Grève des raffineries en France: faut-il craindre une pénurie d’essence et de diesel dans les pompes belges?
Les stations-service françaises font face à des pénuries importantes d’essence et de diesel. En cause: la grogne des travailleurs du secteur pétrolier. Doit-on craindre également des mouvements de grèves et des pénuries dans les pompes belges? On fait le point.
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- Publié le 11-10-2022 à 18h52
- Mis à jour le 11-10-2022 à 19h00
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Un tiers des stations-service françaises sont actuellement affectées par des pénuries d’approvisionnement en essence et diesel. En cause: un mouvement de grèves des travailleurs du secteur pétrolier, mouvement qui a d’ailleurs été reconduit ce mardi.
Pourquoi ces grèves? Faut-il craindre une pénurie dans les pompes belges? Les stations-service frontalières ont-elles assez de stock pour gérer un afflux français chez nous? On fait le point avec Olivier Neirynck, directeur technique de la Brafco, la Fédération belge des négociants en combustibles et carburants.
Pourquoi le secteur pétrolier français est-il mécontent?
Les ouvriers du secteur pétrolier réclament une augmentation salariale importante. Pour se faire entendre, ils réalisent actuellement un mouvement social conséquent dont le but consiste à bloquer l’outil de raffinage et l’outil de logistique d’approvisionnement des stations-service.
Le mouvement de contestation va du nord au sud et d’ouest en est. Il concerne vraiment l’ensemble du pays, même si les Hauts-de-France, la frontière belge et Paris sont particulièrement touchés.
Pourquoi les Hauts-de-France et la frontière belge sont-ils particulièrement touchés?
Les deux plus grandes raffineries françaises (NDLR : TotalEnergies et ExxonMobil) sont basées au Havre. Celles-ci sont toujours à l’arrêt. Or, elles approvisionnent la grosse majorité du nord de la France, une partie de l’est et Paris. Ils sont donc vraiment pénalisés.
Le gouvernement français a pris la décision de lever partiellement les stocks stratégiques pour répondre à la demande des Français de s’approvisionner en essence et en diesel, mais la logistique ne suit pas. Les Français du nord ont encore la possibilité et l’avantage de passer la frontière belge pour venir s’approvisionner chez nous.
Doit-on également craindre grèves et pénuries en Belgique?
Non. Le mouvement de grève ne risque pas de toucher notre pays. Il faut comparer ce qui est comparable.
En Belgique, le système social et salarial prévoit une indexation automatique des salaires et la situation belge pour le secteur pétrolier est tout à fait différente de celle du secteur pétrolier français. Il n’y a ni de mouvement social ni de crainte d’un mouvement social dans notre pays. Le personnel des sociétés pétrolières s’incommode de son sort pour l’instant, à l’inverse des Français.
Les raffineries belges et la logistique fonctionnent à plein régime. Le temps actuel est même idéal pour le transport d’un dépôt vers une station-service. Il n’y a donc pas lieu de paniquer. Il n’y a aucune crainte de pénurie en Belgique.
Maintenant que les Français viennent en nombre faire le plein de notre côté de la frontière, nos stations-service ont-elles les stocks nécessaires pour gérer un pareil afflux?
Oui. Ce qu’il pourrait éventuellement se passer, c’est qu’il n’y ait plus soit du diesel soit de l’essence 95 pendant une heure ou une heure et demie. Mais la logistique est suffisamment opérationnelle chez nous que pour pouvoir répondre en temps et en heure à la demande du consommateur.
Qu’une station-service soit à court d’un produit pendant une heure n’est pas du tout un problème en soi puisque nous n’avons pas de difficulté à aller chercher les produits dans les dépôts, contrairement en France. Il faudrait vraiment que toute la France vienne s’approvisionner chez nous pour que l’on puisse parler de problème. Donc, je le redis, il n’y a pas de panique à avoir à ce niveau-là.