Procès des attentats à Bruxelles: l'accusé Oussama Atar a rejoint l'Irak en 2004
Les procureurs fédéraux ont entamé, mercredi matin, la partie de leur acte d'accusation consacrée aux biographies et aux résumés des auditions de chaque accusé, dans le procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.
Publié le 07-12-2022 à 11h33 - Mis à jour le 07-12-2022 à 12h02
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La procureure Paule Somers a relaté le parcours de vie d'Oussama Atar, le seul accusé qui fait défaut. Celui-ci avait rejoint l'Irak dès 2004, était revenu en Belgique en 2012, radicalisé et avec une expérience du combat, avant de repartir rapidement, cette fois en Syrie.
Oussama Atar est né en mai 1984 à Bruxelles. Il a suivi des études secondaires techniques en chimie, jusqu'en 5e secondaire, avant d'arrêter ses études et de partir apprendre l'arabe en Syrie, en 2003. L'année suivante, l'homme a rejoint des camps djihadistes en Irak, selon la Sûreté de l'État. Il aurait combattu dans le groupe "Abou Yasir", évoluant dans la mouvance Al Qaïda. Plus tard, le 25 février 2005, il est arrêté dans ce pays, muni de faux papiers et blessé à la jambe. Son nom est repris comme un combattant d'Al Qaïda. Deux ans plus tard, en février 2007, il est condamné à la réclusion à perpétuité par les autorités irakiennes pour séjour illégal, peine qui sera ensuite portée à 10 ans de prison.
Oussama Atar est ensuite libéré en août 2012 pour des problèmes médicaux et revient alors en Belgique. Au cours des années 2012 et 2013, il rendra de nombreuses visites à ses cousins, Ibrahim et Khalid El Bakraoui, incarcérés pour des faits de grand banditisme.
Le 11 décembre 2013, il quitte la Belgique pour la Turquie et rejoint ensuite la Syrie. À cette époque, d'autres membres de la cellule terroriste responsable des attentats à Paris et à Bruxelles s'y trouvent déjà, notamment Abdel Hamid Abaaoud, Najim Laachraoui, Bilal El Makhoukhi, Osama Krayem, Sofien Ayari et Mohamed Belkaïd.
La mort d'Oussama Attar a été annoncée par le groupe terroriste État Islamique en mars 2019. "Cependant, en l'absence de preuve de la réalité du décès de l'intéressé, les poursuites ne peuvent être considérées comme éteintes à son encontre", précise l'acte d'accusation.
Mohamed Abrini, de la délinquance au terrorisme
Les procureurs fédéraux ont poursuivi la lecture de l'acte d'accusation en abordant le parcours de vie de Mohamed Abrini, accusé dans le procès des attentats à Bruxelles et Zaventem. Souvent appelé "l'homme au chapeau", il était présent à l'aéroport de Zaventem, mais ne s'était pas fait exploser.
Mohamed Abrini est né le 27 décembre 1984 et a grandi à Molenbeek-saint-Jean. La famille Abdeslam est voisine et les enfants se connaissent bien. Après un parcours scolaire difficile, il entre dans l'âge adulte par la délinquance. Il se fait arrêter pour vol, parfois avec violence, et effectue des passages en prison dès 2003.
Entre 2010 et 2012, Mohamed Abrini et Ibrahim El Bakraoui sont incarcérés à la prison d'Ittre, où ils se sont probablement croisés.
Fin 2012, Mohamed Abrini investit dans un snack avec un associé. Dans un premier temps, l'établissement est rentable, mais Abrini s'en désintéresse ensuite. Il dit de son quartier que celui-ci se vide de ceux qui partent en Syrie. "Tout le monde" regarde des vidéos de la Syrie chez Abdeslam, dit-il.
C'est en 2014 que Mohamed Abrini commence à s'intéresser à la religion. Son frère part pour la Syrie et se fait tuer là-bas pendant que Mohamed est en prison. A sa sortie, il formule le souhait d'aller voir sa tombe. Les messages à sa compagne de l'époque sont de plus en plus radicaux. Il exige qu'elle porte le voile et la menace de la quitter si elle refuse. Il la traite de "mécréante". Dans un autre courrier, il signe "Abou Hamza".
Après une nouvelle incarcération de plusieurs mois, il organise un voyage en Syrie et s'y rend fin mai 2015 avec notamment le terroriste Abdel Hamid Abaaoud, le coordinateur des attentats de Paris. Abrini patiente d'abord en Turquie puis passe en Syrie du 1er au 9 juillet 2015. Il revient en Belgique en faisant un détour par Londres, Manchester, Birmingham et Paris.
Entendu par la police de Molenbeek 10 jours plus tard, il nie tout voyage en Syrie et se défend de radicalisme. Des messages à sa compagne prouvent le contraire.
Le 14 novembre 2015, Mohamed Abrini entre en clandestinité. Il est recherché pour avoir accompagné Salah Abdeslam à Paris et sa photo est publiée dans la presse. Un mandat d'arrêt est émis le 23 novembre à son encontre, mais il reste introuvable.
Le 22 mars 2016, les attentats de Bruxelles et Zaventem sont commis. Abrini est arrêté le 8 avril 2016 et incarcéré depuis lors, inculpé dans le dossier des attentats de Paris ainsi que celui des attentats de Bruxelles.