Pourquoi le carsharing ne s’étend pas en Wallonie rurale: «Il faudrait des transports publics de proximité qui circulent régulièrement»
Cambio, CozyWheels… Des services d’abonnements ou de partage de voitures existent entre autres pour faire des économies de carburant ou pour désengorger les villages. Mais des communes wallonnes mal desservies n’en voient pas la couleur. Dans l’Entre-Sambre et Meuse, divers acteurs et actrices se mobilisent pour expérimenter des formes de mobilités adaptées.
Publié le 17-10-2022 à 13h04 - Mis à jour le 17-10-2022 à 16h32
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Tous les wallon(ne)s n’ont pas un accès égal à la mobilité. Charleroi Métropole et ses communes reculées ne disposent pas de véritables moyens de mobilité partagée.
Là où il y a foule, l’autopartage suit. "Il doit y avoir une clientèle minimum", précise Suzanne Ryvers, chargée de politiques et de projets chez Autodelen.net, au sujet de la rareté de l’autopartage en zone rurale, "il faudrait des transports publics de proximité qui circulent régulièrement, que ce soit en termes de trains et de pistes cyclables."
Des raisons qui expliquent en quoi la Wallonie peine à s’approprier le concept d’autopartage, notamment en stations de véhicules partagés en ville.
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Pour Autodelen, l’autopartage par abonnement Cambio dépend des autres transports publics. "Les usagers qui utilisent l’autopartage prennent aussi le train et leur vélo", précise-t-elle. Ce phénomène est très développé en Flandre pour une raison urbanistique. "En Flandre, il est facile de combiner plusieurs modes de transport car les villes sont proches les unes des autres."
L’impulsion nécessaire des autorités
Des réflexions sont en cours dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. "Dans les prochaines semaines, plusieurs communes vont passer des marchés publics pour inciter les opérateurs d’autopartage de véhicules à le développer dans notre région", nous apprend Michel Meuter, coordinateur de projets de l’ASBL Mobilesem.
Stimulées lors d’un atelier de Mobilesem, des autorités communales veulent montrer l’exemple à leurs habitant(e)s. "Les communes peuvent mettre des véhicules en autopartage au départ de leur flotte communale." suggère Michel Meuter. "Elles peuvent aussi acheter ou louer un véhicule électrique et lorsqu’il n’est pas utilisé par des agents communaux dans les déplacements quotidiens en semaine, les communes pourraient mettre leurs véhicules en disponibilité, en autopartage, le soir ou les week-ends", finit-il. Une expérimentation est déjà en cours à Chapelle-Lez-Herlaimont, entre Charleroi et La Louvière.
Chapelle-Lez-Herlaimont face à la surpopulation de voitures
L’autopartage est aussi une piste pour désengorger les villages des voitures. À Chapelle-Lez-Herlaimont, les places de stationnements sont rares.
"Dans notre commune rurale, on est encore dans des maisons attenantes, sans garage, mais avec deux à trois voitures par habitation", témoigne Nathalie Gillet, Échevine de la mobilité, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire dans cette commune de Charleroi-Métropole.
"Malheureusement, l’offre attendue en transports en commun n’est pas toujours disponible. On essaie de régler les problèmes de véhicules via des campagnes de sensibilisation sur la mobilité douce", explique l’élue de Chapelle-Lez-Herlaimont.
Un laboratoire cofinancé avec l’UMons
Pour pallier leur manque de stationnement, Chapelle-Lez-Herlaimont participe à un laboratoire avec l’UMons. Via le projet SOCCER, la commune va avoir deux voitures électriques à disposition, mais le collège communal n’a pas encore choisi l’opérateur d’autopartage.
Ce genre de chantier peut prendre des mois. "Le temps d’enclencher un marché public est complexe, cela prend du temps. Mais si la population se prend en main en créant des communautés d’autopartage, l’alternative peut se mettre en place en quelques jours", soutient Michel Meuter de l’ASBL Mobilesem, "que ce soit en milieu urbain ou rural, dans un quartier de logement public avec une mauvaise desserte de transports publics, certaines personnes acceptent de partager leur véhicule personnel. Elles le mettront à disposition via une plateforme et l’autopartageront entre voisins."
L’expert en mobilité partagée insiste sur l’aspect rassurant d’un partage entre voisins. "Il y a une forme de contrôle social car, quand vous empruntez un véhicule à un voisin que vous côtoyez tous les jours, on y fait clairement plus attention que quand c’est celui d’une personne qu’on ne connaît pas", assure-t-il Michel Meuter. "Plus le lien est fort entre celui qui met son véhicule à disposition et celui qui l’emprunte, plus le contrôle social est fort et plus il y aura un respect des véhicules." Une approche à envisager en ces temps de hausse des coûts du carburant.