Budget fédéral: les coulisses d’une nuit de négociations de la Vivaldi
C’est après plus de 24 heures de discussions que les partenaires de la Vivaldi sont parvenus à un accord. Et le ton est parfois monté !
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Publié le 12-10-2022 à 08h36 - Mis à jour le 12-10-2022 à 08h38
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Négocier un budget n’est pas aisé. C’est même un art. Surtout quand les partenaires d’un même gouvernement partagent des visions diamétralement opposées.
Quand les principaux ministres du gouvernement De Croo se sont retrouvés à 10 heures ce lundi, certains ont rapidement compris que cette négociation, pourtant commencée dix jours plus tôt, allait s’éterniser. "J’avais accepté l’invitation d’une matinale en radio ce mardi matin.", nous explique par exemple un membre du gouvernement. "Mais dès la fin de l’après-midi, j’ai dû refuser l’invitation. Il apparaissait clairement qu’il serait impossible de terminer à temps."
Et pour cause, de fortes tensions entre les socialistes et les libéraux ont ralenti lourdement le rythme des négociations. Et si l’aile gauche et l’aile droite se sont affrontées, c’est parce que des propositions, jugées "imbuvables", étaient avancées par l’autre camp.
Dans ces sujets clivants, on retrouvait notamment la suppression en 2023 de la péréquation de la pension des fonctionnaires ou encore une série de mesures fiscales avancées par les socialistes comme la taxe sur les comptes-titres, la déduction du prêt hypothécaire pour les secondes résidences, les intérêts notionnels ou la taxe bancaire.
"Ce n’est pas simple", nous concédait un proche de ces négociations lundi soir. Mais s’il y a eu un duel socialistes-libéraux, il n’a pas réellement été arbitré par les Verts: "Écolo n’était pas très actif. Comme ils avaient été assez bien servis au niveau des chemins de fer, Georges Gilkinet s’est rangé."
Dans cette négociation, certaines propositions ont terminé à la poubelle. Et quand il y avait un gros blocage, Alexander De Croo négociait alors en tête-à-tête avec les ministres concernés.
"Le Premier ministre avait été très ambitieux. Il y a eu une bataille rangée de plusieurs partis pour faire diminuer le périmètre des mesures", analyse un membre de la Vivaldi.
À deux reprises, Alexander De Croo a dû diminuer ce périmètre. Et après des concessions dans chacun des camps, les Verts ont notamment obtenu une taxe plus ambitieuse sur les surprofits que celle préconisée par l’Europe, les socialistes des contributions des "épaules les plus larges" comme les banques. Les libéraux, eux, ont obtenu la défiscalisation de l’indexation des salaires pour les deux premiers trimestres 2023. La hausse de la taxe sur les comptes-titre, elle, est passée à la trappe en même temps que la péréquation des pensions…
"Au dernier tour, chacun devait donner son accord sur le tableau présenté", relate un participant. "Évidemment, on a tous exprimé certaines frustrations. Mais au final, tout le monde était satisfait."
Si officiellement, on parle d’un budget pour deux ans, plusieurs membres de la Vivaldi se montrent pragmatiques: "Si l’on est en récession, on sait bien que tout sera à refaire l’année prochaine…". De nouvelles nuits blanches en perspective !