Le rapport wallon d’Unia: le logement toujours en tête des dossiers de discriminations
En termes de discriminations, la Wallonie a ses spécificités. Le directeur d’Unia Patrick Charlier fait le point sur les chiffres 2020.
Publié le 18-01-2022 à 18h52
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En Wallonie, le domaine le plus concerné par les faits de discrimination rapportés reste le secteur des biens et services, où le logement arrive en tête.
C’est ce qui ressort du rapport régional 2020 d’Unia (ex-Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme), présenté en commission de l’Égalité des chances ce mardi au Parlement wallon.
1.La part wallonne
Sur les 9 466 signalements enregistrés par Unia en 2020, 1 200 viennent de Wallonie (12%). C’est moins qu’en 2019 (1 312). Patrick Charlier, directeur d’Unia, rappelle que le télétravail, le confinement, la fermeture de certains secteurs et l’enseignement à distance appliqués en 2020 expliquent en partie la légère baisse des signalements. C’est dans le Hainaut que le nombre de signalements est le plus important (414), devant la province de Liège (358), Namur (156), le Brabant wallon (144) et le Luxembourg (64). L’ensemble de ces signalements ont donné lieu à l’ouverture de 529 dossiers (24% des dossiers en Belgique).
2.Top 3 des secteurs
Chez Unia, le secteur des "biens et services" englobe des créneaux comme le logement, les services publics, les commerces, l’horeca, les services financiers, les soins de santé ou les transports. Un gros morceau en soi, qui reste sur la première marche du podium avec 43% des faits de discrimination rapportés. On en était à 30% en 2019. "Et la moitié des dossiers concernent le logement", précise Patrick Charlier. Viennent ensuite l’emploi (23%, stable) et l’enseignement (13%, soit 12% de moins par rapport à 2019). Au niveau belge, c’est l’emploi qui occupe la première place (28% des dossiers).
3.Les critères: toujours le handicap
Dans 30% de l’ensemble des dossiers wallons, c’est le critère du handicap (mobilité, accès au logement, etc.) qui a été épinglé comme base de discrimination, devant les critères raciaux en tête au niveau national et la fortune, autrement dit les ressources financières.
En 2020, sur tous les dossiers ouverts par Unia, près d’un dossier «logement-fortune» sur deux provient de Wallonie
Ce dernier critère est plus marqué en Wallonie que dans l'ensemble de la Belgique: 7% des dossiers belges et 14% des dossiers wallons. Explication? "Les discriminations sur base du statut socio-économique peuvent être mises en relation avec le logement", indique le directeur d'Unia. Et en 2020, près d'un dossier "logement-fortune" sur deux provient de la Wallonie. Si la législation permet aux propriétaires de vérifier la solvabilité d'un candidat locataire, il est interdit d'exclure a priori certaines catégories de revenus. "Comme les bénéficiaires d'allocations d'invalidité, de CPAS ou de chômage ", répète Unia.
4.Covid: la stigmatisation
Unia a déjà publié deux rapports sur les discriminations liées spécifiquement à la crise sanitaire. Le dernier a été actualisé en novembre dernier. Et là aussi, c'est le secteur des biens et services qui émerge nettement. Même si les signalements wallons en lien avec le Covid ne représentent que 8% du "paquet national" (136 sur 1 754). " Nous avons été contactés notamment par des plus de 65 ans qui se sentaient infantilisés, à qui on déconseillait de voir leurs petits-enfants ou de participer à certains activités. Et presque trois-quarts des dossiers liés à la pandémie étaient fondés sur le handicap ou l'état de santé. Avec une forme de stigmatisation. Des personnes se sont senties particulièrement visées dans le cadre de cette pandémie ", souligne Patrick Charlier.