Covid de longue durée: un premier bilan à 3 mois
Que sait-on des effets du Covid long sur la santé physique, mentale et sociale? Le rapport Covimpact, un vaste projet de recherche initié par Sciensano, dresse un premier bilan, 3 mois après le début de l’infection.
Publié le 20-12-2021 à 18h10
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Covimpact est un projet de recherche de l’Institut de Santé publique Sciensano. Son objectif est ambitieux: évaluer l’impact du Covid long sur la santé physique, mentale et sociale des personnes, sur une période de deux ans. Ce premier rapport porte sur la période de trois mois qui a suivi l’infection.
Une personne sur deux
Premier constat posé: près d’une personne sur deux (47%) ayant été infectée par le coronavirus développe un Covid long. C’est plus que les ratios annoncés précédemment: une personne sur cinq, puis une sur trois.
Le Covid de longue durée serait-il de plus en plus répandu? "Ces variations résultent plutôt des différentes définitions du Covid long, nuance Pierre Smith, coordinateur du projet Covimpact. Etant donné qu'il s'agit d'une pathologie nouvelle, il n'y a pas encore de consensus au sein de la communauté scientifique autour d'une seule définition. Nous nous sommes basés sur la définition la plus souvent utilisée par les scientifiques: présenter au moins un symptôme lié au Covid trois mois après avoir été infecté."
Au moins trois symptômes
L’étude confirme que les symptômes les plus fréquents sont une grande fatigue (51% des personnes interrogées), des maux de tête (28%) et des troubles de la mémoire et de la concentration (26%). Viennent ensuite les douleurs musculaires (24%), les difficultés respiratoires (23%), les troubles du sommeil (20%). Au total, 50% des personnes présentant un Covid long ont au moins trois symptômes différents, 3 mois après avoir été infectées.
Cinq profils à risque
Les chercheurs de Sciensano ont listé cinq profils à risque: les personnes ayant un niveau d'éducation plus faible, un antécédent de maladie chronique, celles en situation de surpoids ou d'obésité, qui présentent au moins un symptôme en phase aiguë et les femmes (52% pour 41% d'hommes). "On ne sait pas pourquoi elles sont plus exposées au Covid long que les hommes. Il n'y a pas, à ce jour, d'hypothèse médicale prédominante", précise le chercheur de Sciensano.
L'âge n'est pas significativement associé au risque de faire un Covid long tout comme le fait d'avoir été hospitalisé pour une infection au Covid. Et le vaccin, il protège ou pas? "Il n'y a pas de différence: le fait d'avoir reçu une ou deux doses, un booster, n'influence pas la probabilité d'avoir ou pas le Covid long. Mais comme le vaccin diminue le risque d'avoir le Covid, il limite le risque d'avoir le Covid long".
Arrêt de travail: 20 jours en moyenne
La santé mentale des "Covid long" s’en trouve logiquement plus impactée: 12% ont des troubles anxieux (4% parmi les "guéris"), 22% des troubles dépressifs (contre 5%).
Enfin, 80% des personnes ayant un Covid long (pour 63% des "Covid simples") ont été contraintes d'interrompre leur activité professionnelle. La durée moyenne de l'arrêt de travail est 20 jours, 13 jours pour les autres. "L'arrêt de travail peut aller jusqu'à trois mois: tout dépend des symptômes, explique Pierre Smith. La plupart des personnes qui ont perdu l'odorat ou le goût par exemple, peuvent continuer à travailler. Ce ne sera pas le cas pour celles qui ont des difficultés respiratoires ou des troubles de la mémoire et de la concentration. Cela varie en fonction du profil des personnes et des symptômes qu'elles ont".
L’infection dans sa forme chronique peut altérer la situation économique: 27% des personnes souffrant de Covid long rapportent une perte financière modérée, 3% une perte financière sévère. Dans l’autre groupe, le ratio est respectivement de 19% et 2%.