"Le 1er devoir d’Adrien Dolimont, ce sera de dire non": le mur d’Adrien, selon André Antoine
Dans l’opposition, chacun dans son style, le cdH et le PTB proposent une petite mise en jambes au nouveau ministre du Budget, Adrien Dolimont, qui prête serment ce jeudi comme nouveau ministre du Budget wallon.
Publié le 13-01-2022 à 11h48
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Ce jeudi, à 14 heures, Adrien Dolimont (MR) entre officiellement en fonction comme nouveau ministre du Budget. Et Jean-Luc Crucke revient siéger comme député wallon jusqu’au mois d’octobre.
André Antoine a déjà dit lundi à quel point il trouvait que la démission de Jean-Luc Crucke tombait au pire moment pour la Wallonie. Le député cdH (opposition) parle même aujourd'hui de "faute politique ".
" Crucke pose un diagnostic sur la dette wallonne et puis il part alors que le remède n'est pas là. Quand les comptes de la Wallonie sont dans cet état-là, un ministre reste. D'autant qu'il va siéger au Parlement jusqu'en octobre. Et je ne vois pas ce que le malaise au sein du MR vient faire là-dedans ", maintient le député cdH.
Mais Jean-Luc Crucke s'en va. Adrien Dolimont arrive. André Antoine lui a donc concocté une liste de 10 devoirs, fondés sur " l'héritage après bénéfice d'inventaires" de son prédécesseur. "Ces 10 devoirs, c'est le mur d'Adrien", résume le député cdH.
La règle d’or

Le ministre du Budget tient le cordons de la bourse. " Or, Jean-Luc Crucke a pratiquement dit oui à tout, face à ses collègues du gouvernement. Le premier travail de Dolimont, ce sera de dire non. Mais le dernier arrivé ne sera pas forcément le premier écouté."
Deuxième devoir: maîtriser la dette wallonne, évidemment. " On va me répondre Plan de relance, Covid et inondations. Mais au-delà de ces dépenses extraordinaires, on note que les dépenses ordinaires s'emballent aussi: +4,1 milliards." Il y a la nouvelle règle d'or, recommandée par les experts du comité de la dette: économiser 1% des recettes chaque année (environ 150 millions par an, en format cumulé). " Pour moi, c'est un minimum. C'est une condition sine qua non pour retrouver une crédibilité budgétaire."
Le contrat Belfius
Troisième mission: le fameux Budget base zéro. " On en parle beaucoup mais il n'a encore rien produit. Alors qu'on évoquait un rapport d'un milliard." André Antoine se dit perplexe. Au bas mot.
En 4: réduire l'encours budgétaire. " C'est la dette sous le tapis. À ce jour, on parle de 7,3 milliards de différence entre les crédits d'engagement et les crédits de liquidation. On doit pouvoir supprimer les promesses d'engagement pour les bénéficiaires qui ne se sont pas manifestés", recommande-t-il.
Cinquième devoir: renégocier le contrat qui lie la Région et Belfius (le contrat caissier). Belfius s'engage à mettre 3,5 milliards d'euros à disposition de la Région, quoi qu'il arrive. "C'est moi qui l'avais négocié... " Mais le contrat arrive à échéance fin décembre 2022. "Quelque chose me dit que le banquier de la Région ne sera plus dans les mêmes dispositions, face à l'endettement. Pour l'agence Moody's, c'est un de nos atouts qui va disparaître".
Le devoir N° 6 consistera, selon le cdH, à éviter les dépassements budgétaires liés à un Plan de relance déjà pas mal critiqué. "Et le nouveau ministre va probablement devoir faire face à une diminution de 15% des subventions européennes en raison des performances économiques de la Belgique en termes de PIB: -222 millions pour la Wallonie."
Le débat «empoisonné»
La réforme de la fiscalité auto est aussi très attendue. C'est le devoir N° 7, à boucler avec le ministre de du Climat Philippe Henry (Écolo). " On parle de 714 millions€. Ça va être un débat empoisonné, après le décret pour un impôt plus juste ", prédit le député.
Sur la liste d'André Antoine, figurent encore 3 derniers devoirs: l'allégement de la facture fiscale pour accéder à la propriété, le redéploiement des aéroports (" Charleroi, c'est dans le jardin du nouveau ministre. Il doit réussir…") et la dynamique sportive, "avec la plupart des clubs amateurs au bord de la faillite".
Il conseille au nouveau ministre de bien profiter de sa première semaine. "C'est la meilleure. Après, ce sera beaucoup plus difficile."

Il espère que cette règle d'or ne sera tout bonnement pas appliquée. "Elle est là pour rassurer les marchés et les agences de notation. Ce n'est pas notre vision des choses.Que les partis de la majorité fassent le constat: le système institutionnel actuel ne fonctionne pas. On a donné à la Région des compétences mais les moyens n'ont pas suivi."
Repenser la relance
Par contre, là où il attend Adrien Dolimont, c'est sur le Plan de relance. "Une resucée de recettes qui n'ont pas fonctionné pendant les 30 dernières années, où on met des capitaux publics dans les mains du privé… Ce plan, aujourd'hui, ce sont des colonnes avec l'intitulé d'un projet, le nom d'un ministre et parfois un montant. Rien d'autre. On parle de 7,5 milliards€! Investir dans les entreprises publiques, par contre, c'est plus intéressant. "
Mais s'il faut revoir certaines dépenses, au lieu de centrer le Budget base zéro sur la fonction publique, "pourquoi ne va-t-on pas revoir les privilèges des ministres et des députés?" Parce que c'est une mesure populiste, symbolique et non structurelle? "Oui, c'est symbolique. Mais rien que pour les attachés des ex-ministres, c'est 800 000€ qui pourraient servir à autre chose". Ce qui serait moins symbolique, ajoute-t-il, c'est l'épluchage de la gestion des outils financiers et des participations wallonnes (7 milliards).
Bref, le PTB prévient: " Si le nouveau ministre MR est là pour accélérer l'austérité, il nous trouvera sur son chemin."