Mort du petit Dean: Dave De Kock était passé par une prison "modèle" en Belgique
Le meurtre du petit Dean, 4 ans, pose des questions sur le suivi de l’auteur présumé du crime. Celui-ci avait été condamné en 2010 pour des faits similaires. En Belgique, le suivi psychiatrique des détenus est chaotique. Comme le pointe le CCSP.
Publié le 18-01-2022 à 12h47
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L'horreur a fait place à l'incompréhension. Le meurtre de Dean Verberckmoes, un petit garçon de 4 ans, soulève énormément de questions. Notamment parce que l'auteur présumé avait déjà été condamné pour des faits similaires en 2010 pour avoir tué l'enfant de 2 ans de sa petite amie de l'époque.
La maman du petit garçon de Saint-Nicolas, en Flandre orientale, était hospitalisée et avait confié la garde de son fils à ce proche dont elle ignorait le passé criminel. Tout juste savait-elle qu’il avait fait de la prison par le passé.
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Dimanche soir, un avis de recherche avait été lancé par la police fédérale et par le parquet de Flandre occidentale suite à la disparition du garçon et de Dave De Cock. Tous les deux avaient été vus ensemble pour la dernière fois le mercredi 12 janvier. Ce lundi, le trentenaire avait été interpellé aux Pays-Bas et, quelques heures plus tard, le corps sans vie de l’enfant avait été retrouvé dans le village néerlandais de Vrouwenpolder, en Zélande.
Pas de suivi car il avait purgé sa peine
Comment le garçon avait pu être confié à cet homme? C'est une question bien légitime. Dave De Cock avait purgé l'ensemble de sa peine de 10 ans pour son premier crime. Ce qui le libérait de toute mesure probatoire et de tout suivi une fois libéré. "Quand une personne est libérée à fond de peine, elle se retrouve libre sans contrôle, analyse l'avocat Alex Wilmotte. C'est pour cela qu'il est toujours préférable que quelqu'un soit libéré sous conditions. Normalement, quand un enfant se retrouve seul, le parquet et les services sociaux en sont informés. "
La ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne a fourni, sur les ondes de la VRT, plus de détails sur la première incarcération de De Cock. C'est à la prison de Tilburg (Pays-Bas) qu'il devait purger sa peine. Il aurait dû être placé en institution psychiatrique "mais il n'y avait à l'époque pas de places, avec pour conséquence que la justice a décidé de le déplacer vers une autre prison, celle de Ruiselede (en Belgique, NDLR), où il avait suivi un programme pour se défaire de son assuétude aux drogues ".
En Belgique, le suivi psychiatrique des détenus à hauts risques est problématique. Ces personnes sont " bien souvent tout simplement privées de tout placement car leur casier judiciaire est trop lourd et qu'aucune place n'est prévue pour pareil cas," reconnaît le ministre.
Suivi psychiatrique des détenus défaillant
Ce mardi matin, en commission Justice à la Chambre, le rapport annuel du CCSP était justement présenté. Dans son analyse pour l'année 2020, le Conseil central de surveillance pénitentiaire pointe les faiblesses de l'encadrement psychiatrique en milieu carcéral en Belgique. "Une part importante et croissante de la population carcérale est confrontée à de nombreux problèmes psychologiques (notamment des problèmes de dépendance, des tendances suicidaires, des troubles psychiatriques…)." Plus loin dans le rapport: "le manque de personnel qualifié est un facteur important. Les prisons d'Andenne, d'Arlon et de Berkendael entre autres n'avaient par exemple pas de psychiatre de soins dans leur établissement en 2020. En outre, lorsqu'il y a une équipe de soins, il n'y a pas de permanence garantie de cette équipe en dehors des heures de bureau et durant le week-end. Dans certains établissements, les soins psychiatriques sont donc quasi inexistants et l'on recourt principalement à la médication, les délais d'attente sont particulièrement longs ou les détenus concernés restent simplement dans le régime normal sans bénéficier de soins psychiatriques adaptés."
À la lecture du rapport, on comprend pourtant que Dave De Cock avait été incarcéré dans la prison qui lui offrait le meilleur encadrement. Le CCSP cite ainsi la prison de Ruiselede en exemple comme "bonne pratique" pour son projet b-leave destiné aux détenus toxicomanes. Ce programme de 8 mois offre un suivi thérapeutique aux détenus et, comme expliqué sur le site du SPF justice, les détenus "apprennent à développer des aptitudes personnelles, des aptitudes sociales et des aptitudes de vie."
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