Que reste-t-il des gestes barrières? Le lavage des mains, surtout
Depuis un an, l’UCLouvain analyse le respect des mesures sanitaires, qui est en chute libre ces derniers temps. À l’exception du lavage des mains, que les femmes appliquent davantage que les hommes.
Publié le 28-03-2022 à 18h01
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Ce n’est pas une surprise: le respect des gestes barrières a sensiblement diminué ces derniers mois.
Une équipe de psychologues de l’UCLouvain examine ces tendances auprès d’un échantillon de 593 Belges francophones depuis un an, au moyen d’une étude réalisée avec l’appui de la Fondation Louvain. Cette analyse porte sur quatre comportements: le lavage des mains, le port du masque, la limitation des contacts sociaux et la distanciation physique.
1.Ennette diminution
Les quatre comportements étaient fortement appliqués il y a un an, en avril 2021: 76% disaient respecter (de manière modérée ou élevée) le lavage de mains, 85% le port du masque, 81% la limitation de contacts et 81% la distance physique.
Et en mars 2022? Les trois mesures les mieux respectées il y a un an sont aujourd’hui les moins appliquées: 36% le port du masque, 37% la limitation de contacts et 41% la distanciation. Le lavage des mains ne subit pas la même perte d’adhésion: 60% disent encore le respecter.
Ce constat répond à une certaine logique: la situation épidémique n’est plus la même, les mesures imposées par le Codeco se sont fortement assouplies, le ras-le-bol s’est accentué
Cette lassitude apparaissait d'ailleurs lorsque l'échantillon a été interrogé en novembre 2021. Le niveau de respect des mesures avoisinait alors les 60-70%, un ordre de grandeur similaire à ce qui était mesuré en juin 2021. "Pourtant, la situation sanitaire n'était pas du tout la même, rappelle Olivier Luminet, professeur en psychologie de la santé à l'UCLouvain. Le risque était bien plus élevé qu'en juin, mais les gens continuaient d'appliquer les mesures comme en été. C'est le signe de la lassitude, sans doute, mais aussi de l'idée que le variant Omicron était moins grave".
2.Genre,âge et scolarité
Certains facteurs individuels changent la donne. Ainsi, les femmes, depuis le début de l’étude en avril 2021, sont plus enclines à respecter le lavage des mains que les hommes. Une différence qui n’a pas lieu pour les trois autres mesures.
La tranche d’âge la plus jeune (18-35 ans) est celle qui respecte le moins les mesures de limitation de contacts et la distance physique, la tranche la plus âgée (55 et plus) étant celle qui les applique le plus. L’écart s’est en outre creusé au fil du temps. C’est, sans surprise, le signe de la grande importance des contacts sociaux pour les plus jeunes.
Par ailleurs, plus le niveau de scolarité est élevé, moins les mesures sont respectées. Cela s'explique peut-être par le fait que les personnes au diplôme moins élevé auraient des activités avec davantage de contacts. "Il y a probablement une sous-estimation des risques chez les plus diplômés", suggère aussi Olivier Luminet.
3.Etl’avenir?
Serions-nous en mesure d'augmenter à nouveau le niveau d'adhésion si l'épidémie repartait à la hausse? Rien n'est moins sûr, d'où l'importance pour Olivier Luminet "d'éviter de s'y prendre à la dernière minute. Il faut que les autorités anticipent". Il conviendrait de hiérarchiser les mesures sanitaires en fonction de leur coût psychologique, l'étude confirmant que "les personnes qui adhèrent de manière importante à la distanciation physique et à la limitation des contacts sociaux ressentent des niveaux de solitude et de dépression plus élevés".
Ainsi, le lavage des mains, peu coûteux psychologiquement, serait placé en tête, avec une autre mesure dont l'importance est progressivement apparue comme évidente: l'aération. L'étude s'est penchée sur cette mesure pour la première fois, avec 41% de répondants qui la respectent de façon élevée ou modérée, "ce qui montre qu'il y a une marge de progression", selon Olivier Luminet.
Dans la hiérarchisation, le port du masque arriverait ensuite, suivi par les gestes les plus coûteux: distance physique et limitation de contacts.