Liste des experts pour discuter de la vaccination obligatoire: "Notre déception reste importante"
La liste des experts qui seront entendus dans le cadre du débat à la Chambre sur la vaccination obligatoire est arrêtée. Elle ne satisfait pas tout le monde.
Publié le 20-01-2022 à 06h00
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"Vous avez l'occasion de donner un signal fort, celui du souci qui vous anime d'un vrai débat démocratique, ouvert et objectif. Vous avez l'opportunité, ce faisant, de remettre au cœur de la Nation sa plus belle institution, celle où la voix du peuple – vos électeurs – construit les lois, dans l'intérêt de tous. Faites en sorte que ce signal résonne comme le triomphe de la démocratie, plutôt qu'il sonne le glas de celle-ci." C'était la conclusion d'une lettre ouverte forte, envoyée hier matin aux membres de la Commission Santé de la Chambre des représentants, et aux présidents de partis, par CovidRationnel, un Think tank interuniversitaire qui préconise une approche scientifique interdisciplinaire et rationnelle de la gestion de la crise covid-19. Un collectif inquiet face à la liste de 17 noms arrêtée à l'issue du premier jour de débats sur le déroulement des auditions d'experts, prévues le mercredi 26 janvier, le lundi 31 janvier, le mercredi 2 février et le vendredi 4 février.
Toujours les mêmes experts
La première liste "fait en effet apparaître une univocité marquante des experts retenus à ce stade", déplorait CovidRationnel. "Il n'est point besoin de souligner, en effet, qu'une (très) large majorité d'entre eux est déjà intervenue, à divers moments de cette crise, pour conseiller l'exécutif, et que la plupart ont exprimé, par divers biais médiatiques, des prises de position et leur insistance personnelle en faveur d'une vaccination de tous. Il est malheureusement significatif, en revanche, que vous n'ayez pas choisi de retenir les noms, et partant d'entendre les voix, d'autres experts, plus critiques de la gestion de cette crise par les gouvernements de notre pays, et sceptiques quant à la politique du "tout au vaccin, pour tous"".
"À l'entame des débats parlementaires relatifs à la difficile question de l'éventuelle instauration d'une obligation vaccinale "Covid-19", de nombreux citoyens se tournent aujourd'hui vers le Parlement avec l'espoir d'y trouver l'image d'une vraie démocratie en action. C'est avec la même espérance que nous vous invitons à saisir cette opportunité de redonner au travail parlementaire son impact unificateur sur la société et, par-là, ses lettres de noblesse, entachées par la mise à l'écart du Parlement à la faveur des arrêtés de pouvoirs spéciaux puis par les polémiques et les jeux politiques qui ont entouré l'adoption de la loi pandémie", argumentait le collectif interuniversitaire.
Manque de diversité côté francophone
Les noms qui se sont ajoutés à la liste des experts choisis par les partis politiques, hier après-midi, ont en partie rassuré les membres de CovidRationnel, même s'ils restent "sur leur faim", comme l'explique un de ses membres, le professeur de droit Erik Van Den Haute, de l'ULB. "Notre déception reste importante même si on constate une amélioration. On a beaucoup misé sur le nombre etmoins sur la diversité, côté francophone surtout", dit-il. "C'est plus intéressant côté flamand, comme si les partis étaient plus ouverts, avec des personnalités qui ne sont pas des chantres de la vaccination obligatoire, qui sont plus nuancés sur ce sujet, en tout cas."
"Cela fait deux ans que le Parlement est le grand absent de la gestion de cette crise", ajoute encore le professeur de droit. "Pendant ce temps, un tas de gens et d'associations se sont mobilisées pour remettre ce débat parlementaire sur le devant de la scène. Mais la première chose qu'on voit, c'est une espèce de marchandage politique sur le nom des experts. C'est assez décevant. Quand il y a eu le débat sur l'euthanasie, on n'avait pas eu peur de confronter des positions diamétralement opposées. On a un peu l'impression qu'on n'a pas voulu un débat aussi ouvert cette fois-ci."
La question de la vaccination obligatoire est-elle pour autant jouée d'avance? " Dans un certain sens, oui, au moins dans la position des partis. Il n'y aura pas de consensus, en tout cas, au sein de la Commission Santé, mais à la limite tant mieux. Plus largement, beaucoup de questions éthiques, juridiques, de santé publique se posent, liées à cette crise, et il n'y a jamais eu de véritable débat là-dessus. Peut-être que maintenant ce sera l'occasion."