484 tués sur les routes belges en 2021: pourquoi la tendance diffère nettement entre Flandre et Wallonie

De ces chiffres axés sur l’année 2021, il ressort un constat édifiant: si le nombre d’accidents corporels a augmenté de façon globale par rapport à l’année précédente (+14%), celui de tués sur les routes wallonnes et bruxelloises, lui, n’a jamais été aussi bas.

«Logique»

Pour Benoit Godart, porte-parole de Vias, cette tendance à la baisse est "logique" et s'inscrit dans un contexte particulier de crise sanitaire: " Il y a eu nettement moins de trafic en 2021 en raison de l'obligation de télétravail mais aussi de l'annulation de nombreux événements et des fermetures des discothèques et du secteur horeca."

-37% en deux ans pour la Wallonie

Le nombre de personnes ayant perdu la vie sur les routes wallonnes est passé de 223 à 187 (-16%) par rapport à 2020. Si l’on élargit le constat au contexte d’avant la pandémie, on se rend compte que ces mêmes chiffres sont 37% moins élevés que ceux enregistrés pour l’année 2019 (295 tués), dernière année de référence avant le contexte de crise sanitaire.

Deux facteurs explicatifs

Si les chiffres ont atteint un niveau historiquement bas en Wallonie, l’institut Vias a noté que ces tendances allaient, au contraire, dans l’autre sens au nord du pays. Ainsi, sur l’année 2021, la Flandre a enregistré une hausse importante du nombre de tués sur ses routes: 45 personnes supplémentaires ont perdu la vie, pour un total atteignant 291 décès (+18% par rapport à l’année précédente).

La Flandre «victime» de la reprise économique

"Ce n'est pas logique, c'est même bizarre", admet Benoit Godart, lequel observe toutefois que la Flandre a connu "beaucoup plus d'accidents impliquant des camions et des camionnettes."

Dans un contexte de reprise économique et de boom de l'e-commerce, la Flandre s'est ainsi retrouvée plus fortement que d'habitude confrontée au trafic de poids lourds et de camionnettes de transport. "De façon plus forte qu'en Wallonie", précise Benoit Godart. Et donc le nombre d'accidents, souvent graves, impliquant ces types de véhicules a augmenté significativement au nord du pays.

Les autoroutes wallonnes de plus en plus contrôlées

Si Vias précise qu’une étude plus approfondie sera nécessaire pour déterminer les véritables causes de cette différence entre régions, Benoît Godart soulève encore une autre piste: les radars.

Contrairement à certaines idées reçues, la couverture radar du réseau autoroutier est désormais plus grande en Wallonie qu'en Flandre: "La Wallonie a installé beaucoup de radars tronçons, rappelle ainsi le porte-parole. Récemment, il y en a eu deux nouveaux de 12 kilomètres installés sur la dorsale wallonne, ainsi qu'un autre sur l'A54, l'autoroute la plus dangereuse du pays. Il faut aussi ajouter à cela les radars fixes qui permettent de contrôler la vitesse dans certains endroits à risques, comme la descente de Wavre sur l'E411. Petit à petit, l'ensemble du réseau autoroutier wallon est donc contrôlé. "

La Wallonie a installé beaucoup de radars tronçons.

Et si tous ces radars ne fonctionnent pas en permanence, leur présence, de plus en plus accrue, encourage de nombreux automobilistes à lever le pied. Fin 2021, on comptait ainsi près de 600 radars au sud du pays, contre seulement 235 en 2018.

Un audit de la vitesse en 2021

"Nous allons cette année 2021 mettre en place des mesures pour objectiver le constat, ajoute Benoit Godart. La dernière analyse remonte à 2015. À ce moment-là, les automobilistes roulaient plus vite sur les autoroutes wallonnes que flamandes. Aujourd'hui, ce n'est peut-être plus le cas."

En Flandre, la plupart des radars tronçons ne concernent pas le réseau autoroutier. Mais le porte-parole de Vias insiste: si elle est un facteur déterminant, la vitesse n’est pas forcément la cause des accidents mortels et, donc, de la hausse du nombre de tués sur les routes flamandes.