Les chiffres alarmants du gaz hilarant: «Cela peut entraîner des décès par asphyxie»
La majorité des consommations, si elles sont raisonnées, n’entraînent pas de complications. Mais le risque zéro n’existe pas et les conséquences de ces inhalations peuvent être gravissimes.
Publié le 25-01-2022 à 14h59
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"L'utilisation festive de gaz hilarant connaît un regain d'intérêt, analyse le professeur Dominique Vandijck, directeur général adjoint du Centre antipoisons. En 2019 comme en 2020, nous avons enregistré cinq appels liés à cette problématique. Mais pour les six premiers mois de 2021, ce nombre atteignait déjà les… 28 unités! Cela laisse craindre le pire pour la suite", les statistiques de cette année-là n'étant pas encore disponibles.
Des effets indésirables
Parallèlement aux effets euphorisants recherchés (sensation de bien-être, éclats de rire, etc.), le protoxyde d'azote peut apporter des effets indésirables et bien moins agréables: vertiges, malaises, désorientation, sensation d'ébriété qui sont à l'origine de chutes et d'accidents de la route. "Il est important de bien doser le gaz hilarant dans le ballon."
Une utilisation excessive ou inappropriée peut conduire à un manque d'oxygène au niveau du cerveau. C'est le cas lorsque la concentration de gaz hilarant dans l'air inspiré est trop importante. Le manque d'oxygène se traduit par des maux de tête et des vertiges, avant d'entraîner une perte de connaissance et même conduire au décès. "La littérature rapporte des cas navrants de décès d'utilisateurs se trouvant dans des espaces non ventilés ou ayant inhalé le gaz à l'aide d'un masque."
Paraplégie, tétraplégie temporaire
L'utilisation répétée (plusieurs fois par mois) de gaz hilarant va "inactiver la vitamine B12, elle-même essentielle au constituant de la moelle épinière", expose le Dr Dominique Vandijck. Les résultats sont des troubles neurologiques avec une altération de la marche, de l'équilibre, voire, dans les cas les plus extrêmes, une paraplégie ou une tétraplégie temporaire. "Il est important de faire le diagnostic à temps, avant que les lésions ne deviennent irréversibles."
Les personnes dont les apports en vitamine B12 sont réduits – régime végan ou végétarien, abus d’alcool – courent un plus grand risque de neuropathie.
La consommation associée à celle d’autres substances est dangereuse.
Au vu des chiffres dont il dispose au Centre antipoisons, le professeur Dominique Vandijck met en garde contre les conséquences de la consommation combinée.
"Les accidents dus à la consommation de substances volatiles, comme le gaz hilarant, ne sont pas rares et peuvent être mortels. La combinaison avec des stupéfiants, de l’alcool, les tranquillisants ou d’autres drogues renforce l’effet et rend l’utilisation extrêmement dangereuse."
Quid dans les hôpitaux?
Aux urgences de la clinique du CHC MontLégia, sur les hauteurs de Liège, on déclare que peu de patients s'y rendent pour ce type de pathologie. " À ce jour, nous n'avons pas eu à faire face à des problèmes aigus et fréquents liés à ce type de consommation", y précise-t-on. Jusqu'à quand, est-on tenté d'écrire. Tant ce fléau semble se répandre de plus en plus.