Les flexi-jobs séduisent toujours plus de Belges
En Belgique, 80 000 personnes ont un flexi-job. Fiscalement avantageux, ces boulots d’appoint ont le vent en poupe.
Publié le 26-03-2022 à 07h00
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"J'ai décidé de prendre un flexi-job à côté de mon métier d'enseignante, pas tellement pour des raisons financières, mais plutôt pour m'occuper intelligemment quand je ne donne pas cours. Mes horaires me permettent d'avoir ce travail d'appoint. Donc au lieu de rester dans mon canapé, je suis active et je me fais un peu d'argent!"
Depuis décembre dernier, Morgane, 30 ans, travaille dans une grande chaîne de prêt-à-porter en marge de son métier d’enseignante. La jeune femme n’est manifestement pas la seule à avoir opté pour ce type de revenu complémentaire: selon les données de l’ONSS, la Belgique comptait pas moins de 80 722 flexi-jobbers fin 2021, contre seulement 26 730 en 2017.
Conditions avantageuses
Ce système, lancé en 2015, permet aux retraités et aux personnes qui travaillent au minimum à 4/5e temps de prester une activité complémentaire à des conditions fiscalement très avantageuses. Pour faire simple, le revenu du flexi-jobber ne peut être inférieur au minimum légal et est totalement exonéré d'impôt. Autrement dit, son salaire brut équivaut au net. " Ce qui est intéressant aussi, c'est que c'est illimité en termes de nombre d'heures prestées et d'employeurs." Les employeurs y trouvent également leur compte puisqu'ils ne paient qu'une cotisation patronale de 25% pour un travailleur flexi-job.
«Plus un bonus»
Si ce revenu complémentaire était d'abord alloué à ses loisirs, la Liégeoise le juge désormais non négligeable, au vu de l'augmentation du coût de la vie. "Je travaille entre 15 et 20 heures par semaine au magasin. En période de soldes, en étant là presque tous les jours, j'étais à 1000 euros par mois pour mon flexi-job. Aujourd'hui, étant donné que c'est un peu plus calme, je suis plutôt à 600 euros. Même si je gagne plutôt bien ma vie en tant que prof, ce salaire d'appoint m'aide quand même à payer mes factures. Ce n'est finalement plus un simple bonus sur mon compte en banque!"
Contrairement à Morgane, Marie (prénom d'emprunt), est pour sa part une flexi-jobbeuse chevronnée. Également enseignante, la trentenaire cumule deux flexi-jobs: l'un comme caissière en supermarché, l'autre comme serveuse dans un restaurant. "Les petites semaines, je suis à 60 heures de travail."
Pour Marie, les journées sont chargées et, elle le reconnaît, assez éreintantes. Si elle ne compte pas ses heures, c'est pour concrétiser un projet qui lui tient à cœur. "J'ai commencé à travailler en flexi-job dans l'horeca il y a quatre ans parce que j'avais le projet d'acheter une maison. Les conditions pour pouvoir emprunter sont de plus en plus compliquées. Il faut avoir les reins solides! Et en plus, j'achète seule…"
Il y a deux ans, elle s'engage alors dans un second flexi-job afin de mettre un maximum d'argent de côté. Des efforts qui ont porté leurs fruits: "Je vais signer les actes de ma maison début avril!"
La jeune femme n'entend pas, pour autant, lâcher ses flexi-jobs. " C'est en quelque sorte par " nécessité " que je le fais, même si ce terme est un peu fort. Désormais, ces revenus d'appoint me permettront d'aménager ma maison comme je le souhaite, de pouvoir avoir des matériaux qualitatifs et ne pas miser sur un mobilier temporaire. "
Sans avoir de difficultés financières, ces activités complémentaires arrondissent les fins de mois. "En fait, les dépenses de confort que je m'accorde, c'est grâce aux flexi-jobs. Mais je pense que je vais quand même commencer à lever le pied en optant pour une solution intermédiaire."
Un cercle vicieux
Si nos deux interlocutrices pointent les nombreux avantages de ce système - salaire d'appoint, découverte d'un autre milieu professionnel, moindre stress par rapport à leur activité principale - elles soulignent toutefois la précarité de ce statut. Pour Morgane, l'an dernier, le salaire était de 9,94 euros de l'heure. " Au vu du prix du carburant, ce n'est pas énorme...""En fait, pour voir une différence en termes de confort de vie, il faut beaucoup travailler", complète Marie.
Bien qu'elles profitent de cette possibilité, ce statut amène aussi quelques interrogations en termes d'emploi. "Je pense que ce statut officialise ce qui ne l'était pas avant. Le travail au noir était plus fréquent avant les flexi-jobs, avance Morgane. Mais en même temps, cela donne aussi l'impression d'une sorte de cercle vicieux: tant que tu as un emploi, tu peux encore faire des heures. Mais si tu n'en as pas, tu ne peux juste rien faire. Dans un sens, ce n'est pas logique. "