intervenant: Germain Mugemangano (PTB) venu à la tribune avec sa feuille de paie. BELGA PHOTO BRUNO FAHY ©BELGA

Il est un peu plus de 9 heures, ce mercredi. Sybille de Coster-Bauchau est assise à la place de Jean-Claude Marcourt au perchoir du Parlement wallon, dans la grande salle des séances plénières. La députée MR faisait partie de l’ancien Bureau. Elle est aussi la doyenne de l’assemblée wallonne. Et c’est ce dernier privilège qui lui vaut d’assurer l’intérim, entre l’ancien président et le nouveau, André Frédéric.

Quelques minutes seulement, le temps pour le PS de désigner Laurent Devin comme chef de groupe et d’accepter officiellement la candidature des 6 autres députés qui vont former le nouveau Bureau (lire ci-dessous).

L’ancien chef de groupe, André Frédéric, va quant à lui monter au perchoir sans solennité excessive. Et s’adresser tout de suite au personnel du Parlement wallon, les quelque 110 agents de l’administration. Le greffe, où tout a commencé. Jusqu’à provoquer la démission des 5 membres de l’ancien Bureau. Avec les récits des agents sur la gestion catastrophique des ressources humaines par le greffier Frédéric Janssens, sont arrivés dans la foulée les dossiers des chantiers immobiliers aux surcoûts indigestes, une mission à Dubaï à l’arrière-goût de California Gate…

« Nous ne pouvons pas revenir en arrière »

Le nouveau président PS a soigné sa mise pour s’installer à la place de Jean-Claude Marcourt: il a mis une cravate. Il sourit brièvement, se lève et entre dans le vif du sujet.

"Ce passage de flambeau se fait dans des circonstances particulières. J’aurais souhaité que ce soit différent. Nous ne pouvons pas revenir en arrière", dit-il.

Il ne parlera pas de l’ancien greffier, Frédéric Janssens, suspendu pour 6 mois par l’ancien Bureau, par mesure d’ordre.

"Mes premiers mots s’adressent au personnel de l’assemblée, qui travaille dans l’ombre, pour nous permettre de faire vivre notre assemblée de manière démocratique", enchaîne André Frédéric.

"À tous les membres du personnel, je voudrais adresser des paroles rassurantes. Je suis conscient que certaines plaies sont encore ouvertes et qu’il faudra du temps pour les soigner. Nous avons tardé à réagir. Nous allons prendre le temps pour redonner à chacun la confiance pour permettre à notre institution de fonctionner, dans un climat serein et apaisé."

Il inclut la greffière et le Bureau fraîchement installé pour "entreprendre ce chantier en toute humilité ". Pour rappel, les agents qui le souhaitent peuvent être entendus par un bureau d’audit externe (Next Management). Au-delà de tout le volet judiciaire en cours depuis le mois de septembre. Des agents du greffe continuent à être convoqués pour être entendus par la police fédérale.

« Replaçons l’humain au centre de nos préoccupations »

"Pour rendre ses lettres de noblesse à notre Parlement et assurer le débat démocratique, nous avons plus que jamais besoin de chacun et de chacune d’entre vous ".

Plus largement, le nouveau président en appelle à tous les élus, pour retisser des liens de confiance avec les Wallons et les Wallonnes. "Le défi est immense mais nous n’avons d’autre choix que de le relever. Replaçons l’humain au centre de nos préoccupations. Les Wallonnes et les Wallons attendent de nous une exemplarité et des réponses concrètes à leurs difficultés du quotidien."

Il se rassied. "Au travail, maintenant ! "

Fiche de paie

Le débat sur le budget 2023 est entamé immédiatement. Germain Mugemangango (PTB, opposition) monte à la tribune. Il attaque avec l’un de ses thèmes favoris: les rémunérations des députés. Il a même amené sa fiche de paie, pour démontrer que s’il est payé comme les autres, il vit avec moins.

Réactions sur les bancs des députés. André Frédéric, qui fait déjà savoir que les bruits remontent jusqu’à lui de façon désagréable, va déjà activer le marteau sur son socle. Pas trop fort: c’est le premier jour. Mais l’ancien instituteur sera vigilant, il a déjà prévenu les élus: quand on n’a pas la parole et qu’on a envie de papoter, on sort…

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