Sécurité routière: «Les accidents de la route impliquant des motards augmentent fortement en mai»
En ce début de printemps, les motards ressortent leurs bécanes afin de profiter du beau temps en Belgique. Plus nombreuses sur les routes, les motos sont-elles plus à risque de faire des accidents (mortels) ? On fait le point avec Benoît Godart, porte-parole de Vias, l’institut pour la sécurité routière.
Publié le 03-05-2022 à 14h01 - Mis à jour le 03-05-2022 à 14h06
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Retour du beau temps rime avec davantage de motards sur les routes. Dès les premiers rayons du soleil printanier, les passionnés de motos en profitent généralement pour sortir leurs bécanes du garage, où elles ont, pour la plupart, passé l’hiver.
Le fait que ces accidents augmentent quand il fait beau n’est pas une surprise
Depuis le début du printemps, on dénombre plusieurs accidents sur nos routes impliquant des motards . Cette période de l’année est-elle plus propice aux accidents de motos? "Ces dernières semaines, nous avons eu du beau temps. Forcément, les motards sont davantage de sortie lorsqu’il y a du soleil, surtout pendant le week-end, que lorsqu’il pleut. Le fait que ces accidents augmentent quand il fait beau n’est pas une surprise. Cela vaut aussi bien pour les motards que pour les cyclistes, d’ailleurs", explique Benoît Godart, porte-parole de Vias, l’institut pour la sécurité routière.
Les accidents de la route impliquant des motards augmentent fortement en mai et en septembre
Deux mois dans l’année sont particulièrement accidentogènes pour les motos, estime Benoît Godart. "Ça augmente fortement en mai et en septembre. Le mois de mai, c’est un moi où il y a pas mal de jours fériés. Ça incite à des week-ends prolongés. Certains en profitent pour faire de la moto. Septembre, c’est un mois un peu particulier. Les conditions météo commencent à se détériorer et les motards n’ont pas encore envie de rentrer leur moto."
Des accidents en diminution
Il y a toutefois une bonne nouvelle: les accidents de motos diminuent par rapport à il y a 10 ans. "En 2021, on dénombrait 2.355 accidents impliquant un motard. Il y a 10 ans, on était à 3.449. Cela reste une année Covid, mais si on compare avec 2019, on était à 2.833 accidents. Il y a donc bien une tendance positive. On est sur une diminution d’environ 20%", se réjouit Benoît Godart. Même constat au niveau du nombre de tués. 61 motards perdaient la vie en 2021 contre 94 en 2012, en Belgique.
Il y a une tendance positive. On est sur une diminution d’environ 20% (d’accidents impliquant un motard)
Et si l’on regarde les chiffres wallons, ceux-ci sont n’ont pas à rougir face à la tendance belge: 836 accidents impliquant un motard en 2021 contre 1.075 en 2012, dont 30 motards tués l’an passé en Wallonie contre 50 il y a 10 ans.
Comment expliquer cette tendance positive? "Il y a certainement l’accès au permis moto qui est devenu progressif. Il y a 10 ans, dès 18 ans, vous pouviez acheter n’importe quelle cylindrée, passer votre permis, et y aller. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Le permis est progressif. Vous devez d’abord acheter une moto de moindre cylindrée avant de passer à un engin plus important", observe le porte-parole de Vias.
Le permis moto progressif n’est pas la seule raison à cette diminution des accidents (mortels) sur la dernière décennie. Benoît Godart liste également l’amélioration de l’infrastructure routière, même s’il reste des nids-de-poule qui peuvent jouer un rôle négatif sur la conduite des motards, et les contrôles renforcés en ce qui concerne la vitesse.
Accidents mortels: les motards plus à risque
Les conducteurs de véhicules à deux roues sont beaucoup plus à risque de faire un accident mortel, par rapport à un automobiliste. "Les accidents impliquant des motards, des cyclistes, ce sont les plus mortels", précise Benoît Godard, avant de poursuivre: "Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’habitacle et en raison de la vitesse également."
Un motard a un risque de subir des blessures graves ou mortelles 57 fois plus élevé qu’un automobiliste
"Si on prend le risque relatif, pour un motard, de subir des blessures graves ou mortelles lors d’un accident, par rapport aux risques d’un automobiliste moyen, on voit que celui-ci est 57 fois plus élevé en moyenne. Il est même jusqu’à 73 fois élévé chez les 18-24 ans."
Les conseils de Benoît Godart
La visibilité reste très importante. "Il faut mettre un équipement fluo. Beaucoup achètent également un gilet airbag. C’est très cher mais cela vaut peut-être l’investissement. Mettre un casque orange fluo est aussi une bonne idée. De loin, les automobilistes peuvent croire qu’il s’agit de policiers et seront alors plus attentifs", confie le porte-parole de Vias.
Anticiper la réaction des autres conducteurs est également crucial. "Il faut toujours penser comme si l’automobiliste ne vous avait pas vu. Même lorsque vous avez la priorité, ralentissez."
Il faut toujours penser comme si l’automobiliste ne vous avait pas vu
Beaucoup d’accidents impliquent des motards seuls. Benoît Godart insiste pour que ceux-ci pensent à prendre des cours de conduite défensive. "Quatre motards sur dix n’ont pas passé d’examen de conduite spécifique. Ils roulent car ils ont un permis voiture d’avant 1989. C’est important d’aller suivre quelques heures de cours dans un centre spécialisé afin de se familiariser avec les réactions adéquates à avoir lorsque l’on est confronté aux situations d’urgence que l’on ne rencontre pas tous les jours."
Quant aux conseils pour les automobilistes, lesquels seraient-ils? "Il faut être concentré à 100%! Vous pouvez voir arriver une moto à tout moment. Donc, pas de GSM au volant! Faites également bien attention dans les endroits touristiques, comme les vallées, où les motards aiment particulièrement circuler, surtout le week-end. Enfin, pensez à toujours bien indiquer à temps votre intention de tourner, en cas de dépassement d’un motard", conclut Benoît Godart.