5 000 médecins font entendre leur ras-le-bol
À l’appel de l’Absym, 5 000 médecins ont manifesté virtuellement contre la gestion politique de la crise sanitaire. Leurs principaux griefs: la lourdeur des tâches administratives, le manque d’écoute et de reconnaissane ainsi que l’absurdité de certaines mesures.
Publié le 04-01-2022 à 19h40
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Peu avant Noël, l’Association belge des syndicats médicaux (Absym) invitait via la campagne en ligne "Sans voix" les médecins à dire tout le bien qu’ils pensent de la gestion politique de la lutte contre le Covid-19.
Près de 5 000 médecins, généralistes et spécialistes, ont protesté virtuellement à l’aide de selfies les montrant masqués ou bien en couchant leurs griefs personnels à l’égard de Frank Vandenbroucke. Une mobilisation sans précédent, selon le Dr Luc Herry, président fédéral de l’Absym.
Leurs protestations ont été transmises mardi au ministre fédéral de la Santé via un écran géant et des haut-parleurs disposés devant le cabinet ministériel.
"L'usure est là depuis quelque temps, constate le président de l'Absym. Voilà des mois que l'on gère avec beaucoup de difficultés les changements incessants de directives. On nous met à toutes les sauces."
Trop peu consultés
Depuis bientôt deux ans, les médecins généralistes sont au front de la crise sanitaire. Pas une fois, ils n’ont été consultés en amont des prises de décisions que ce soit en matière de testing, de tracing ou bien de vaccination, déplore l’Absym.
"Dans la Task force qui se réunit au niveau ministériel, il n'y a pas de généraliste", remarque le Dr Luc Herry. Il y en a seulement dans les commissions en dessous. Nos remarques prennent du temps à remonter".
Le président de l’Absym rappelle que les médecins généralistes ont été lourdement impactés par les tâches administratives liées au Covid.
"Les spécialistes, eux, ont vu leur activité considérablement réduite depuis deux ans. Le report des interventions commence à poser de gros, gros, gros problèmes. Les gens en attente d'une intervention sont en souffrance. Il y a des décès par manque de soins classiques".
L’une des revendications entendues portait sur la nécessité "de revaloriser les statuts et les barèmes pour que les hôpitaux retrouvent toutes les mains nécessaires".
Mesures absurdes
La goutte d’eau qui a conduit à cette mobilisation est la décision du Gouvernement de faire appel aux pharmaciens pour la vaccination contre le Covid.
"On fait appel aux pharmaciens parce que soi-disant les médecins ne s'en sortiront pas mais on refuse de livrer les seringues de vaccin directement chez les généralistes alors que cela permettrait d'améliorer le taux de vaccination en cabinet, explique le Dr David Simon, membre de la commission des généralistes à l'Absym. Ce qui nous révolte surtout c'est l'absurdité de certaines mesures. "
Autre sujet de mécontentement: le refus des autorités concernant l’accès automatique aux tests PCR, ce qui simplifierait considérablement la tâche des médecins traitants.
"On perd énormément de temps à faire des demandes de tests pour les patients qui ne sont pas malades. On nous a refusé cela au prétexte que des personnes non vaccinées voulant se rendre au cinéma ou prendre l'avion pourraient ainsi se faire tester gratuitement. C'est absurde parce qu'elles le font déjà en prétextant avoir des symptômes du Covid."
Les médecins dénoncent par ailleurs le caractère discriminatoire de l'obligation vaccinale des seuls soignants: "Cela ne va rien amener de bien et cela va diminuer le nombre de soignants", avance le Dr Herry.
La profession attend un geste fort de la part du ministre de la Santé sinon d’autres actions seront menées, prévient le Dr David Simon…