Réforme du marché du travail: "consternation" des syndicats sur le travail de nuit

C’est avec consternation que le front commun syndical a accueilli l’accord sur le travail de nuit dans le cadre de la réforme du marché du travail.

Réforme du marché du travail: "consternation" des syndicats sur le travail de nuit
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Le front commun syndical réagit ce mardi avec "consternation" à l’accord sur le travail de nuit dans le cadre de la réforme du marché du travail. L’exécutif "se fait l’écho des demandes de patronales en essayant de mettre hors-jeu la concertation dans tous ses aspects, sans aborder sérieusement la question globale de l’e-commerce", dénoncent dans un communiqué conjoint les syndicats socialiste, chrétien et libéral.

Les organisations estiment que gouvernement et patronat font preuve d’une "vision étriquée" qui "n’apportera pas le souffle nécessaire pour pérenniser le secteur de la distribution". Elles rappellent que "plus de 500.000 travailleurs, au bas mot, sont concernés" par l’e-commerce.

Mettre en place un travail de nuit au rabais sur le modèle Post NL, avec des emplois précaires

"Le gouvernement s’était engagé à une conférence large sur le sujet. Une fois de plus, il a dupé les travailleurs en trouvant des accords dans les salons feutrés du kern et avec l’aide de (la fédération du commerce et des services) Comeos", flinguent les syndicats.

Pour ces derniers, l’objectif est de "mettre en place un travail de nuit au rabais sur le modèle Post NL, avec des emplois précaires".

"Nous continuerons le travail commencé, à savoir un vrai débat sur l’e-commerce et l’avenir du commerce, à la loyale, dans le secteur et dans les entreprises", avertissent les syndicats. "La paix sociale se gagne, mais pas auprès du gouvernement en faisant du lobby", concluent-ils.

A noter que si l’accord a été salué par le patronat francophone, Comeos et l’UCM en tête, l’accueil est nettement plus froid au nord du pays, où le Voka le juge trop léger tandis que l’Unizo évoque une "occasion manquée" (lire en bas de l’article).

Comeos soulagé de l’accord relatif à l’e-commerce

Dans le cadre de l’accord en "kern" intervenu lundi soir sur la réforme du marché du travail, le gouvernement fédéral fait notamment un pas important en faveur du commerce électronique belge. Les entreprises auront la possibilité de lancer des projets pilotes pour développer leur e-commerce. La fédération du commerce et des services Comeos a réagi mardi matin avec soulagement à cet accord.

"Tous nos membres ont une stratégie numérique, mais il leur manquait la flexibilité dans l’organisation du travail pour offrir une bonne alternative au commerce électronique organisé depuis l’étranger", a déclaré Dominique Michel, administrateur délégué de Comeos. "Les avantages d’un secteur dynamique du commerce électronique en Belgique sont nombreux: plus de valeur ajoutée économique chez nous, plus d’emplois belges bénéficiant d’une rémunération et de conditions de travail correctes et plus de possibilités de livraisons locales. Ils permettront à nos villes de s’épanouir à nouveau."

Les entreprises auront désormais plus de possibilités de déployer leurs employés de manière flexible en fonction du commerce électronique. Il s’agit de projets pilotes dans lesquels les entreprises peuvent tester plus rapidement de nouvelles organisations du travail avec des employés volontaires. "Ces projets seront ensuite évalués avec les partenaires sociaux. Il s’agit d’une première étape importante pour accélérer l’adaptation de l’entreprise. C’est maintenant aux entreprises du secteur de se lancer."

Le travail de nuit peut également être organisé de manière un peu plus souple avec le nouveau contrat de travail, à condition qu’il ait toujours l’accord d’un syndicat.

Comeos est également satisfait que, pour les employés des plateformes de livraison à domicile, il soit question d’"évolution et non de révolution". Les plateformes peuvent continuer à travailler tant avec leurs salariés qu’avec des indépendants.

Les décisions du gouvernement font preuve de «modernité et de flexibilité» selon l’UCM

L’UCM salue les décisions prises lundi soir par le gouvernement fédéral concernant la réforme du marché du travail. Elles font preuve de modernité et de flexibilité, juge l’Union des classes moyennes dans un communiqué mardi.

Un point crucial pour l’UCM concerne la loi sur la nature de la relation de travail qui reste inchangée sur le plan des principes, se réjouit-elle, estimant avoir été entendue.

"Les décisions autour de l’économie de plateforme doivent également être considérées comme une victoire. La régulation dans le domaine n’impactera que certains grands acteurs", souligne l’UCM.

L’UCM, présente au Conseil national du travail et au Comité de gestion des indépendants, va désormais examiner "très attentivement" les textes, notamment autour des nouveaux critères, qui devront "respecter l’équilibre entre les statuts d’indépendants et de salariés".

Le gouvernement fédéral s’est accordé dans la nuit de lundi à mardi sur une réforme du marché du travail bâtie sur quatre piliers: flexibilisation du temps de travail, formation, mobilité des travailleurs et encadrement de l’économie numérique.

L’accord est «trop léger» selon le Voka, une «occasion manquée» pour Unizo

L’accord intervenu lundi soir au sein du "kern" concernant la réforme du marché du travail contient trop peu de mesures pour atténuer les tensions sur le marché du travail et augmenter le taux d’emploi selon l’organisation patronale flamande Voka. Selon elle, l’accord est "trop léger", précise-t-elle dans un communiqué mardi. L’organisation de travailleurs indépendants Unizo estime pour sa part que c’est une occasion manquée de "faire entrer réellement le marché du travail dans le XXIe siècle", souligne le directeur général Danny Van Assche dans un communiqué de presse.

"L’accord sur le travail n’offre aucune solution aux nombreuses entreprises qui cherchent aujourd’hui à recruter de nouveaux employés", explique Voka.

En outre, l’organisation voit une flexibilité et des droits sociaux supplémentaires pour les employés, mais pas pour les employeurs. "Les employés gagnent en flexibilité grâce à la possibilité de la semaine de quatre jours et au droit à la déconnexion. Mais cette flexibilité ne s’applique pas aux employeurs", précise le directeur général Hans Maertens. "Ces mesures ne conduiront pas à plus d’emplois, mais à une organisation du travail plus difficile pour l’employeur."

Pour Unizo en revanche, la possibilité d’avoir des semaines de quatre jours répond aux préoccupations actuelles.

Le Voka reconnaît toutefois qu’une "première étape" est franchie pour rattraper le retard en matière de commerce électronique.

Unizo se montre particulièrement critique de son côté concernant le volet relatif à l’économie de plate-forme. L’organisation craint que dorénavant, chaque indépendant travaillant via une plateforme doive prouver qu’il est bien un indépendant et non un salarié. "La proposition ignore le fait que l’économie de plateforme n’est pas un secteur, mais un outil que chaque secteur économique utilise dans une plus ou moins grande mesure", indique-t-elle, concluant par ailleurs qu’elle regrettait que "l’accord a été conclu sans les partenaires sociaux".

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