Les dangers du gaz hilarant, nouvelle drogue des jeunes
Depuis quelques années, l’utilisation de protoxyde d’azote comme gaz hilarant ne cesse de progresser chez les jeunes.
Publié le 25-01-2022 à 10h04
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De capsules métalliques vides de protoxyde d’azote, les parcs et autres quartiers forts fréquentés par les jeunes en sont remplis. Et la problématique ne fait qu’enfler ces dernières années, obligeant les autorités de plusieurs communes wallonnes à prendre le problème à bras-le-corps.
Utilisé il y a peu encore comme un simple ingrédient culinaire pour faire monter la chantilly, ce gaz est aujourd'hui utilisé par les jeunes comme drogue, inhalée dans un ballon de baudruche. Un moyen de s'évader furtivement "pour pas cher", comme l'explique Martin, 14 ans. Bien habillé, se décrivant comme ayant "une bonne éducation", l'adolescent a pris pour habitude de consommer cette substance "une à deux fois par semaine, entre amis, dans un parc ou lors d'une soirée". Une fois inhalé, le protoxyde d'azote permettrait de ressentir un effet euphorisant. Un fou rire de courte durée. Martin aime en prendre. "Il est facile de s'en procurer, dit-il. La vente aux mineurs étant interdite en Cité ardente, des "dealers" m'en vendent pour quelques euros de plus." Un vrai marché parallèle? Il serait plutôt anecdotique chez nous.
Dans des discothèques, sur le Web ou via des adultes
Se procurer du gaz hilarant est aisé, sans même faire appel à un dealer. "L'effet de mode, le prix bas, l'accessibilité du produit", selon cet inspecteur de police, sont autant de raisons qui justifient cet engouement des jeunes pour le protoxyde d'azote. En acheter dans un magasin est facile. "Ou par l'intermédiaire d'adultes dans des communes où la vente aux mineurs est proscrite."
Sur internet, c’est aussi facile. Chez nos voisins français, ce service pourtant illégal est proposé dans les discothèques parisiennes. Comme dans cette boîte prisée par les joueurs du PSG, et où Cavani, Neymar ou Verratti ont passé plusieurs soirées, des serveuses proposent le ballon pour 15 euros, payables en liquide ou par carte de crédit. Une réalité déjà observée dans des boîtes de nuit belges, du côté de Bruxelles et Liège.
"Le phénomène est fort répandu en milieu urbain", constate Benoît Godart, le porte-parole de l'institut de sécurité routière Vias. Il se souvient avoir dû interrompre un tournage télévisuel dans un magasin vendant des ustensiles de cuisine à Waremme, en province de Liège, où "des élèves venaient acheter du protoxyde d'azote sur le temps de midi avant de retourner à l'école".
La substance pose problème, aussi bien au niveau de la santé – puisque c’est nocif – qu’en termes de sécurité routière, les conséquences de sa consommation pouvant être dramatiques. À Paris, le 21 septembre 2021, une jeune femme de 20 ans qui consommait ce gaz au volant a fauché quatre piétons sur un passage protégé sur les Champs-Élysées. Selon une étude menée par l’institut VIAS, 12% des jeunes conducteurs wallons – contre 34% à Bruxelles – conduisent régulièrement sous l’influence du gaz hilarant.
Oui, on peut se faire verbaliser au volant
"C'est un phénomène masculin, jeune et urbain qui reste encore aujourd'hui problématique." Mais si le gaz hilarant ne peut pas être détecté par le biais d'un test et que sa détention n'est pas interdite en soi, "cela ne veut pas dire que la police ne peut pas intervenir". Un conducteur doit présenter les qualités physiques requises pour effectuer toute manœuvre et avoir constamment le contrôle de son véhicule. "En outre, la police peut également constater que le conducteur est dans un état analogue à l'ivresse, à la suite de l'absorption de médicaments ou de drogue." Des signes extérieurs peuvent alerter le policier: une démarche incertaine, des yeux injectés de sang, une langue qui fourche, une bouche pâteuse… De telles observations peuvent entraîner une amende et la déchéance du droit de conduire.
En 2020, on a déploré plusieurs accidents avec des jeunes, après lesquels des cartouches de gaz hilarant ont été retrouvées dans les véhicules impliqués. En combinaison avec de l’alcool ou d’autres substances, le risque d’accident est 200 fois plus élevé que lorsque le conducteur est sain! Vous voilà prévenu…