Du Covid Safe Ticket au Certificat corona: "En tout cas, ce sera sans moi"
Le rapport du Commissariat Corona suggère de renoncer au Covid Safe Ticket et de le remplacer non pas par une obligation vaccinale mais par un pass plus restrictif. Objectif: augmenter le taux de vaccination. Ci-dessous, le témoignage d’un quinquagénaire déterminé à rester dans le "camp" des non-vaccinés (mais pas antivax).
Publié le 14-01-2022 à 19h57
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Alors que le Covid Safe Ticket vient d’être renouvelé pour 3 mois en Wallonie et à Bruxelles, les décideurs politiques vont débattre d’une approche différente. Pass vaccinal ou obligation vaccinale?
Le commissariat Corona avait été chargé le 17 novembre par le Codeco de plancher sur la question. Il a rendu son rapport au Premier ministre Alexander De Croo jeudi soir. Ses conclusions plaident clairement pour un pass vaccinal (qu'on appellerait plutôt "Certificat corona"). Quelle est la différence avec un CST? Avec une obligation vaccinale? Quels sont les objectifs? On y vient.
1.CST, certificat Corona, les 3G: de quoi parle-t-on?
Actuellement, trois groupes de citoyens peuvent décrocher un Covid Safe Ticket: les vaccinés, les guéris du Covid et ceux et celles qui peuvent démontrer par un test récent qu’ils sont négatifs au virus. On parle de passeport 3G. Avec le Certificat corona, on resserre l’accès au sésame à un niveau 2G (les vaccinés et les guéris du Covid) ou 1G (les vaccinés seulement).
2.Changementd’objectif
À l'origine, le CST vise à limiter la circulation du virus dans certaines activités ou certains milieux. Le pass vaccinal ou le Certificat corona a pour objectif d'augmenter le taux de vaccination, au moment où " la campagne de vaccination semble marquer le pas dans le domaine de la primo-vaccination, alors que le variant Omicron se propage à toute vitesse", lit-on dans le rapport.
3.L’option1G
Si on vise une amélioration du taux de vaccination pour ménager le système des soins de santé, alors "le Certificat corona doit bien entendu être conçu comme un certificat de vaccination (1G)", précise Pedro Facon le commissaire Corona. Le certificat de rétablissement ne serait plus d'actualité, puisque "l'immunité fournie par une infection précédente serait plus faible contre Omicron". Quant aux tests, ils ne feraient plus non plus le poids face au vaccin, depuis Omicron.
4.Pourquoipas une obligation claire et nette?
"L'obligation générale de vacciner doit être une mesure à long terme. Imposer cette obligation à court terme, uniquement pour augmenter la couverture vaccinale, semble juridiquement disproportionné."
Le rapport se réfère à la position de l'OMS Europe, "qui considère la vaccination obligatoire comme le "dernier recours" ". Le Commissariat Corona a néanmoins pris toute une série d'avis. " Une obligation générale de vaccination peut être éthiquement, socialement et juridiquement acceptable et proportionnée, voire souhaitable ". C'est d'ailleurs l'approche qui a les faveurs du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke.
Mais trop d'incertitudes planent encore sur le plan épidémiologique et sur le nombre de doses permettant d'atteindre une immunité collective. Or, note le commissaire général Corona, plus la crise sanitaire se prolonge, moins la population est prête à se plier à des mesures "très drastiques ", qui ne seraient pas "fondées sur des données, des preuves".
5.Quellesmodalités?
C’est finalement ce qui pourrait formellement faire la différence entre une obligation vaccinale et un Certificat corona 1G: le champ d’application. Là, ce n’est plus du ressort de Pedro Facon, qui recommande un débat parlementaire (à tous les niveaux) et social, pour déterminer les limites de l’application du document. Sans se priver d’un débat sur l’obligation vaccinale.
6.Boucherles trous dans le fromage
Masque, télétravail, gestes barrière, testing, Certificat corona, vaccins… Dans la box Covid, " il n'existe pas d'outils parfaits, ou totalement efficaces et sûrs " et le politique doit le rappeler poursuit le rapport. Chaque élément est une tranche de fromage à trous, selon une image régulièrement utilisée par les sphères scientifiques. En gros, c'est en superposant correctement les tranches qu'on aurait le plus de chance de boucher les trous et de faire barrage au virus.
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Julien se méfie des médicaments en général. "J'en prends très peu. Je ne porte pas les sociétés pharmaceutiques dans mon cœur. Et dans le cas du Covid, on reste dans l'expérimental."
Et s'il est lui-même infecté? En l'occurrence, Julien vient de le vivre. "J'ai été contaminé au variant Delta, par une personne vaccinée, d'ailleurs. C'était un rhume. J'ai eu du bol? Peut-être. Je fais beaucoup de sport, je suis en pleine forme, je mange hyper équilibré... " Un peu comme les frères Bogdanov, quoi. "Ah ça, je l'aurai entendu, l'argument des Bogdanov, sourit-il. Ils ont bien trop tardé avant d'aller voir un médecin. Moi, au premier jour, j'y étais, chez mon médecin."
Puisqu'il est guéri du Covid, il a son CST. Un vrai. Le temps que ça durera… "On m'en a proposé des faux. J'ai dit non. Ce n'est pas moi. Si on doit priver les non-vaccinés de resto, de cinéma, de spectacles, je n'irai plus au resto, ni au cinéma, ni au spectacle", réagit-il, sans colère. " C'est le foutoir, mais je n'en veux à personne. Ni aux politiques, ni aux scientifiques. Ils ne savent pas, c'est normal. Je comprends, c'est une situation inédite. Mais pour les tests vaccinaux, c'est sans moi. S'il ne doit rester qu'un seul non-vacciné, je serai celui-là. Le dernier des Mohicans. C'est une décision personnelle. Je l'assume. Je crois que j'ai raison. Je crois, hein… Je peux me tromper. Les vaccinés aussi ont fait un choix et je le respecte. "
À chaque fois qu'il va chez des amis ou dans la famille, il porte le masque, se fait tester. "J'en ai fait 17 ou 18 en 2021. Je prends mille précautions, parce que je suis responsable. Et si un jour on refuse les non-vaccinés dans les hôpitaux, j'assumerai aussi. Mais qu'on ne s'étonne pas que, demain, ce sera au tour des fumeurs. Ou de ceux qui mangent n'importe quoi."