Van Laethem: «Cela n’a pas de sens de vacciner toute la population» contre la variole du singe

Depuis mi-mai, la variole du singe est présente en Belgique. Les cas augmentent et une vaccination est désormais disponible. Comment évolue la situation dans notre pays ? Comment prévenir la maladie ? Doit-on tous se faire vacciner ? Éléments de réponses avec Yves Van Laethem

Yves Van Laethem
Yves Van Laethem ©EdA Mathieu Golinvaux

Le 19 mai, un premier cas de variole du singe était détecté en Belgique. Plus de 180 cas ont été confirmés depuis lors dans notre pays. La quasi-totalité des personnes porteuses du virus sont des hommes. La maladie est plus fréquente à Bruxelles et en Flandre, là où elle reste encore assez marginale en Wallonie.

Alors que de premiers vaccins contre la maladie viennent d’arriver dans notre plat pays, doit-on craindre une explosion de cas? Ce virus est-il très virulent? L’ensemble de la population devra-t-elle se faire vacciner? On fait le point avec l’infectiologue Yves Van Laethem.

Comment évolue la situation en Belgique?

La propagation du virus n’explose pas mais le nombre de nouveaux cas continue tout de même à augmenter. À l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, par exemple, on a un ou deux nouveaux cas par jour.

On remarque que c’est la communauté homosexuelle ou bisexuelle masculine qui est principalement touchée, même s’il y a tout de même quelques cas chez les enfants et les femmes.

Pourquoi cette communauté est-elle plus touchée?

Parce qu’elle a été la porte d’entrée du virus. Il est apparu dans la communauté homo/bisexuelle d’Afrique.

Sans aucune stigmatisation, on sait statistiquement que les personnes issues du monde homo/bisexuel ont plus de partenaires sexuels que les hétéros. Ils ont également pour la plupart plus de rapports sans protection. Et comme ce virus s’attrape majoritairement par voies buccales, rectales et génitales, il suffit que l’un de vos partenaires ait été infecté sans le savoir pour qu’il vous transmette le virus.

En fait, les cas européens proviennent des personnes qui ont été infectées dans cette communauté d’Afrique et qui sont entre-temps arrivées sur le vieux continent.

Comment savoir si je suis contaminé?

La transmission se fait par voie respiratoire, en propageant de grosses gouttes, ainsi que par contact avec des lésions cutanées.

Étonnamment, on a un peu de symptômes généreux du type grippes: ganglions gonflés, fatigue, douleur partout. On ne sait pas trop bien pourquoi. On voit par contre plus de lésions intrabuccales, intrarectales.

Et en ce qui concerne les lésions cutanées, celles-ci sont plus localisées. La transmission se fait sans avoir spécifiquement de lésions un peu partout sur le corps (bras, mains, etc.). On n’est donc pas spécialement visible. On peut passer inaperçu.

La meilleure façon de savoir si on est contaminé reste de bien analyser son corps, regarder après la moindre lésion. D’autant que celles-ci sont le plus souvent localisées au niveau de la bouche, des parties intimes (périnée, bas du ventre, organes sexuels) et du rectum.

Si j’ai attrapé la variole du singe, est-ce grave docteur?

Non. C’est une maladie peu virulente et peu mortelle. Ce n’est donc pas du tout un problème de santé publique. Mais on aimerait quand même stopper cette transmission en Europe, car la variole du singe n’était pas présente dans nos régions avant cela.

Comment faire pour éradiquer la maladie?

Il y a deux manières de procéder: sensibiliser et vacciner.

Sensibiliser les médecins, qui ne sont pas habitués à ce diagnostic. Sensibiliser la population. Si on développe des lésions, il ne faut évidemment pas aller faire des câlins à d’autres personnes.

Et puis, il faut également s’appuyer sur l’aide des vaccins contre la variole.

À propos de cette vaccination, qui concerne-t-elle?

Toute la population ne doit pas se faire vacciner contre la variole du singe. Une partie d’entre elle est d’ailleurs déjà partiellement protégée par les vaccins contre la variole que l’on administrait encore aux enfants jusque dans la fin des années 1970. Cela explique notamment le fait que la moyenne d’âge des personnes infectées tourne autour de 35 ans.

Il y a aussi le vaccin moderne contre la variole, qui fonctionne aussi contre la variole du singe. C’est d’ailleurs celui-ci qui est arrivé dernièrement en Belgique .

Ce nouveau vaccin permet, s’il est injecté très tôt après un contact à risque, de bloquer le développement de l’infection.

Celui-ci est principalement destiné au personnel soignant ayant été exposé, aux personnes ayant côtoyé un contact (sexuel) à haut risque ainsi qu’aux personnes à la santé fragile, comme les immunodéprimés.

Il faut relativiser cette vaccination. La pathologie n’est quasiment pas sortie de sa population de départ, à quelques exceptions près. Cela n’a donc pas de sens que faire vacciner l’ensemble de la population.

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